Un aigle sur un champ de bleuets

Introduction

L'obscurité régnait dans la pièce, seuls certains rayons solitaires perçaient l'entrebâillement des volets pour venir frapper le mur opposé. Sur ce mur était accroché un jeu de casseroles. En bas des casseroles trônait une gazinière antique mais toujours d'un blanc éclatant. En face de cette gazinière était posé un lit simple à ressorts. La pièce comportait donc trois portes et une fenêtre. Une des portes menait à une salle de bain à carreaux tantôt bistre tantôt crème ; la deuxième ouvrait sur une sorte de bureau où étaient entassés des piles de bouquins et des cartons ; l'autre était simplement la porte d'entrée. On pouvait deviner aisément que cette pièce n'avait pas vu un Homme depuis des années.

Soudain une lumière émergeât de l'encadrure de l'une des portes. On entendit en peu de temps des pas puis des voix émerger derrière la porte d'entrée. Une clef s'enfonça dans la porte et fit deux tours à l'intérieur. Quand la porte s'ouvrit, la pénombre constante et qui durait depuis un an s'interrompit. De la lumière arrivèrent trois silhouettes. La première et la plus grande était une femme frisant la quarantaine, elle avait les cheveux légèrement bouclés d'un brun corbeau et elle revêtait un simple tee-shirt bordeaux ainsi qu'un jean gris. La deuxième silhouette était arquée par le temps. C'était un homme d'à peu près cinquante ans avec des mains abîmées d'un ouvrier ; pourtant il revêtait une large chemise bleu clair surmontée d'un discret nœud papillon pourpre. Enfin la dernière des silhouettes et la plus petite était aussi la plus jeune. Elle avait les cheveux tombant en ondulation lui barrant en un coin l'un de ses yeux ambre. Son âge était variable selon qui la regardait. Certains lui auraient donné 20 ans, d'autres 16 ans. Elle seule savait parfaitement quel était son âge. On pouvait aisément reconnaître que la dernière était très certainement la fille de la première.

─ Comme vous voyez, c'est un T1 de 14 mètres carrés. Cet appartement est dans le centre-ville. La gare est à 10 minutes. Les commerces sont à peine à 5 minutes et les bus sont de l'autre coté de la rue. Commença a raconter le vieux monsieur.

Il s'empressa d'ouvrir les volets, inonda encore plus la pièce de la lumière de la journée et commença la visite sommaire des lieux.

─ D'abord voici la salle de vie. Il y a une petite table ici et une gazinière ici. Après vous êtes libre de changer les meubles. Ce sont les meubles de l'ancienne propriétaire et ceci m'arrangerais si vous m'en débarrassiez. Justement voici la chambre, c'était anciennement un bureau mais vous pouvez déplacer le lit ici et vous débarrasser des cartons...

─ Mais la personne qui habitait ici a laissé tout dans son appartement. Il y a encore de la vaisselle sur les étagères et des habits sur le lit ? Demanda la femme.

─ Et bien, voyez vous, la personne qui vivait ici était une personne âgée. Elle est morte il y a 1 an à peu près. Cette personne n'avait pas de famille et personne ne s'est désigné pour prendre l'appartement. Donc lorsque j'ai racheté tout le premier étage pour moi et pour faire des locations, j'ai récupéré cette appartement... Je vous rassure elle n'est pas morte ici, elle y a juste vécu. Rétorqua-il en souriant.

─ Très bien ! Bon je vais devoir passer un appel. De toute façon l'appartement n'est pas pour moi, il est pour ma fille. Donc continuez la visite avec elle. Ça te dérange pas Laure ?

─D'accords... répondirent les deux.

Sur ces mots, la femme sortit son téléphone, son paquet de cigarettes et descendit les escaliers.

─ Bien, donc je disais. Voila, donc, ça c'est la chambre. Ensuite la porte ici c'est la salle de bain, baignoire, lavabo, et toilettes. Voilà, on a fait le tour. Donc c'est toi qui va habiter ici.  J'imagine que la déco n'est pas à ton goût. Tu auras le temps de la refaire, je me fais vieux donc je n'ai pas eu le courage de vider tout ça.