La Vie Que Je Veux Mener

Chapitre 12

Elizabeth prenait de grandes respirations, à bout de force. Son coeur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser. Elle était allongée sur le plancher trempé, elle venait sûrement d'avoir la plus grande peur de sa vie.
Les dreadlocks de Jack étaient imbibées d'eau et son épais trait de crayon noir sous les yeux s'effaçait. Sa chemise était trempée, elle lui collait à la peau. Les rebords de son tricorne étaient aspergés et ses bottes étaient remplies du liquide salée.
Le visage d'Elizabeth était couvert par ses longs cheveux bruns mouillés. Sa chemise aussi était inondée, moulant son corps parfait, digne d'une déesse. Ses chaussures de cuir étaient aussi abîmées que celle du capitaine.
Tous deux étaient dans un état lamentable. Tout l'équipage autour d'eux s'affairait encore pour maintenir le bâtiment sur les flots et c'était maintenant Gibbs à la barre. La tempête ne se calmait pas. Jack était couché à côté d'elle, leurs mains toujours liées. Elle n'arrivait pas à se calmer, à arrêter de pleurer de stresse et elle gloussait nerveusement.
Jack se releva et s'assit, son visage inquiet :
《T'es-tu fais mal ?
-On se tutoie maintenant ?》tenta-t-elle de rigoler, reprenant l'expression de joie que le capitaine avait eu quand elle l'avait appelé par son prénom, quelques heures auparavant.
Mais aussitôt elle se remit à pleurer, cachant son visage avec ses petites mains frêles et pâles. Elle n'arrivait plus à se contrôler. La frayeur était toujours là, tenace ! Personne ne semblait les remarquer et pourtant elle pouvait entendre les moussaillons crier. Alors, dans un élan qui la surprit elle-même, elle se réfugia contre Jack. Elle était contre lui, recroquevillée comme une enfant égarée. Le capitaine fut aussi étonné qu'elle et la serra dans ses bras, chuchotant quelques mots en essayant de la calmer. Mais elle ne cessait de larmoyer et alors il eut une idée. Il lui détacha son collier et ouvrit le pendentif. La douce mélodie apaisa Elizabeth.
À présent elle fermait ses yeux, ses dernières larmes perlant sur ses joues. Elle pouvait enfin ressentir un peu de réconfort. Elle se sentait en sécurité contre lui. Elle n'entendait plus rien : ni le vent, ni la pluie, ni les vagues, ni les matelots. Il n'y avait qu'elle et lui, blottis l'un contre l'autre.
Elle pouvait sentir la chaleur qu'il dégageait, entendre son coeur battre à une vitesse folle, écouter sa respiration saccadée. Lui aussi avait eu peur...pour elle. Lorsqu'elle réalisa cela, un sentiment étrange, comme de la satisfaction, l'envahit.
Jack quant à lui, était heureux d'enfin pouvoir la serrer dans ses bras. Il sentait son petit corps mince grelotter et entendait ses dents claquer. Il caressa sa tête avec de longs et lents mouvements répétitifs. Il l'avait eu si peur de la perdre et maintenant elle était contre lui.
Mais un violent coup de tonnerre et un ordre de Gibbs les sortirent de leur bulle.
《C'est pas que j'veux vous déranger m'sieur-dame, mais on a un peu de mal à maintenir le cape》cria-t-il.
Promptement, Sparrow se leva et remonta au pont supérieur, à la barre. L'adolescente le rejoignit, ainsi que Will, qui s'exclama :
《Je crois bien que le pire est passé Jack, une seule voile s'est déchiré malheureusement !
-Faut attendre que ça s'arrête, dit monsieur Gibbs.
-Vous avez raison les amis, mais je suis certain que la fin ne va pas tarder.》conclut-il avec un sourire.
Et effectivement, comme l'avait prédit le forban, la tempête cessa environ une demi-heure plus tard, pour le plus grand soulagement de tous les moussaillons. Malgré cela, un épais brouillard persistait.