-Lou, lève toi!
-Hum, ouais... J'arrive.Première fois que je fais une nuit complète et correcte: pas de cauchemars, d'insomnies. Rien. Je n'ai jamais aussi bien dormi, et cette nuit, elle était dans ses bras. Ashton me jette son coussin dessus, et me sourit:
-Prend ton maillot, j'ai une surprise.
20 minutes plus tard, je n'ai même pas le temps de saluer ses parents, je suis tirée de force jusqu'à son ponton.
-Mes parents nous prêtent le bateau. C'est cool non? C'est le seul truc cher qu'ils n'ont pas vendu. Après la maison bien sûr.
C'est une des rares fois où je le vois enthousiaste. Il va falloir que je m'habitue à ce Ashton là. Je grimpe dans le bateau, et m'installe tout devant. Ashton conduit vite, l'air marin me fouette le visage. Il s'arrête en plein milieu de l'océan. Je ne suis pas rassurée, mais je ne dis rien. Ashton sourit, il sourit vraiment, il est heureux, et pour rien au monde je ne voudrais gâcher son moment. Il s'allonge soudainement au mileu du bateau, en regardant le ciel. Ce jour-là, seul les trainées des avions rayaient le ciel. Rien d'autre.
-Ashton, qu'est ce que tu fais?
-Je pense.
-Ah. Et...ça marche bien?
-Tais toi, et fais comme moi. Tu vas voir, c'est plutôt cool.Alors je m'éxecute, et m'allonge à côté de lui. Je soupire:
-Tout ce que je vois, c'est que ça me crame le visage.
-T'es chiante.
-Je sais.10 minutes ont passées. On s'y fait en fait, au soleil qui vient te brûler les joues. Ashton tourne la tête vers moi, et demande tout bas, comme s'il avait peur qu'on nous entende, ce qui est totalement absurde puisqu'on est au beau milieu de l'océan indien (cette simple pensée me glace le sang):
-Dit Lou, c'est quoi ta plus grande peur?
-Très bonne question... Je sais pas vraiment, j'hésite. Je pense, je pense que j'ai peur de vieillir. C'est débile, parce que personne n'y échappe. Mais c'est comme tout ceux qui ont peur de la mort, c'est la même chose, on y passe tous. En fait, ce qui me fait le plus peur dans cette histoire, c'est peut-être ça. Savoir que c'est inévitable de vieillir. Ou alors c'est la routine : je ne me vois pas dans 10 ans, à courir après mes gosses, rentrer du boulot, attendre mon mari, faire manger les enfants, et aller dormir. J'arrive pas à me dire, qu'un jour tout ça sera fini: la jeunesse, le temps libre, aller en cours, trouver des petits boulots. Je sais pas, moi ça me fait carrément flipper. Et toi?
-Je ne sais pas. J'en ai trop. Peur du néant, du vide, de me réveiller un matin sans qu'il n'y ai plus rien autour de moi. Ou alors, peur d'avoir une maladie incurable. Ou même, de perdre quelqu'un de proche encore une fois. Non, ça je supporterais pas.
-Et... Qu'est ce qui te fais le plus envie?
-Tu m'aurais demandé ça l'année dernière, je t'aurais répondu: la mort. Aujourd'hui, je veux vivre.Je me suis relevée sur mes coudes:
-Ash... Tu viens de dire quoi?
-Que je veux vivre, vivre réellement. Pas être en vie, c'est différent. Je veux vivre, ressentir les choses. Mais ça, ça me fait peur aussi. Mais j'ai envie d'exploiter cette peur. Et j'ai besoin de toi pour ça.
-De moi?
-Tu es la seule personne qui me fait sentir vivant depuis que je t'ai rencontré.Je ne savais plus quoi dire. Alors j'ai sourit, et je me suis rallongée, en posant ma tête sur son torse. Et maintenant je comprend. Je comprend de quoi j'ai le plus peur. Peur de mes sentiments. Je sais pas comment j'ai pu passer de la haine à... Vous voyez de quel sentiment je parle. Ou alors, c'est juste que je voulais le haïr, parce que j'avais peur.
On est restés comme ça une bonne heure, sans rien dire. Puis on est rentrés, parce que j'entendais son estomac hurler qu'il lui fallait de la bouffe, et rapidement. Toute la journée, je n'ai pas pu détacher mon regard de lui. Et j'ai également compris ça. Lui aussi, il me rend vivante.