Chapitre 4 - L'exploration du tunnel

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Neuf heures moins cinq. La bibliothèque n'est pas encore ouverte, Aude est déjà devant la porte. Elle précède de peu ma mère qui arrive pile à l'heure.

« Bonjour Aude, tu es bien matinale !

— Bonjour madame Serdt ».

Ma mère la laisse passer et la suit à l'intérieur.

« Qu'est ce qui t'amènes ?

— J'ai un exposé à finir pour la rentrée et j'ai besoin pour cela de faire quelques recherches ».

— D'accord, si tu as besoin, n'hésite pas à faire appel à moi. Il n'y a pas foule ces temps-ci. J'ai quelques rangements à faire et après je peux t'aider si tu veux.

— Merci madame Serdt, mais je vais juste vous emprunter quelques livres que j'irai consulter chez moi. Après j'utiliserai l'ordinateur de Vincent. Mais j'aurai certainement besoin de vous après mes recherches.

— Bien, comme tu veux. N'hésite pas, je suis là tout l'été.

— Merci ».

Moins d'une heure plus tard, Aude repasse devant la mère de David les bras chargés de livres. Après les avoir enregistrés, elle se dirige vers la maison de Vincent. La matinée est à moitié entamée lorsqu'elle s'installe devant l'ordinateur pour se connecter. Au bout de dix minutes, la porte du Louvre s'ouvre devant elle, direction la galerie égyptienne.

Pendant ce temps, nous sommes à pied d'œuvre dans la grande salle. Les consignes de sécurité ont quelque peu changé. Le désensablement rapide de la porte précipite les choses.

Fini les pelles et les seaux, nous passons maintenant à l'exploration pure. Honneur au découvreur du site, c'est donc moi qui suis désigné pour entrer le premier. Vincent s'est proposé de m'accompagner, ce que j'ai tout de suite accepté. La galerie est particulièrement obscure et je garde en mémoire les inscriptions enfermées dans un cartouche menaçant. J'estime que nous ne serons pas trop de deux.

Je descends dans la galerie. J'ai avec moi une lampe torche très puissante. Je suis relié à Vincent par une corde, lui-même est relié à Damien par une cordelette trouvée dans l'atelier de mon père. Nous estimons la bobine de corde à une longueur de 300 mètres. Espérons qu'elle soit assez longue. Arthur est posté en bas de l'échelle en observateur. J'avance avec précaution. La galerie est tellement sombre qu'elle reste dans l'obscurité malgré la puissance de ma lampe. Je fixe le faible pinceau de lumière en écarquillant les yeux. J'avance à pas mesurés, la progression est extrêmement lente et pénible. Je n'ose pas poser les mains contre le mur pour m'aider. Inconsciemment, j'ai peur d'être avalé par la paroi. C'est bête, mais je n'arrive pas à me raisonner. Tout est hostile autour de moi. Rien de rassurant, aucun repère. Un nœud se forme au fond de mon ventre. Une angoisse grandit et menace de prendre toute la place. Je lutte contre cette peur qui m'assaille.

Oh mince, il ne manquerait plus que cela ! Une bonne grosse panique qui m'obligerait à rebrousser chemin. Je jette un regard par-dessus mon épaule, pour tenter de me rassurer. Vincent est là, mais je ne parviens pas à le voir. Un voile noir nous enveloppe, rendant impossible toute tentative pour l'apercevoir. J'espérais croiser son regard rempli de confiance, ou peut-être de peur et d'angoisse comme doit être le mien en ce moment ! Je sens sa présence, mais est-ce vraiment lui ?

La panique me gagne !

J'ai l'impression d'avancer avec un fantôme dans le dos. Et si c'était mon propre fantôme qui tentait de rejoindre mon corps ?

Je panique !

Si ce n'était pas moi qui avançait dans ce trou noir ?

Je suis au bord de la crise de nerfs !

TUNNEL (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant