cacao et fleur de cerisier

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La lune de miel avait été en un mot parfaite, emplie de moments de complicité, d'aventures, et de cette légèreté propre aux débuts d'un mariage. Mais maintenant, le retour à la réalité les frappait de plein fouet. De retour au Japon après leur cérémonie, Mea et Masahiro regagnaient la maison de ce dernier. Une voiture noire les déposa discrètement à la porte, à une heure où tout le quartier semblait endormi.

Mea, le regard perdu dans les paysages nocturnes, restait silencieuse depuis quelques minutes. Masahiro, quant à lui, était plongé dans son téléphone, réglant les derniers détails liés à son travail. L'ambiance douce et apaisée de la lune de miel commençait à s'évaporer.

— On pourrait voir pour une maison plus grande, dit Mea en brisant finalement le silence.

Masahiro ne leva même pas les yeux de son téléphone, absorbé par un mail qu'il tapait.

— Je trouve que ma maison est parfaite pour nous deux, répondit-il simplement.

Le ton de sa réponse fit immédiatement redresser Mea sur son siège. Elle tourna la tête pour le regarder, cherchant à capter son attention.

— C'est ta maison, pas la nôtre, Masahiro ? fit-elle remarquer. Il faudrait peut-être penser à un espace qui nous corresponde à tous les deux.

Il se tourna vers elle, enfin, mais ses sourcils froncés trahissaient son irritation.

— Mea, c'est une maison spacieuse. On n'a pas besoin de plus grand, on vient juste de nous marier. Est-ce que tu te rends compte des dépenses que cela impliquerait ?

— Ce n'est pas une question d'espace ou d'argent, répondit Mea avec une pointe de frustration dans la voix. C'est juste que cette maison te ressemble, mais pas à moi. Il n'y a rien de personnel à moi ici.

Masahiro soupira, agacé.

— Je comprends, mais je ne vois pas pourquoi on devrait tout changer. C'est une maison fonctionnelle, on peut y vivre sans problème.

Mea croisa les bras, se retenant de répliquer plus sèchement. Elle savait que le ton monterait vite s'ils continuaient ainsi, mais quelque chose dans l'indifférence apparente de Masahiro la faisait bouillir de l'intérieur.

— Ok, au moins laisse-moi la décorer à mon goût, proposer des idées, quelques touches personnelles, dit-elle calmement.

Mais Masahiro secoua la tête.

— Non, elle est bien comme ça, répondit-il sans même y réfléchir.

L'air se fit plus lourd dans la voiture. Mea pinça les lèvres, à deux doigts de lui donner une reponse qu'il risquait de ne pas oublier, mais elle se contint. Elle tourna brusquement la tête pour regarder par la fenêtre, mais après quelques secondes, elle ne put s'empêcher de revenir à la charge.

— Masahiro, si tu ne fais pas d'efforts, on ne va pas arriver à grand-chose. Tu ne penses qu'à ce qui te convient à toi, jamais à ce que moi je pourrais vouloir.

Masahiro, toujours les yeux rivés sur son téléphone, leva finalement les yeux vers elle, avec une expression de surprise teintée d'agacement.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Je fais des efforts tout le temps, Mea ! Tu sais ce que ça représente, cette maison ? Mon père me l'a donnée. Elle est un symbole pour moi. Pourquoi voudrais-je tout changer maintenant ?

— Peut-être parce que maintenant, on est deux ? riposta Mea. Peut-être parce que je veux me sentir chez moi aussi ? On vient de se marier, Masahiro. Ce n'est pas juste toi et ta vie de célibataire maintenant. Nous devons faire des choix ensemble.

CACAO ET CERISIER [En ajustement]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant