l'enfant de qui

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Un mois entier, un road trip à travers la Côte d'Ivoire, parcourant ses lieux emblématiques et secrets. Masahiro se sentait revigoré, tandis que Mea peinait à accepter le retour au Japon. L'atmosphère vibrante et colorée de l'Afrique de l'Ouest allait laisser place à la sobriété paisible du Japon. Descendant de l'avion, elle suivit Masahiro, remarquant pour la première fois à quel point son teint s'était foncé. Ce n'est qu'au moment où il salua son frère Haru que cette transformation lui parut évidente.

Mea et Haru se précipitèrent l'un vers l'autre, riant.

- Comment as-tu pu me laisser seul à gérer l'entreprise sans ton sourire ? demanda Haru avec espièglerie.

- Et toi, comment as-tu pu me laisser seul avec ce vieux grincheux pendant tout un mois ? répliqua Mea, feignant l'indignation.

- Vous allez arrêter vos enfantillages, dit Masahiro, séparant les deux avec douceur. On est en public.

- A peine arrivés, et voilà qu'il reprend ses vieilles habitudes, railla Mea.

- Au moins, je ne serai plus celui qui passe pour le patron sévère, ajouta Haru en souriant.

Cependant, il n'y eut pas beaucoup de temps pour savourer le retour. Dès la semaine suivante, Mea retrouva le travail. Le retour au Japon était marqué par une étrange juxtaposition : le silence feutré des rues de Tokyo contrastait violemment avec l'agitation joyeuse de la Côte d'Ivoire. Mea se tenait à la fenêtre de leur appartement, observant les passants en contrebas, chacun dans son propre monde. Tout ici semblait plus ordonné, plus rigide. Elle inspira profondément, savourant l'air frais du matin.

- Tu as l'air... méditative, commenta Masahiro, en passant derrière elle pour attraper sa veste.

- Je réfléchis surtout à comment je vais m'habituer de nouveau au calme ici, répondit-elle avec un sourire en coin. Où sont passés les vendeurs de rue, les odeurs de grillades, et surtout... les gens qui crient ton prénom à chaque coin de rue ?

- Tu as l'air de regretter notre voyage, répondit-il, amusé.

- Regretter ? Non, je ne regrette rien. Je me dis juste que je vais avoir besoin d'un peu de temps pour ne plus m'attendre à ce qu'une vieille tante me crie dessus pour ne pas avoir mangé assez à midi.

Masahiro sourit en la regardant. Elle avait ce don de rendre chaque situation légère, même les moments d'ajustement qui pouvaient être difficiles pour n'importe qui.

- Tu t'en sortiras, dit-il doucement. Après tout, tu as déjà survécu à la montagne de dossiers que Haru t'a laissée.

Mea leva les yeux au ciel.

- Ne m'en parle pas ! J'avais envie de le plier en deux quand j'ai vu cette pile. Mais, tu sais quoi ? Je vais lui rendre la pareille... Un jour.

Elle sourit, mais derrière cette plaisanterie se cachait la réalité du travail qui l'attendait. Haru, fidèle à lui-même, n'avait pas ménagé sa collègue. Dès le lendemain de son retour, elle s'était retrouvée ensevelie sous les rapports en retard et les projets laissés en suspens.

En y repensant, Mea se dirigea vers la table où l'attendait une nouvelle pile de documents à traiter. Elle les feuilleta rapidement, son regard s'arrêtant sur quelques notes griffonnées à la hâte par Haru.

« Bonne chance », hein ? marmonna-t-elle, un sourire en coin.

Elle jeta un coup d'œil à Masahiro qui terminait d'ajuster sa cravate.

- Tu sais, je vais probablement prendre ma revanche sur ton frère. Juste pour m'amuser un peu. Peut-être que je vais cacher tous ses stylos avant la réunion de demain... ou remplacer son café par du thé froid.

CACAO ET CERISIER [En ajustement]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant