CHAPITRE 1

501 23 4
                                    


Ma chère fille,
Maman est partie très tôt. Et Maman n'avait pas prévu ça. Mais vois-tu mon enfant, il est de ces choses que nous ne planifions pas et pourtant ils nous arrivent. Tel est notre destin.

Ma petite, je prends la peine de te laisser cette lettre parce qu'il faut que tu comprennes et pour que comme moi, tu ne tombes pas dans le piège de ce sentiment qui, lorsqu'il nous possède, nous rend captifs, nous rend vulnérables puis nous rend fou. Oui fou, car aujourd'hui je suis folle.

En effet, n'est-ce pas une folie pour une mère de se séparer du fruit de ses entrailles. ? Mais que veux-tu. ? Je n'en peux plus, j'ai beau essayé, je n'y arrive pas.

Mais je sais, je ne peux pas partir comme ça, je te dois une explication. Pour que tu saches comment marcher dans cette vie et que tu ne commettes pas l'erreur de ta mère que je suis.

Mon amour, tu m'en voudras peut-être mais en ce moment, la seule force qui me reste ne me sert qu'à t'écrire. Je te jure, je n'y arrive pas. C’est plus fort que moi... trop fort.

Laisse-moi te raconter mon histoire. Une histoire que je t'écris de mes propres mains. J’espère que tu auras une aussi belle écriture que ta mère. Maintenant, ma poupée, lis-moi attentivement.
************************

Tout a commencé quand j'étais encore très jeune. J’étais au lycée, précisément en classe de première. A cette époque-là j'étais une belle fleur encore mineure. J’avais seize ans.

Mes parents, tes grands-parents étaient fiers de moi. Oui, parce que je leur faisais honneur : très obéissante, soumise et travailleuse. Les études étaient ma priorité.

Pour résumer, j'étais là meilleure de ma classe.
Cette qualité me donnait droit à des sollicitations tous azimuts. Toutes mes amies souhaitaient que je les aide à mieux comprendre certains cours et surtout les Sciences, notamment la Physique chimie., les mathématiques et la biologie.

Je ne pouvais aider tout le monde. Il me fallait choisir.

Alors j'ai constitué un groupe de six et nous devrions nous retrouver pour étudier surtout à l'approche des évaluations.
Nous avons convenu de nous retrouver chez l'une d'entre nous, qui avait chez elle toutes les commodités indiquées. Grands tableaux noirs, salle d'étude spacieuse, des chaises et des tables.

En effet, nous allons étudier chez Orpa. Orpa est issue d'une des familles les plus nanties de notre ville. Elle avait tout ce dont elle avait besoin et nous qui étions de famille modeste, l'enviaient souvent.

Orpa est très gentille et polie. Après nos séances d'études, elle nous gratifiait d'un bon goûter et nous aimions bien cette gâterie.
Au fur et à mesure que nous étudions ensemble, je finis par me lier d'amitié à Orpa et rapidement nous sommes devenues inséparables.

A la fin de nos séances, après que les autres soient parties, je restais un peu plus et nous jacassons gaiement. Mes origines modestes n'étaient pas un frein pour notre amitié. Orpa m'aimait beaucoup et je le lui rendais bien aussi. Nous étions des filles gaies et insouciantes. Orpa avait dix-sept ans.
Lorsque nous devrions étudier chez Orpa, nous ne rencontrons pas grand monde à notre arrivée. Le gardien nous ouvrait et appelait une servante qui nous dirigeait vers la salle d'étude, puis Orpa nous rejoignait.

Orpa avait fini par disposer d’enseignants qui lui répétaient ses cours mais elle tenait à continuer nos séances qui se déroulaient deux fois par semaine. J'étais la star de mes amies qui louaient mon intelligence. Je suis très intelligente ma chérie et j'ose espérer que tu as pris ça de moi.

Mais à quoi bon être intelligente quand on ne peut pas résister au sentiment dévastateur. ?
Comme je te l'indiquais, nous n'avions pas l'occasion de voir grand monde chez Orpa. Pourtant, elle vivait avec ses parents et avec deux frères m'avait-elle raconté. L'un, l'aîné devrait passer le baccalauréat et l'autre devrait passer son brevet. Je ne les connaissais pas car ils n'étaient pas dans le même lycée que nous. Nous étions dans un lycée de jeunes filles.

La vie suivait son cours. En décembre, nous devrions passer deux semaines au repos pour les fêtes de fin d'année. Aussi, avions nous suspendu les séances d'études. Orpa, sentant le besoin de me voir pour nos bavardages habituels décida alors de connaître chez moi. Elle me rendit donc visite.

Orpa n'avait pas la permission de sortir seule. Elle devrait se faire accompagner.

La première fois, elle est venue avec le chauffeur et elle n'avait droit qu'à une durée de trente minutes. Les parents d'Orpa étaient assez stricts m'avait -elle dit. Elle avait inventé une histoire selon laquelle elle devrait récupérer son livre de mathématiques.

Quant à moi, j'avais la permission de sortir, mes parents me faisaient confiance. Je lui recommandai donc de rester chez elle, je passerai la voir par moment. C'est ce que je fis deux fois avant la fin de nos congés. Puis nos cours reprirent ainsi que les séances d'étude chez Orpa.

Au cours du premier mois de l'année, ma santé a décliné et j'ai passé huit jours au repos. Orpa a éprouvé le besoin de me voir. Elle s'est donc rendue chez moi. Mais pour que ses parents l'autorisent à sortir, elle devrait se faire accompagner.

C'est ainsi que Orpa se rendit chez moi un mercredi après - midi.
.

Après s'être enquis de mon état de santé., Orpa me présenta à son frère aîné qui était son accompagnateur.

- Irma, voici mon frère Mario. Il est mon geôlier de ce jour.

- Mais voyons, Orpa tu exagères s'exclama Mario.

Et s'adressant à moi, il me dit :

- si malade tu es si belle, guérie tu dois être sublime.

- Merci Mario répondis - je en souriant.

Je n'étais pas étonnée par la remarque de Mario.
.

Mon intelligence n'était pas mon seul atout. Je suis aussi belle. Oui ma fille ta mère est belle et heureusement tu lui ressembles beaucoup. Recevoir des compliments était donc quotidien et cela n'avait rien de surprenant.

- Fais pas attention Irma, mon frère trouve toujours les femmes belles, renchérit Orpa.

Puis nous pouffâmes tous de rire.

Orpa et Mario restèrent une heure puis s'en allèrent.
J'étais heureuse d'avoir pu enfin connaître un des frères de mon amie mais sans plus. Je n'ai pas eu de sentiment particulier ni d'émotion. J’étais jeune et les études étaient ma priorité. Mieux j'étais mineure et ma mère me racontait des histoires terrifiantes à propos du sexe masculin.

De ce fait, tous les baratins que me disaient les hommes n'avaient aucun effet sur moi. Mais j'ignorais que j'avais intéressé Mario. Orpa lui ayant dit que j'étais parmi le groupe avec lequel elle étudiait, il entreprit de m'aborder à la fin d'une de nos séances d 'études.
.

- Bonjour Irma me dit - il. Est-ce que tu as une moto. ?

- Non, je rentre à pied, répondis-je

-Si loin ? Attends donc je te dépose, m’a-t-il proposé.

Je réfléchis un moment, puis je me dis pourquoi pas.

C'est ainsi qu'après les séances qui suivirent, Mario me déposa chez moi. Nos échanges étaient tout de même limitées et s'arrêtaient aux banalités. Ceci dura environ deux mois jusqu'au jour où Mario m'invita à la fête d'anniversaire que ses parents lui avaient organisé pour ses vingt années.

Comme mes parents n'étant pas rigides avec moi, j’acceptais. Je n'avais d'ailleurs pas souvent des occasions pour m'amuser. Cela tombait bien.

MA FILLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant