Chapitre 12 - L'hôpital

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Lorsque David se réveille, tout est calme. Autour de lui, rien ne bouge. Allongé sur son fauteuil immaculé, il a bien un peu de mal à respirer mais à part cela, il se sent bien. Ses muscles lui font mal mais rien qui ne lui soit insupportable. La blancheur des lieux est tamisée par un éclairage doux. Sur sa droite, il croit distinguer une série d'écrans avec des courbes en tous sens. Il lui semble qu'elles sont vertes. Au-dessus de lui, il y a un plafond. Blanc lui aussi. Avec un peu de mal, il réussit à tourner la tête sur sa gauche. Une autre série d'écrans. Au-delà, il aperçoit un autre fauteuil comme le sien, vide. Il repense à ses amis. Où peuvent-ils être ?

Au-delà de ses pieds, recouverts par une couverture blanche (il ne se souvient pas avoir jamais eu une couverture au moment de quitter le labyrinthe du château), une baie vitrée s'étend d'un mur à l'autre. Elle est immense. Des formes floues se déplacent de l'autre côté. Ses yeux le trahissent, il n'est pas tout à fait réveillé et sent qu'à tout moment il peut sombrer, comme lors d'une anesthésie. Le réveil est toujours délicat. David tente de les appeler, impossible. Sa gorge lui fait mal. Un tube en sort, il a du mal à déglutir. Ce bout de tuyau lui obstrue toute la bouche.

Ses bras sont lourds, si bien qu'il n'arrive pas à faire le moindre mouvement. Ses tentatives pour s'approcher de son visage sont vaines. Il ne peut pas enlever ce bout de plastique qui l'étouffe. Pas plus d'ailleurs que celui qui sort de son nez. Des fils sortent de ventouses collées sur son torse, d'autres des avant-bras et du bout de ses doigts. Il est totalement ficelé. Mieux qu'un rôti.

L'air est saturé d'une odeur désagréable qu'il associe immédiatement au poison craché par les fleurs du labyrinthe. Il a le réflexe de retenir sa respiration. Cela est au-dessus de ses forces. De toute façon, pense-t-il, le temps de réaction a été trop long. L'air ne doit pas être dangereux sinon, il serait déjà mort. Cette odeur l'entête, il la connaît mais ne parvient pas à mettre un nom dessus. Cela l'agace. Cela, et le fait qu'il ne sache pas où il est et où sont ses amis. L'énervement le gagne, incapable de bouger, il se sent pris au piège. Les fortes émotions de ces derniers jours ont eu raison de ses forces. Alors qu'il se croyait en pleine forme et solide comme un roc, il se réveille faible comme jamais. Il pense un instant qu'il est paralysé.

Le voyage du retour a dû mal se passer, un incident s'est produit le laissant sans l'usage de ses membres. Il ne pense plus qu'à ça. David sent ses yeux se mouiller, un profond sentiment d'injustice le submerge. Avoir réussi à franchir tant d'épreuves, combattu des monstres, survécu aux terribles oiseaux de fer pour en arriver là ! C'est rageant. Ce n'est pas possible, je suis un chevalier pense-t-il. Mon armure me protège de tout. Il cherche à apercevoir sa cuirasse sous la couverture, sans succès. Ses yeux ont de plus en plus de mal à lui renvoyer une image nette de son corps et de ce qui l'entoure. Il lui faut réfléchir. Mentalement, il laisse défiler le film de son aventure des semaines écoulées, cherche une faille, une erreur commise par lui ou par l'un de ses camarades. La trace d'un accident qui pourrait expliquer son état actuel. Rien, il ne trouve rien. Tout juste parvient-il à aggraver à la limite du supportable son mal de tête. La douleur est terrible, il ne peut résister. Il sombre dans un semi-coma.

Monsieur et Madame Serdt sont émus. Leur fils revient de loin. Un long voyage où il a eu à affronter de multiples dangers. L'issue est longtemps restée incertaine. Les dangers rencontrés et les efforts surhumains nécessaires à sa réussite ne lui ont laissé que peu de chance de s'en sortir. Malgré tout, ses parents ont toujours été confiants.

Madame Serdt porte sur son enfant le regard d'une mère qui a vécu trop longtemps loin de lui. La vie est parfois tellement cruelle se dit-elle. Parfois, elle nous joue un sale tour en nous enlevant un être cher, parfois, dans son immense bonté, elle nous le rend. A moins que ce ne soit le fait de certains êtres exceptionnels qui décident envers et contre tout de ne pas mourir. David doit être de ceux-là. Elle a du mal à le croire, pourtant, il est bien là, allongé dans ce lit d'hôpital. Les médecins et les infirmières autour de lui s'affairent en tous sens. Ils vont et viennent avec d'étranges appareils. Ils prennent des mesures qui sont aussitôt retransmises à l'ordinateur central. Dans la grande salle de commandes où la mère de David se trouvait il y a encore peu, les données s'affichent en temps réel. D'autres médecins spécialisés les interprètent afin de savoir si la vie de David n'est plus en danger.

TUNNEL (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant