chapitre 2

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Vous savez, dans les histoires d'ados ou de jeunes adultes, il y a toujours cette fille déprimée, qui se taille les veines ou se fait vomir. Parfois, c'est la fille qui n'en parle à personne, ou alors c'est celle qui le crie sur tout les toits. Je suis sûre qu'il y a une fille comme ça dans l'université. Je ne trouve toujours pas qui c'est, mais c'est obligé. Sur 10 000 élèves, c'est obligé. Je suis surement bizarre à toujours chercher des trucs auxquels les autres ne pensent pas, mais je suis comme ça. Je soupire, ce week-end, Ella est partie voir ses parents, du coup je suis seule dans le studio du campus. Assise en tailleur sur mon lit, une tasse de thé dans la main et mon carnet posé sur les genoux, je réfléchis à ce que je pourrais mettre dans la dissertation de philosophie que je dois rendre dans une semaine. Pour une fois que je m'y prend à l'avance... 

Il est 11 heures du soir. La tête blonde d'Ella passe la porte, puis elle avance, tel un mannequin pour venir s'installer avec moi. Comme à chaque fois qu'elle revient de chez ses parents, elle est pleine de fric, de fringues et j'en passe. Elle me fait rire, elle est pourrie gâtée, mais adorable. Mais pourrie gâtée quand même.  Elle me raconte son week-end, je l'écoute sans l'écouter. C'est toujours la même chose de toute façon. Boutiques, repas copieux, et famille nombreuse. Voilà en quoi la vie d'Ella se résume. Elle part se coucher tandis que je dessine. Je n'arrive pas à trouver le sommeil. Enfin, c'est lui qui ne veux pas venir. Ou alors c'est moi qui ai peur de fermer les yeux. Pour ne pas le revoir, ne pas les revoir. Avec mon crayon, je le dessine, sa bouille d'ange, son sourire, et ses yeux d'enfants. Je regarde mon portable, 3 am. J'ai fini mon dessin, je ne veux pas dormir. J'ai peur, bien trop peur. Mon cauchemar va revenir me hanter, comme la plupart de mes nuits. Je vais revoir mon frère se faire renverser, devant mes yeux, par une camionnette qui ne s'est même pas arrêtée. Le conducteur est parti plus vite qu'il n'est arrivé. Je me revois courir sur mon frère, allongé, dans une mare de sang, recroquevillé sur lui même. Je revois les lumières des pompiers, des policiers, je les revois me prendre mon frère des bras, et je revois mes mains pleines de sang. Il avait 5 ans. Cette année il en aurait 7. Je chasse cette pensée noire et éteins la lumière. 

Je sors de la classe rapidement, je n'ai pas envie de m'attarder, je dois prendre le train pour aller voir mes parents ce week-end. Un garçon me rentre dedans mais trace sa route, la tête baissé. Je n'y prête pas attention et me dirige rapidement dans ma chambre, attrape mon sac de voyage, laisse un mot à Ella, et part à la gare. 2 heures plus tard, j'arrive dans ma petite ville d'enfance. Je retrouve ma mère, fatiguée, et mon père, travaillant comme un taré. Je me dit que je dois ressembler à ça également. Fatiguée, et travailleuse à en mourir. Je retrouve mon ancienne chambre, celle que j'occupais avec mon frère. Dimanche après-midi, une heure avant que je partes prendre le train, mes parents m'appellent dans le jardin. Je laisse tomber la vaisselle, et les rejoins. 

 

-Chérie, on voulait te féliciter pour tout le travail que tu fais. On est très fiers de toi. Alors, voilà.

Mon père me glisse des clefs de voiture dans la main.

-Vous êtes sérieux? Merci beaucoup, je... wow.

Les clefs étaient celles d'une petite voiture noire. Magnifique. C'est ma voiture, j'ai ma voiture. Ils ont dû ruiner leurs économies.

Sur la route, la musique défile. Je met 3 heures à rentrer, mais je prend mon temps. Ca serait bête d'avoir un accident maintenant. Je retourne au campus, retrouve Ella qui est, vu sa tête, sûrement en train de décuver de la 'soirée du siècle'. 

Encore 4 mois et je pars de l'université. Je ne sais pas ce que je ferais après, mais tant pis. En attendant, il faut que je continue à travailler dur pour décrocher la bourse que je convoite depuis 2 ans. Je travaille jour et nuit, tant pis pour le sommeil, je ne dors que 3 heures par nuit, tant pis. Puis je finis par me dire que je vais me tuer si je continu comme ça. Je vais voir un psy pour essayer de régler mes problèmes de cauchemars, j'en fait moins, mais j'en fait quand même. Je travaille plus de jour, je prend des médicaments pour tenir le coup. Je ne sais pas ce que je suis en train de faire. Mes parents, mes amis s'inquiètent. J'ai l'impression que je vais bien moi pourtant. 

Encore 2 mois. 

Je marche dans le couloir désert, les bras pleins de livres, mon portable posé au dessus. Quelqu'un qui me rentre encore dedans.

-Désolé.

Je fais signe que tout va bien, il ramasse ses affaires, je ramasse les miennes et chacun repart de son côté. Je rentre au studio. Je regarde mon portable. Pourquoi le fond d'écran n'est pas le même? Je le déverrouille, regarde les photos. Je crois reconnaitre le garçon qui m'a renversé. Je réalise soudain, que l'on s'est échangés nos portables en se rentrant dedans. 

Pendant plusieurs jours, je le cherche désespérément. Mais pas de traces du garçon qui détient mon portable. Alors ce soir, je décide de rentrer mon numéro et de lui envoyer un message.

             " Salut, je sais pas si tu vois qui je suis, on s'est percutés dans le couloir B au 2ème étage      lundi matin, et on s'est échangés nos portables..."

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Hey tout le monde!

Voilà le chapitre 2, j'espère qu'il vous plaira, personnellement je ne suis pas fan de mes premiers chapitres, mais je crois que personne ne l'est. J'ai décidé de faire mes updates tout les lundis et jeudis soirs, donc 2 chapitres par semaines! 

Bisous

-J

The Last WhisperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant