La Vie Que Je Veux Mener

Chapitre 18

L'ensemble des matelots fût violemment projeté au sol, y compris Elizabeth, qui entraîna Jack dans sa chute. Tous s'observèrent sans rien dire, leurs cœurs battant la chamade. Celui de la jeune fille battait si fort qu'elle l'entendait. Gibbs courra vers Jack et lui demanda :
《Jack, je crois que c'était lui...
-Je le crois aussi mon ami, dit Jack en se relevant et en aidant Elizabeth. ALLER ! TOUT LE MONDE À SON POSTE ! CHARGEZ LES CANONS ET PRÉPAREZ VOS ARMES !》s'égosilla-t-il tandis qu'il se rendait à la barre.
Puis une deuxième secousse se fit sentir. A cet instant, les matelots qui étaient redescendus vers les canons au pont inférieur, aperçurent d'énormes tentacules visqueuses et dégoulinantes d'eau, monter doucement sur la coque du bateau. Ragetti tapota doucement Pintel et pointa du doigt la monstruosité. Les deux compagnons se regardèrent, effrayés. Will était derrière eux sur les escaliers, et donnaient les ordres:
《Restez à vos postes, attendez mon signal.》
Jack était toujours à la barre. Les tentacules continuaient à monter et à enrouler le navire et faisaient grincer et bouger le bateau. Tout le batiment semblait craquer sous la douleur. Elizabeth armée d'une lance, comme l'ensemble des matelots sur le pont, peu rassurée, commença à s'impatienter :
《Will...
-Attendez...attendez...
-Will...cria-t-elle un peu plus fort.
-Pas encore...pas encore...chuchota-t-il.
-Je pense qu'on a suffisamment attendu, dit Pintel.
-WILL ! cria-t-elle affolée, en se penchant au-dessus des escaliers qui menaient au pont inférieur.
-FEEEEEEEEUUUUUUU !》
À ce moment là les canons explosèrent. Les boulets furent projetés sur les pattes gluantes de la bête. Le bruit était horrible et ces tirs ressemblaient à des cris de détresse. Des morceaux de tentacules volèrent en éclats un peu partout, certaines s'abbatirent sur le bateau, le faisant tanguer dangereusement et détruisant les chaloupes. Elizabeth chuta. Les canons ne cessaient d'envoyer des missiles sur la bête, que l'on entendit hurler, un rugissement semblable à cent lions réunis. Ces pattes se faisaient déchiqueter. Will remonta et, avec tous les marins munis de leurs lances, il se pencha par-dessus bord pour observer la bête qui s'en allait. Tous crièrent victoire. Alors qu'Elizabeth affichait un sourire satisfait, Will dit :
《Il va revenir. Il faut abandonner le navire.
-On a plus de chaloupes.》désespera-t-elle.
Les deux amis observèrent les dégâts, consternés. Jack, toujours au gouvernail, s'écria :
《Soulevez le caillebotis. Mettez toute la poudre à canon dans le filet et dans la soute.》
Il se rendit alors au pont inférieur en courant, accompagné par le jeune homme. Dans les escaliers ils croisèrent Gibbs qui leurs dits :
《On a qu'une demi-douzaine de barils !
-Vous n'avez qu'à ajouter le rhum !》s'exclama Will sous les yeux ébahis de Jack et de son second.
Alors qu'ils partaient, les pirates présents fixèrent Gibbs :
《Ajoutez le rhum, c'est un ordre》. L'équipage s'exécuta et commença à installer les tonneaux et les barils dans le filet, comme l'avait ordonné leur capitaine.
Soudain, une autre secousse survint. Elizabeth, sur le pont, fut déséquilibrée mais se retint à un cordage. Les matelots crièrent et certains tombèrent de nouveau.
A cet instant, les huit gigantesques tentacules surgirent de l'eau à une vitesse folle et s'infiltrèrent dans le bateau, par les trous où se trouvaient les canons. Tous crièrent et courrirent dans tous les sens, paniqués. Là, Jack et Will qui étaient accrochés au filet, s'écrièrent :
《REMONTER LE FILET !》
Gibbs répéta aux hommes :
《Hissez le filet ! FAITES COMME SI VOUS ÉTIEZ PAYÉS POUR ÇA !》
Les marins usaient de toute leur force pour remonter cette charge lourde. Tout le bâtiment continuait à craquer et ployer sous le poids des tentacules du monstre. L'une d'elles tenta d'accrocher le filet mais n'y parvint pas. Tandis qu'ils remontaient, Jack, la mine déconfite, assistait à la destruction de son cher navire. Will tenta de lui sourire, compatissant.
Une tentacule saisit un homme, qu'elle entraîna dans l'eau, en faisant craquer ses membres et en lui brisant le corps, sous les yeux dégoûtés de Pintel et Ragetti. En haut, c'était l'apocalypse. Gibbs essayait de retenir un ami, attrapé par la bête. Malgré ses efforts, leurs mains se lâchèrent. Elizabeth courait partout, un fusil à la main, en évitant les pattes poisseuses, et serrait fort son collier. Désespérée, elle s'écria en direction de l'eau :
《TIA ! SI TU ES VRAIMENT L'OCÉAN ALORS AIDE NOUS !》
Mais elle n'obtint aucune réponse. Elle observa alors le filet avec Jack et Will dessus.
《Jaaack !
-Plus haut !》s'écriaient les deux hommes. Mais une tentacule enroula et détruisit l'engin qui permettait de remonter la charge. Le filet redescendit violemment et le capitaine et son ami laissèrent échapper un cri de surprise. Les membres de l'équipage continuait à se faire attraper et entraîner dans la mer. Pintel et Ragetti restaient ensemble, munis de haches. Le duc était avec eux mais fut lui aussi entraîner.
《ELIZABETH ! s'écria-t-il.
-ÉRIC ! JE VAIS VOUS AIDER !》
Mais c'était déjà trop tard. Son ami fut noyer et emporter au fond de l'océan. Elizabeth ne put retenir ses larmes. Elle regarda de nouveau ses deux compagnons sur le filet, et fût prisent d'une colère et d'une rage incontrôlable.
《TU TE CROIS TOUT PUISSANT HEIN ??? s'écria-t-elle à l'intention du Kraken. C'EST TOUT CE QUE TU SAIS FAIRE ? LAISSE MES AMIS TRANQUILLE !》
Elle s'égosilla tellement qu'elle toussa. Sa respiration était saccadé et son cœur résonnait dans sa poitrine. Will nargua à son tour la bestiole :
《ALLER ! AMÈNE TOI ! VIENS NOUS CHERCHER ! ON EST LÀ, ON T'ATTEND ! RAMÈNE TOI !》
Mais soudain, une tentacule saisit le filet et le fit balancer dangereusement de tous les côtés. Will réussit à sauter et à rejoindre Elizabeth, qui lâcha un hurlement de peur. Jack était resté sur le filet, la cheville coincée dans le cordage. Il dégaina alors un couteau de sa poche et commença à couper, tout en maugréant des insultes. Autour, les pirates continuaient à courir. Elizabeth décida alors de s'apprêter à tirer. Elle se positionna, Will à ses côtés.
《TIRE ! ELIZABETH TIRE !》cria Jack. Malheureusement, elle ne le vit pas, mais venant de derrière, une tentacule saisit sa cheville et l'entraîna en arrière. Elle chuta violemment, ventre au sol, et cria à son tour. Avec ses mains, elle essaya de s'accrocher au plancher mais elle était trop faible. Will n'avait pas eu le temps de réagir qu'il subit la même chose. Alors que les deux amis étaient entraînés côte à côte et que tout espoir semblait perdu, deux haches s'abatirent sur les pattes engluées. C'était Pintel et Ragetti. Elizabeth cria de nouveau et le jeune homme ainsi que les deux forbans l'aidèrent à se relever. Elle ressortit de la cabine détruite et se rua sur le pont. Elle ne pensait plus qu'à récupérer cette foutue arme à feu et à sauver Jack. Le fusil était par terre mais un homme le saisit. Cette même personne fût entraîner par une tentacule et lâcha l'arme sur le pont supérieur, vers la barre. Elle courut reprendre l'arme. Arrivée en haut des escaliers, et rejointe par Will, elle s'apprêta à tirer. Elle plaça correctement ses pieds et ses jambes, ainsi que ses bras et le fusil. Elle attendit le moment propice, sous tension, et quand Jack se détacha enfin du filet et fût retomber au sol, elle tira dans une ultime détonation. Dans un vacarme assourdissant, les barils explosèrent, un feu géant apparut. Le Kraken gesticula ses tentacules et rugissa de colère et de douleur. Les matelots crièrent de nouveau victoire. Will enserra Elizabeth et les deux amis se mirent à pleurer de joie. Puis ils se relâchèrent et Elizabeth accourut vers le capitaine. Une fois à sa hauteur, il lui chuchota :
《Je ne savais pas que tu savais aussi bien tirer...
-Oh Jack !》murmura-t-elle en le serrant dans ses bras et en l'embrassant passionnément.
Les deux jeunes gens restèrent un assez long moment ainsi, Elizabeth sanglotant de joie mais aussi de tristesse. Jack était toujours en vie, ainsi que Will et Gibbs, mais Éric, le duc, un ami de longue date, les avait quitté.
《Que faisons-nous maintenant ? demanda Will à Jack.
-La brume s'installe. Le bateau de Davy Jones ne va pas tarder, il va venir récupérer les marins restants, moi y compris. On ne peut pas partir, il ne reste qu'une chaloupe.
-Mais Jack ! Tu ne peux pas te livrer à lui comme cela ! Qui sais ce qui t'attend ! Prends l'embarcation seul et rejoint la terre ferme.
-D'une façon ou d'une autre, il faut que je récupère sa clef. C'est le moment opportun pour mettre à bien mon plan. Et Will et toi allez m'aider...》
Environ une heure plus tard, il pleuvait à verse. La pluie était glacée et les matelots restants grelottaient. Elizabeth était dans les bras de Jack, qui essayait de la réchauffer. Will, Gibbs, Pintel et Ragetti jouaient aux cartes un peu plus loin. Dieu seul sait où ils avaient trouver cela. Elizabeth se confia au capitaine :
《Et si il te faisait du mal ?
-On ne m'impressionne pas aussi facilement...
-Mais je ne veux pas te perdre.
-Tu ne me perdras pas.
-J'ai peur Jack.
-Moi aussi, un peu...
-Prends la chaloupe et va-t'en !
-Non, hors de question. Un bon capitaine reste sur son navire jusqu'à la fin.
-Tu le sens couler petit à petit toi aussi ?
-Oui, je le sens s'enfoncer dans l'eau. Il va sombrer et je ne peux rien faire. Il m'aura été utile de longues années. Je ne regrette rien.
-Même la mutinerie de Barbossa il y a des années ?
-Comment sais-tu cela ? demanda-t-il étonné.
-Will m'a tout expliqué, rigola-t-elle.
-Il n'était même pas là ! C'était à moi de te raconter !
-Je ne pense pas que tu l'aurais fais, t'es trop fier pour ça !
-Mmm...c'est vrai.》sourit le pirate.
Et pendant qu'ils discutaient, une brume épaisse s'était installée. Puis au loin, surgit la silhouette d'un énorme bateau délabré, aux couleur foncé et à l'allure fantomatique. Les matelots présents se réunirent. Il restait Jack, Elizabeth, Will, Gibbs, Pintel, Ragetti et cinq marins dont un à l'agonie que deux autres devaient porter. Ils se mirent derrière ce qu'il restait de la rambarde, et sans comprendre ce qu'il se passait, ils furent assommés en même temps et s'écroulèrent au sol.