Chapitre 6

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Je n'arrive pas à respirer dans ce couloir d'hôpital. Mes parents ne sont pas encore arrivés. Ils ont dû trouver quelqu'un pour s'occuper de Claire. Je me sens seule et coupable. La seule chose qui me fait tenir est de savoir qu'on s'occupe de lui. La conductrice est assise dans le couloir. Elle pleure. Elle s'en veut. Elle ne devrait pas. J'entends des pas dans mon dos. Mathilde affolée me rejoint et me demande comment va Guillaume. Je lui réponds que je n'en sais rien. La conductrice s'approche et s'excuse auprès de ma sœur. Elle est pâle et murmure presque :

- Je suis désolée. Je suis arrivée, il a surgi de nulle part. Je n'ai as eu le temps de réagir...
- Non mais tu te prends pour qui de venir ici ? Après ce que tu as fait ? J'aurais honte à ta place ! Comment peux-tu essayer de passer pour une sainte quand mon petit frère est entre la vie et la mort ?

Mathilde vient de lui couper la parole en hurlant. Je mets ma main sur sa bouche pour éviter qu'elle se fasse remarquer. Trop tard. Plusieurs infirmiers se sont retournés et s'approche. Je les rassure et guide Mathilde plus loin. Elle se calme et m'ignore avec une froideur devenue presque habituelle.

Nathan et mes parents arrivent enfin. Ma mère pleure dans mes bras et mon père se renseigne auprès de la standardiste. Le médecin qui a pris mon frère en charge à son arrivée nous rejoint à ce moment là.

Il me regarde et me demande :

- Gladysse ?

- Oui, c'est moi, qu'y a t-il ?

- Votre frère aimerait vous voir.

Je le regarde incrédule. Il veut me voir moi ? Sa sœur qui l'a « emmené » ici ? Je ne me sens pas capable d'affronter son visage pâle et ses blessures. J'ai trop peur de ce qu'il pourrait me dire. S'il m'en voulait ? Il aurait raison. Mais je n'y arrive pas. Alors je me retourne, je cours dans le couloir. L'air me manque. Une fois dehors, je respire de nouveau mais toujours de manière saccadée. On sert mon poignet. La même prise que celle de la veille lorsque je suis tombée. Nathan. Je ne cherche pas à le repousser et je m'écroule en larmes dans ses bras. Mes sanglots sont si douloureux. Je n'arrive pas à les réprimer. Il me fait m'asseoir sur le sol, m'allonge, pose ma tête contre son torse, et me chuchote tout en caressant mes cheveux :

- Il n'y a pas de responsable. Pour lui, non plus. Il voulait juste te voir. Parce que tu es sa sœur. Tu sais que ça ne changera jamais. Quoi qu'il advienne tu es et resteras son repère, sa boussole. Maintenant va le voir, il t'attend.

Je hoche la tête toujours posée contre son cœur. Il m'aide à me relever et me guide vers l'intérieur. Lorsque j'entre dans la chambre, je découvre ses petits bras tendus. Il a un bandage au poignet. Il me sourit, ses yeux brillent de cette innocence qui lui est propre. Je crois que je ne comprendrais jamais comment ça existe. Certains mystères sont encore non élucidés. Mais ne devraient-ils pas le rester ?

Le samedi, alors que mon frère passe sa dernière journée d'observation, à l'hôpital, je suis la seule à lui tenir compagnie. Maman et papa ont dû reprendre le travail. Nathan s'occupe de Claire. Je sers la main de mon Guillaume profondément endormi. Je le regarde d'un œil protecteur. Je suis incapable de détourner mon regard, comme si en un millième de seconde, une météorite pouvait s'écrouler sur lui.

Je sursaute ; Mathilde vient d'entrer dans la chambre. Elle me voit et dit :

- Oh ! Je repasserai ce n'est pas grave.

Elle fait volte face et s'apprête à sortir de la pièce. Je la retiens :

- Tu te souviens, hier, quand tu as crié sur la conductrice ? Tu te souviens de ton regard noir, perdu, inquiet ? Tu as dit que ce bout de chou était ton frère.

Mon meilleur ami, mon frère, ma demie soeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant