Chapitre 3

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21h00...
Un brouillard épais s'était installé sur la ville d'Eddytown et les rues étaient à présent désertes. Quelques fois, de violents coups de vents faisaient claquer les volets et chuter des pots de fleur. Elizabeth était assise dans son lit, au chaud sous son drap, dans sa chemise de nuit en soie. Elle lisait un livre sur les mythes et les légendes des créatures de la mer. Sans savoir pourquoi, le monde marin la passionait. Parfois, elle passait des journées entières au port avec les pêcheurs ou les officiers de la Marine royale. De plus, son titre de marquise, le nom de ses grands prédécesseurs adoptifs et sa proximité avec la famille royale lui donnait l'autorisation de faire tout ce qui lui plaisait au bord d'un bateau, ou un bâtiment en terme nautique.
Mais alors qu'elle poursuivait sa lecture, un bruit assourdissant se fit entendre au dehors. Elle n'y prêta pas attention, mais le bruit se fit entendre de nouveau, cette fois-ci beaucoup plus proche. Puis plusieurs autres retentissements semblables résonnèrent dans la baie. Après environ une dizaine de coups, elle se leva à la hâte et ouvrit sa fenêtre puis ses volets. Une vision d'horreur s'offrit à elle. Un gigantesque et sombre navire couleur charbon , aux voiles noires et délabrées, attaquait la ville. Partout les gens criaient et couraient, pris de panique. Sa mère ainsi qu'une servante arrivèrent en courant dans sa chambre et entrèrent sans même frapper à la porte. Madame Angèle s'exclama à l'intention de sa fille:
《Vite, prends cette valise -elle lui en tendit une assez petite qu'elle venait de saisir- et remplit la rapidement de l'essentiel. Mon père et moi avons fais la même chose, nous devons fuir !
-Que se passe-t-il Angèle ?
-La ville est attaquée...par des pirates !》
Elizabeth resta stupéfaite mais se hâta. Elle prit deux robes, quelques sous-vêtements, un pantalon, une chemise, des feuilles, une plume, de l'encre dans un petit bocal, un livre ainsi que ses cahiers sur son passé qu'elle fourra dans le bagage. Puis elle enfila rapidement son collier en forme de cœur. Ensuite, les trois femmes ressortirent en courant de la pièce, avec chacune leur malette sous le bras. Elles rejoignirent le duc, et la petite famille, accompagnée de cette unique domestique, sortit de chez elle sans prendre le temps de se retourner. Elizabeth pleurait de peur et de chagrin, elle en avait mal au ventre. Elle se mordait la lèvre jusqu'au sang. Toutes les maisons autour d'elle brûlaient et étaient pillées par des pirates sanguinaires. Une véritable ballet de coups de feu se faisait entendre. Alors que la troupe avait jusque-là réussit à passer entre les balles, un malheur arriva. Le duc, Hector, fut visé. Il tomba raide mort, touché en plein cœur. L'adolescente pleura de plus belle, ainsi que sa mère. Dans le même temps, leur servante en profita pour courir encore plus vite, abandonnant les deux femmes.
Soudain, Elizabeth sentit que deux bras la tirèrent en arrière. Elle ne lâcha pas sa valisette et elle se retourna. Elle aperçut deux pirates. Il en fut de même pour sa mère adoptive.
《Lâchez moi, cria-t-elle en écrasant leurs pieds sous ses talons, espèce de monstres !》
Mais les deux hommes rirent diaboliquement. Alors que les deux bourgeoises étaient de plus en plus séparées par leurs bourreaux, l'adolescente cria :
《MAMAN ! MAMAN !》
La duchesse Angèle ne le savait pas, mais ce fût le première et dernière fois qu'elle entendu sa fille adoptive l'appeller ainsi.

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