Chapitre 16

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Quelques heures plus tard...
L'équipage avait embarqué dans des chaloupes, au côté de leur capitaine. Celle de Jack précédait les autres, qui se suivaient en file indienne. Ils se trouvaient à présent dans une forêt tropicale et humide. La flore était verdoyante mais une brume assez épaisse brouillait la vue. Ils se trouvaient dans un bayou.
Will Turner était avec Elizabeth, le duc ainsi que Gibbs dans la barque. Il demanda au second :
《Pourquoi Jack a-t-il peur du grand large ?
-Bah...si vous croyez à ces choses là, il y a une bête qui est au service de Davy Jones. Une épouvantable créature avec des tentacules géantes qui vous ASPIRENT le visage et entraînent tout un navire dans les profondeurs abyssales.》
Il avait terminé son récit en serrant le poing.
《Le KRAKEN !》
Pintel et Ragetti se regardèrent, effrayés. Gibbs poursuivit :
《On dit que son souffle exalte puanteur. Imaginez que votre tout dernier souvenir terrestre soit le rugissement du Kraken ! Et la pestilentielle odeur de mille cadavres en putréfaction. Enfin si vous croyez à ces choses là !
-Et Jack redoute la bête ? demanda Wil.
-Oh oui ! Au point même de vouloir lui rendre visite...à ELLE !
-Elle ? s'exprima Elizabeth en levant un sourcil agacé de tous ces secrets de Polichinelle.
-Ouais...》
Depuis une demi-heure que l'équipage ramait, ils aperçurent une cabane en bois sur pilotis, éclairée par des lanternes. Le capitaine s'exprima :
《Ne vous inquiétez pas. Tia et moi sommes de vieux amis, comme cu et chemise. Nous sommes inséparables. Étions. Avons été. Autrefois.》termina-t-il d'un air nonchalant et une mimique.
Gibbs dit :
《Je couvre vos arrières.
-Couvre mes avants plutôt.
-Surveille la chaloupe》ordonna le second à Wil, qui lui l'ordonna à Elizabeth, qui elle-même l'ordonna au duc, qui lui l'ordonna à Ragetti, qui l'ordonna à Pintel, qui lui-même l'ordonna à un autre pirate, qui finalement l'ordonna au forban accompagné d'un perroquet, assit seul dans l'embarcation.
Une fois monté sur le paillasson, le capitaine, avec une de ses grimaces légendaire, observa l'intérieur derrière un carreau en verre crasseux sur la porte. Quand il poussa la porte, une femme aux dents gâtées et coiffée de dreadlocks, assise sur un fauteuil, l'accueillit avec un immense sourire :
《Jack Sparrow...
-Tia Dalma !
-J'ai toujours su qu'un jour le vent te ramènerait vers moi...》
Elle observa alors Will et lui dit :
《Toi ! Toute ta vie sera guidé par un destin tellement plus fort que toi ! William Turner !
-Est-ce que vous me connaissez ?
-C'est toi qui veux me connaître, dit-elle lentement.
-Personne ne se connaîtra ! coupa Jack d'un air jaloux, ce qui fit croiser les bras à Elizabeth. On a besoin d'aide et tu vas nous la fournir. C'est moi qui croyais te connaitre.
-Pas aussi bien que je l'avais espéré, conclut la femme. Bien ! Alors...en quoi puis je te rendre service, demanda-t-elle à Will en lui caressant le visage. Tu sais qu'il faut me payer, s'exclama-t-elle en direction de Jack.
-J'y ai pensé ma belle》répondit le forban en levant les doigts en l'air.
Puis il attrapa une cage où se trouvait le petit chimpanzé et la tendit devant lui, son pistolet dans son autre main.
《Regarde ! il tira. Un singe immortel ! Ça te va ?》
Tia Dalma saisit la cage et libéra le singe. Gibbs râla :
《Si vous saviez combien de temps on a mis à le capturer.
-Ton paiement est honnête.
-Nous devons trouvé ceci et découvrir ce qu'elle ouvre !》dit Will en dépliant le schéma d'une clé.
Elizabeth resta bouche-bée et, en tapant doucement Jack et en chuchotant, elle se plaignit :
《C'est quoi ça ? Tu ne me l'a jamais montré ! J'crois que j'vais avoir besoin d'explications !》
Jack la regarda du coin de l'oeil et s'aperçut qu'elle était en colère. Il détourna alors son regard sur Tia.
《Le compas que tu m'as dérobé, il ne peut pas t'y conduire ? demanda-t-elle au capitaine.
-Peut-être bien...Pourquoi ?
-Aaaah...Jack Sparrow n'a pas l'air de savoir ce qu'il souhaite...ou bien...le sais-tu mais sans pour autant oser le revendiquer pour toi... Ta clef ouvre un coffre. Tu convoite en réalité ce qu'il contient. Pas vrai ?》
Gibbs intervint :
《Qu'est-ce qu'il contient ?
-De l'or ? Des joyaux ? Des titres et des papiers d'une valeur inestimables ? demanda Pintel.
-Rien de...mauvaise augure j'espère...》chuchota Ragetti.
La sorcière reprit, d'un air mystérieux:
《Vous connaissez sûrement Davy Jones ? Un grand aventurier, un grand marin ! Et un jour, il tomba dans le filet de ce qui fâche tous les hommes, raconta-t-elle avec une voix mielleuse.
-Et qu'est-ce qui fâche tous les hommes ? demanda innocemment Will.
-Devine chéri, continua-t-elle en lui caressant la main.
-L'océan ? suggéra Gibbs.
-Le calcul mentale ? dit Pintel.
-La dichotomie du bien et du mal ? demanda Ragetti à la surprise générale.
-Une femme ! s'exclama Jack, quelque peu méprisant, au grand dam d'Elizabeth.
-Une femme fatale ! Il tomba amoureux...continua la sorcière.
-Non non ! On dit que c'est de l'océan dont il est tombé amoureux ! corrigea Gibbs.
-Même histoire, différentes versions ! Et elles sont toutes justes ! reprit Tia. C'était bien une femme comme moi : aussi changeante et dure et aussi indomptable que l'océan. Jamais son amour pour elle ne s'éteignit. Il lui était devenu impossible de vivre tellement il souffrait mais il ne souffrait pas assez pour mourir.
-Dites moi...exactement ce qu'il a mit dans son coffre, coupa Will qui redoutait la réponse.
-Il y a mit son cœur, dit-elle avec un sourire mystérieux.
-Littéralement ou métaphoriquement ? demanda Ragetti.
-Il a pas vraiment pût mettre son cœur dans un coffre, le reprit Pintel. Ou bien...
-Ça ne valait plus la peine d'éprouver les petites joies passagères de la vie, dit-elle indifféremment. Alors...après s'être arraché le cœur de la poitrine, il l'enferma dans un coffre avant de le cacher aux yeux du monde entier. La clé...il l'a constamment avec lui quoiqu'il arrive.
-Tu le savais !》dit Will à Sparrow en se relevant pour lui faire face, un air suspicieux sur son visage.
《J'te jure que non, j'ignorais où était la clé. Maintenant on le sait ! Tout ce qui reste à faire c'est grimper au bord du Hollandais Volant, récupèrer la clé et tu retrouves ton père comme je te l'avais promis, sans encombre.》
Et alors qu'il se dirigeait vers la sortie, Tia Dalma l'arrêta :
《Fais moi voir ta main !》
Il se retourna avec une mimique et lui tendit sa paume. Elle déroula le bandage qu'il avait mit. Elizabeth rumina, elle les trouvait un peu trop proches. Dès que la sorcière eut terminé d'ôter le pansement, tous regardèrent avec stupéfaction la cicatrice. Gibbs s'exclama d'un air effrayé :
《La marque noire !》
Il tourna sur lui-même et répéta ces paroles. Pintel et Ragetti firent de même, sous les yeux désespérés et incompréhensifs d'Elizabeth.
《Mais rassurez vous, ça ne m'a pas rendu sourd !》dit Jack avec nonchalance.
《J'ai ce qu'il te faut》lui répondit Tia tandis qu'elle se disparaissait derrière un rideau, au fond de sa boutique.
Pendant ce temps, Jack vola une bague, ce qui n'échappa pas à Elizabeth. Mais ce qui l'interpella le plus, c'est qu'à côté se trouvait un collier totalement similaire au sien. Alors elle bouscula violemment Jack et saisit le collier. Le forban bascula en arrière et Will le retint. Tandis que Tia revenait avec un pot de terre, la jeune fille s'exclama, en tendant le bijou de la jeune femme, accolé au sien :
《Comment avez-vous obtenu cela ? Seulement mes parents et moi possédons ces bijoux.》
La sorcière la dévisagea et l'ignora, puis elle dit à l'intention de Jack :
《Davy Jones ne peut rentrer au port et fouler la terre ferme qu'une fois seulement tous les dix ans. C'est à terre que tu seras en sécurité Jack, alors emporte cette Terre avec toi.》
Il saisit le pot avec hésitation :
《De la terre ? Un bocal plein de terre ?
-Oui !
-Est-ce que ce...bocal de terre peut me servir ?
-Si tu n'en veux pas Jack, tu peux me le rendre.
-Non ! poursuivit-il en resserrant le récipient contre lui.
-Alors il te servira.
-Il me semble que nous devons trouver le Hollandais Volant n'est-ce pas ?
-Oui, allez maintenant, et retrouver ce que vous n'avez jamais perdu !》conclut-elle.
Sur ces paroles dépourvus de sens, la compagnie se redirigea dehors. Et alors qu'Elizabeth allait sortir, Tia l'interpella :
《Tu as toujours mon pendentif jeune fille. Rends le moi immédiatement.》
La coupable serra les poings. Elle était une bien piètre voleuse. Elle observa de nouveau son collier puis celui de la sorcière.
《Pourquoi ? Pourquoi nos pendentifs sont-ils similaires ?
-Je le tiens de mon époux, de l'homme que j'ai toujours aimé et que j'aimerais toujours. Ma fille à également le même. Mais je ne l'ai pas vu depuis plus de 13 ans.
-Mes parents m'ont laissé dans un orphelinat il y a 13 ans, avec pour unique souvenir, cet apparat si délicat.》
À la fin de sa phrase, les deux femmes se scrutèrent de haut en bas. Toutes deux furent traversées par la même idée insensée :
《Pensez-vous que...commença Elizabeth sans oser terminer sa phrase.
-J'en suis même sûr ! Je sais tout, et mes dons de voyantes me permettent de savoir où se trouvent les autres colliers en temps réel. Je savais que tu viendrais, mais je n'ai rien dit devant les autres.
-Vous, vous êtes ma mère ? Laissez moi rire. C'est impossible, IM-PO-SSI-BLE ! dit-elle en hachant chaque syllabes, énervée. Qu'est-ce qui me prouve que vous n'êtes pas en plein délire ? Vous vivez seule et recluse, dans un bayou qui pue la mort, et vous venez de donner un bocal de terre à monsieur Sparrow pour qu'il soit en sécurité. UN BOCAL DE TERRE ! NON MAIS VOUS ÊTES SÉRIEUSE ?
-Cesse de crier et de m'injurier, je t'en serais reconnaissante. Maintenant, si tu ne veux pas de moi alors je le comprendrais très bien. Mais si tu compte retrouver ton père, alors méfie toi. C'est un homme dangereux et sans cœur.
-Et vous l'avez aimé ?
-C'est moi qui l'ai rendu comme cela, je m'en veux mais c'est ainsi. Et, une dernière chose avant que tu ne partes. Je suis l'Océan, écoute-le si tu es perdue, je serais te guider.
-Merci madame. Je vous prie de m'excuser mais pour moi vous ne serez jamais quelqu'un de ma famille. Je veux dire, sans vouloir vous offenser, que c'est compliqué.
-Si tu ne m'acceptes pas moi, tu n'acceptera jamais ton père...
-Pourq...
-Y'a un souci ? coupa Jack, qui venait de remonter dans la cabanon.
-Non, allez maintenant et bonne chance》conclut la magicienne en soupirant.
Alors Elizabeth rejoignit la chaloupe avec le capitaine, ses pensées toutes tournées vers son passé.

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