Renaître à Yuuei

Chacun de son côté

Après la déclaration de Katsuki, Izuku avait un peu l'impression qu'il avait disparu de la circulation. S'il se rendait à sa ferme le matin, son voisin était déjà parti. Dans les mines, il ne le croisait jamais. Il ne le croisait pas non plus en ville, alors que lui-même faisait des efforts de sociabilisation. Il s'en était fallu de peu qu'il oublie l'anniversaire de Kouta le jour où ils s'étaient rendus chez Shouta et, depuis, il avait décidé de garder un coup d'œil sur le calendrier accroché sur la façade de l'épicerie des Iida.

L'envie de voir Katsuki pour s'entraider et de savoir ce qu'il faisait avait beau être forte, il ne pouvait pas se permettre de passer ses journées à le chercher alors que beaucoup de travail l'attendait à la ferme. A cause des produits nécessaires pour les coffres du centre communautaire, il avait dû fabriquer du fertilisant pour essayer d'avoir des panais de parfaite qualité, ce qui n'était sans doute pas aussi facile qu'il n'y paraissait.

Dans les mines, il avançait doucement mais sûrement. Son épée rouillée n'était pas idéale pour progresser rapidement mais il faisait avec, sachant que Katsuki aussi devait lui aussi procéder avec les moyens du bord. S'il fut surpris de trouver un coffre au dixième niveau, il fut reconnaissant pour les bottes en cuir qu'il contenait. Ses chaussures commençaient sérieusement à s'user à cause de ses différentes activités et un changement n'était vraiment pas de refus. Ce dont il fut le plus reconnaissant fut le coffre qu'il trouva au vingtième niveau. Izuku avait pu y trouver une épée toute neuve pour troquer sa vieille arme qui menaçait de tomber en morceaux d'un moment à l'autre. En toute honnêteté, il avait vraiment cru que son épée allait rester coincée à l'intérieur d'un monstre gluant en cours de route.

« A ce point-là ? Tu rigoles là ! » s'exclama Ochako ne pouvant s'empêcher de rire tout en continuant à essuyer des verres.

« C'est la vérité malheureusement. » souffla-t-il. « J'ai dû la lâcher un moment et utiliser ma pioche pour la déloger. Ces monstres sont censés être gluants, pas collants ! »

Bien qu'il n'avait pas assez d'argent pour profiter du saloon autant qu'il le voudrait, il avait compris que beaucoup de villageois s'y rendaient le soir et il avait pris l'habitude d'y faire un tour pour souffler un peu, en profitant pour parler aux tenanciers et aux autres clients. La rapidité avec laquelle il se liait d'amitié avec Ochako le surprenait le premier mais il n'était pas en état de se plaindre. Il avait finalement pu faire la connaissance de Minoru et Denki, qui travaillaient tout deux au supermarché AFO mais ces deux-là ne s'attardaient jamais à parler avec lui. Mais dans le cas de Denki, c'était surtout parce qu'il semblait ne s'intéresser qu'à Eijirou, Kyouka et Fumikage.

A ce niveau-là, Izuku avait rencontré tous les villageois au moins une fois. Les familles de Kyouka et Denki vivaient côte à côte, au sud du village, sur le chemin du ranch. D'après ce qu'il avait pu comprendre, Kyotoku, le père de Kyouka, était actuellement absent à cause d'une tournée qu'effectuait le groupe dont il faisait partie. Il avait appris par la même occasion que Kyouka, Denki, Fumikage et Momo faisaient eux-mêmes partie d'un groupe amateur et qu'ils avaient pris l'habitude de répéter plusieurs fois par semaine.

Momo était parmi les personnes qu'Izuku voyait le moins. Elle avait tout de l'image d'une fille de riche qui avait décidé de s'exiler à la campagne pour côtoyer les petites gens. Il ne savait jamais comment l'aborder et encore moins de quoi discuter avec elle. Pourtant, si elle s'entendait aussi normalement avec les membres du groupe, il n'y avait aucune raison logique pour qu'il ne puisse pas être ami avec elle. C'était sans doute naïf que d'essayer d'être ami avec chacun des villageois, pourtant c'était plus ou moins son but.

Le treize, il s'était rendu au festival de printemps organisé par le village et avait pu acheté les fameux plants de fraises dont Katsuki avait parlé. Il en avait pris autant qu'il avait pu, tout en demandant à Tenya s'il avait pu voir son voisin blond faire un tour pour en acheter lui aussi. La réponse avait été négative, pourtant le lendemain il avait appris que son camarade était passé tard, juste avant la fermeture du festival, pour acheter des plants.