chapitre 5

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-Ton frère avait quel âge?

Je tapote nerveusement le volant, mes yeux ne quittent pas la route. Il ne manquerait plus qu'on crève tout les deux ce soir. Quoique, c'est peut-être ce qu'on veux au final.

-5 ans. Et toi? Enfin je veux dire, ta soeur?

Je me risque de lui jeter un regard en coup de vent, juste pour voir sa réaction. Lui aussi fixe la route.

-16.

La route se continue dans le silence, un silence lourd et pesant.

-Je ne connais pas ton nom.

-Je ne connais pas ton prénom.

-Lou.

-Irwin.

-Hein?

-Irwin, c'est mon nom de famille.

-Stevens c'est le mien.

Arrivés au campus. L'ascenseur. Puis la solitude dans mon appartement. Seule, je suis toujours seule. Quoi qu'il arrive. Plus qu'un mois et 2 semaines. J'ai l'impression que je sors petit à petit la tête du tunnel. Allongée sur mon lit, un livre dans les mains. Je le parcours rapidement des yeux, je ne lis pas vraiment. Jusqu'à ce que je tombe sur une phrase. Cette phrase. 

"Le désir de connaître totalement quelqu'un est une façon de se l'approprier, de l'exploiter. C'est un souhait honteux auquel il faut renoncer."

C'est vrai. Peut-être que je devrais renoncer à en savoir plus sur Ashton. Mais j'ai l'impression que... Non je veux en savoir plus sur lui. J'ai l'impression qu'il est un livre bourré de mystères et de secrets à lui tout seul. Alors souhait honteux ou pas, j'en saurais plus sur lui.

J'ai oublié trois livres dans ma voiture. Bordel bordel bordel. Je retourne au parking, à moitié réveillée, attrape mes bouquins en baillant et retourne au campus. Je me recouche. Je n'ai pas cours ce matin, autant rattraper mon sommeil. 

12h. Je décide à me mettre au boulot. Un carnet est coincé entre les pages de mon manuel de littérature étrangère. C'est un carnet avec une couverture en cuir, de taille moyenne, noir, un large élastique noir également le fermant correctement, un A gravé. J'hésite, je sais qu'il est à Ashton, enfin j'en suis persuadée. Non, je ne peux pas le lire. Tendis que j'enlève l'élastique, la culpabilité monte en moi, et je me reprend. En le refermant doucement, des petits bouts de papiers s'échappent. J'ose les lire.

"Non sum qualis eram." Ce qui signifie 'je ne suis plus ce que j'étais' en latin. C'est à ce moment là que je remercie mes parents de m'avoir forcés à apprendre cette langue morte. 

"Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit."

"Il y a un instant où la mort à toutes les cartes en main, et où elle les abat, les quatre as sur la table."

Ce mec est tellement étrange mais... Passionnant. Enfin, comment dire... Je ne sais pas. Je reste plusieurs minutes devant les trois bouts de papiers. Sans savoir quoi faire. Je les replace dans le carnet que je ferme soigneusement, puis le glisse dans mon sac. 

Je cherche Ashton toute la journée. Introuvable. Comme d'habitude. Je décide d'aller demander à la concierge du campus.

-Bonjour Madame, je.. Hum... J'aurais besoin du numéro d'appartement d'Ashton Irwin.

Elle s'efface dans sa loge pour en ressortir 30 secondes plus tard.

-256.

-Merci.

Je reste quelques minutes devant la porte, le carnet serré contre moi, le poing face à la porte. Je me décide à frapper. J'attend, j'attend, j'attend. Personne. Je soupire, ce mec est vraiment bizarre. Je remonte à mon étage. Et là je le voit, assis devant ma porte.

-Euh, je peux savoir ce que tu fais là?

-Je t'attendais, j'ai oublié un livre à moi dans ta voiture hier.

-C'est de ça dont tu parles? Je t'ai cherché toute la journée.

Il m'attrape le cahier des mains.

-Tu ne l'as pas lu, ni ouvert?

-Non.

Un soupir de soulagement sortit de sa bouche. On se trouvait débiles, tout les deux, debout devant ma porte.

-Je.. Tu veux entrer?

Il fit un non de la tête.

-Ok. Bah bonne soirée alors.

J'ouvre ma porte et la referme derrière moi. Je dépose mes cours sur la table, balance mes chaussures à l'autre bout de la pièce et m'effondre dans mon lit. Peu de temps après, mon téléphone affiche un message d'Ashton.

 "T'aimes bien lire toi non?"

 "Oui."

"Ouvre ta porte."

Je me lève et m'exécute. Un livre, "Angel's call" plus précisément est posé sur mon palier. Je souris et tapote un message rapide:

 "Un cadeau?"

 "Tu me diras seulement ce que t'en penses."

A peine la porte refermée, je me presse d'ouvrir le bouquin. C'est l'histoire de deux personnes ayant échangés leurs téléphones portables par inadvertance. Et ça me fait sourire, bêtement.

Tout les endroits où je vais, il est là. Il pourrait être 4 heures du matin, en pleine nuit, il ferait froid, on finirait toujours par se croiser. Je ne sais pas, et je crois que je ne serais jamais pourquoi.

                  "Car ils étaient réunis par un fil qui ne pouvait exister qu'entre deux individus de leur                       espèces, deux individus qui avaient reconnus leur solitude dans celle de l'autre."

The Last WhisperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant