chapitre 9

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Je me réveille en sursautant et repose rapidement ma tête sur le coussin. Cette soirée n'était donc qu'un rêve. Enfin pas tout à fait. Le canapé qui m'a servit de lit pour cette nuit me le rappelle parfaitement. Je passe vérifier dans les chambres: Ella, Calum et Ashton. Alors cette engueulade et ce baiser n'étaient que le fruit de mon imagination. Mais pas cette soirée. Mon subconscient m'a plutôt surpris cette fois-ci. Embrasser Ashton. Je monte dans ma chambre. Je tiens quand même à ce qu'il m'explique. Tant pis si ça prend des heures, je veux tout savoir. Et je sais que cela sera plus difficile que jamais. 

-Ashton...

-Mmmh...

-Debout.

-Mmmmh non c'est trop tôt.

-Il est 2pm. Lève toi.

Il ouvre difficilement les yeux. Grâce au peu de lumière qui se faufile difficilement dans la chambre, je peux voir son visage plus qu'étonné.

-Lou?

Il se redresse sur son coude, passant une main sur son visage, comme pour essayer de se mettre les idées aux clair.

-Sympa ton petit spectacle hier. Tu caches bien ton jeu.

-Je comprend rien là...

-Si je te dis, boîte de nuit, danser, drogue, musique, Calum, hasard, ça te dit quelque chose?

-Tu, attends tu m'a vu danser?!

-Comme je viens de te le dire, oui, par pur hasard.

-Putain...

-Comme tu dis oui. Tu vas tout m'expliquer. Je te laisse te lever.

Plus personne n'est présent dans mon appartement, mis à part Ashton et moi. J'attend toujours, je le fixe, assise sur le fauteuil face à lui. Ses yeux ne regardent que ses pieds depuis une heure. Sa voix vient enfin briser le silence:

-Tu me promets de m'écouter jusqu'à la fin?

-Tant que tu m'expliques tout, oui.

Il inspire fort:

-J'ai commencé il y a environ 2 ans.

-Calum m'avait dit 5 mois.

-C'est ce qu'il croit.

-Qui me dit que tu ne me mens pas à moi aussi?

-Je te dis la vérité. J'ai commencé parce que... Quand ma soeur est morte, je voulais... Me changer les idées. Quand ma mère m'a annoncé son suicide, je suis sorti de chez moi en courant. J'ai erré toute la nuit, puis je suis tombé sur Josh. Un grand blond, qui m'a retrouvé sur la barrière d'un pont. J'avais un pied dans le vide, un pied sur terre. Il m'a demandé ce que je faisais là. Je n'ai rien dit. Il m'a proposé de "tirer sur son joint". J'ai d'abord refusé. Il a haussé les épaules et a commencé à s'éloigner. Puis je me suis dit que tant pis, ma soeur n'était plus là, j'avais plus besoin d'être un exemple. J'étais en train de sombrer. Alors j'ai tiré. J'ai pas aimé. Mais j'ai recommencé. Il m'a fait sniffer. Ca m'a brûlé. Mais j'ai recommencé. J'ai recommencé jusqu'à ce que je me sente planer, et j'ai vu le visage de ma soeur, qui me souriait. Il m'a demandé si j'avais un boulot. Je lui ai dit que j'étais étudiant, et que j'avais besoin d'argent. Mon père et ma mère m'aidaient du mieux qu'ils pouvaient, mais on avait des moyens limités. Très limités. Alors quand il m'a dit qu'il bossait quelque part qui rapportait bien, plus que bien, et que le patron cherchais des mecs "dans mon genre", j'ai pas réfléchis. J'ai foncé. Il m'a traîné dans la boîte de nuit et m'a présenté au patron, Eliott. Il devait avoir 30 ans, un truc dans le genre. Il m'a demandé de me mettre en boxer, pour voir mon corps. Il me trouvait pas trop mal foutu. Il m'a fait danser. Je me débrouillais pas trop mal. Alors je suis revenu. Un soir par semaine au début. Puis, deux, ensuite je venais trois soirs par semaines. Ils ont vu que je loupais des cours à cause de ça, qu'il fallait que je rentre à pied au campus après mon spectacle, ils ont vus que j'étais fatigué de tout ça, ils m'ont dit que je pouvais arrêter quand je voulais. J'ai refusé. J'avais besoin de cet argent pour payer la fac littéraire. Pourtant, même maintenant, j'arrive pas à tout lâcher comme ça. 

Je reste sans rien dire. 

-Lou...

Je ne bouge pas. Je le regarde toujours. Il fait un pas vers moi, gêné puis s'accroupit face à moi.

-J'ai... J'ai besoin que tu m'aides à sortir de là.

Encore un choc. C'est la première fois qu'il me demande ça. Il avait toujours refusé mon aide, toujours. Mais aujourd'hui, il sombrait, il tombait dans un puis sans fond, et personne ne pouvait le rattraper. Il me tendait la main une fois de plus, mais cette fois, je n'allait pas la rater. Après un léger raclement de gorge, j'hoche la tête lentement:

-Je, d'accord. Je vais t'aider.

The Last WhisperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant