Ça fait combien de temps que j'ai les yeux fermés ? Je l'ignore et je ne veux pas savoir. Cette paix, cette quiétude intérieure que je ressens maintenant m’avait manqué. Je sais pas où je suis mais je préfère rester ici que de retourner dans cette maison remplie de cruauté, je ne veux pas que mon bébé naisse chez eux, c’est un environnement malsain et empoisonné pour toutes personnes saines. Je veux la mort, je la cherche mais quant à elle, elle ne veut pas de moi, je crois que la vie n'a pas encore fini de me faire payer le fait que je sois née de sexe féminin.
Pour une deuxième fois en si peu de temps, je me réveille sur un lit d'hôpital. J'ai terriblement mal, c’est le premier sentiment que je ressens c'est la souffrance. J'essaie de bouger mes jambes mais je mes sens plus. Je me tortille de douleur, quelque chose ne va pas. Je regarde autour de moi pour trouver de l'aide mais je seule dans la chambre. Qu’est ce qui ne va pas avec moi ? Je suis rentrée dans une crise d'angoisse, je suis apeurée, je suffoque, mon cœur bat à un rythme anormal.
Je sens quelque chose de moins en moi. Quelque chose ne va pas. Alors je commence à crier, je ne sais absolument pas ce qui me prend mais je délire ! Quelques infirmiers rentrent en courant ce qui me fait plus peur et me pousse à redoubler mes cris. Ils essaient de calmer mais je me débats comme jamais. Je leur supplie de ne pas me toucher, ne pas me frapper et de ne pas me faire du mal, je les vois comme Aly, ils sont tous comme lui, je suis sûre que leur seul but est de me faire mal. J'ai peur ! J'entends quelqu'un crier des choses que je ne comprends je sens qu'ils m'ont lâché. Je prends la couverture et je me recroqueville sur le lit. Quelqu'un se rapproche de moi, je sors doucement la tête pour voir qui c'est et je vois le docteur Camara celui qui m’avait consulté la première fois que je suis venue ici. Il pose doucement ses effets et lève ses mains à l’air pour me montrer qu'il est inoffensif. Je n'arrive pas à contrôler les tremblements de mon corps, je ne sais pas ce qui m'arrive.
-Docteur Camara : tout va bien ! Ils vont plus te toucher, plus personne ne va te toucher.
Je le regarde tout en pleurant silencieusement. Je ne sais pas mais il arrive toujours à calmer mes crises.
-Dr Camara : calme toi ! Je ne veux que ton bien.
Je serre mon drap très fort. Il reprend toujours ses mains levées devant lui.
-Dr Camara : je veux d'examiner, je veux voir comment tu vas. Tu comprends ?
Il s'approche lentement en faisant signe aux autres de sortir mais je hoche négativement la tête, je ne veux pas rester seule avec lui. Je crois qu'il l'a compris puisqu'il dit à une seule infirmière de rester.
-Dr Camara : comment tu te sens ?
Je sais pas si j'ai le droit des lui parler ou pas alors je ne réponds rien. Il se décourage pas et m'interroge encore.
-Dr Camara : tu as mal quelques parts ?
-ai-je le droit de vous parler ? Je lui demande dans un chuchotement.
-Dr Camara avec un regard rassurant : bien évidemment ! Je suis ton docteur personnel désormais. Si tu as des questions ou un petit souci, tu n'auras qu'à demander après moi. Ok ?
Je hoche la tête et je pose la question qui me torture l'esprit.
-Mon bébé, je veux savoir comment il va !
Il regarde mon ventre et me regarde ensuite. Il se rapproche de moi et s’assois au bord du lit. Ce que je vois dans ses yeux ne me plait pas du tout.
-Dr Camara : je suis désolé. Tu as une fausse couche suite à plusieurs facteurs : apparemment tu as été attaqué par des malfrats qui t'ont drogué qui t'a donné un choc émotionnel important qui a accéléré le processus. Déjà que ta grossesse était risquée suite à ton âge et…
Je cesse de l'écouter, tout ce que j'ai retenu c'est :
Tu as fait une fausse couche !
Ta grossesse était ! Le passé.
Mon bébé n'est plus là !
Il n'est plus là !
Mon ventre est vide !
Et vu tout ce que j'ai subi récemment, je ne suis sûre de pouvoir enfanter. C’était le seul motif qui m’aidait à m'accrocher à la vie malgré la circonstance dans laquelle il a été conçu Parce que je l’aimais déjà. Il me l'a pris !
J'ai tout perdu, absolument tout ! Je n'ai Plus aucune raison de vivre. J’ai envie de mourir.
- laissez-moi seule s'il vous plaît.
-Dr en hochant la tête : je comprends.
Dès qu'il sort avec l'infirmière. Je détache tout ce qui était lié au creux de mon coude et me lève pour aller devant la fenêtre. Je l'ouvre la main tremblante et ferme les yeux. Je l'enjambe malgré ma douleur et m'assoie sur son rebord, je me tiens au mur pour ne pas encore lâcher. Je veux mourir, quitter ce monde de fou. Si je meurs tout le monde sera content d’être libéré d'un poids, ils auront tous la paix. Je suis toxique même pour moi-même, tout ce qui m'arrive est de ma faute. Tout, tout et tout !
Mon enfant est mort à cause de qui ? Moi ! Je l'ai tué, je n’ai pas pu le protéger. Je m'en veux, je m'en veux terriblement. C’est moi le problème ! La culpabilité me ronge de l'intérieur, si j'avais écouté ma mère, ses précieux conseils de me méfier des hommes et d’obéir mon mari, rien de tout ceci ne serait arrivé. Je n’ai pas écouté, regardez où j'en suis aujourd'hui jusqu'au point de mettre un terme à ma misérable vie, j’ai déshonoré mes parents, j'ai foutu la merde dans la famille et j'ai tué mon bébé, je suis au fond du gouffre. J'entends des cris des personnes qui sont en bas. J'entends quelqu'un me dire de ne pas faire ça. Si j'ouvre les yeux, je vais perdre le contrôle, si je tombe, je meurs sur place sans aucune transition, peut-être que si je meurs tous mes maux vont disparaître. J'allais desserrer ma main quand le docteur rentre en trombe dans la chambre.
- Dr Camara : Minata ne fait pas ça s'il te plaît !
-moi en pleurant à chaudes larmes : je veux mourir, tout est de ma faute !
-Dr Camara : rien n'est de ta faute absolument rien tu entends ? Ta famille sera bientôt là !
Sa dernière phrase me fait encore paniquer.
-non ! Non pas eux !
-Dr Camara : fait attention, calme toi. Je leur dirai alors que tu ne t’es pas encore réveillée. Tu peux désormais compter sur moi, tu seras sous mon aille.
Je sens des bras l’entoure hanche, je ne sais pas quand il a pu si vite se rapprocher de moi sans que je ne m'en rends compte. La peur me saisit. Je commence à me débattre comme une hystérique, je voyais le visage d’Aly et j'entends sa voix me dire que je suis une lâche même pas capable de se tuer alors que je suis là fautive de tout.
Dr Camara : calme-toi, je suis là.
Moi en mettent mes deux mains sur mes oreilles : dites lui de se taire. Tait-toi ! Ne me frappe pas s'il te plaît.
-Dr Camara : chutttt ! Calme toi, il ne va rien te faire, je suis là, c’est moi ton docteur.
Je le sens me tirer en arrière, une fois que mes pieds touchent le sol, il ferme la fenêtre. Je m'effondre à terre en tenant son bras et il n'a pas d'autre choix que de me suivre. Il me prend contre lui et me serre fort dans ses bras comme si j’étais sa fille. C'est ce dont j'ai besoin en ce moment, ce sentiment paternel. Je serre ses bras pour ne pas qu’Il s'en aille, je l'entends ordonner à tout le monde de sortir. Il me couvre avec le drap qu'il tire sur le lit. Je ferme les yeux tout en sanglotant. Il me caresse les cheveux.
-Dr Camara avec un ton rassurant : calme toi, arrête de pleurer, rien n’est de ta faute.
On est resté là à terre sans rien dire.
Qu'est ce que j’étais sur le point de commettre ?
Un autre malheur !
Un suicide !
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les larmes d'une jeune fille
AventuraQuel a été mon crime ? Le fait d'être une fille. Quelle a été la sentence ? Le silence !