Je suis euphorique en ce samedi matin. Il est à peine huit heures, pourtant, je suis déjà levé. Avant de descendre petit déjeuner, je passe par la chambre d'Elodie. Elle dort encore et le son qui sort de sa gorge prise par le rhume me fait dire que la guérison n'est pas pour aujourd'hui. Je referme doucement la porte et me précipite dans la cuisine. Maman est toute surprise de me voir debout si tôt. Elle prend le temps de me préparer un copieux petit déjeuner avant de partir travailler à la bibliothèque.
Dix minutes après son départ, Vincent arrive tout essoufflé. Il a traversé la moitié de la ville sur son vélo, portant un gros sac à dos rempli de ses affaires pour le week-end. Je sors à sa rencontre, juste à temps pour lui ouvrir la porte du garage où il s'engouffre. Il pose son vélo et retire une bretelle de son sac. Je le salue. Pas besoin de grandes phrases entre nous. Nous savons que ce moment est spécial.
Nous nous installons autour de la table de la cuisine devant un grand bol de chocolat. Nos tics trahissent notre impatience. Je ne cesse de regarder l'horloge. Quant à Vincent, il a posé sa montre devant lui. Papa doit venir nous chercher à neuf heures.
Une voiture se range dans l'allée. Nous nous précipitons à la fenêtre. C'est tante Agnès qui vient s'occuper d'Elodie. Nous sommes un peu déçus, mais c'est tout de même une bonne chose qu'elle soit déjà là, cela nous évitera de l'attendre et nous pourrons partir dès que papa sera arrivé. L'attente est longue, nous cherchons à tuer le temps. Je décide donc de vérifier si nous n'avons rien oublié. Je vide le sac de Vincent sur le tapis du salon. Tante Agnès est au premier, elle ne devrait pas redescendre avant une bonne poignée de minutes. En voyant le contenu du sac, je comprends qu'il soit arrivé essoufflé. Il a dévalisé le grenier et la cave de sa grand-mère. Il y a là de quoi contenter n'importe quel explorateur blasé. Je savais que son père était amateur de voyage et de sports à sensations, mais je ne pensais pas qu'il possédait autant de matériel. S'étalent devant moi des dégaines, tout l'équipement du parfait grimpeur, rien ne manque. Du matériel de camping et quelques outils complètent la panoplie. La vue de tout ce matériel m'enchante, cela sent bon l'exploration. Je l'aide à remettre le tout dans son sac. Je soupèse la corde de soixante mètres qui, à elle seule, doit bien peser cinq ou six kilos. Je n'en admire que plus encore l'effort qu'a fait mon ami. Je sens qu'il me prend vraiment au sérieux.
Le sac à peine bouclé le vieux bruit pétaradant de la camionnette de papa se fait entendre. Il n'a pas le temps de se garer que nous sommes déjà accrochés à la poignée, prêts à monter dans le véhicule. Pendant que nous nous faisons une place sur la banquette avant, papa va saluer tante Agnès et Elodie. Pas le temps de s'attarder, il est pressé et nous aussi. Le voyage me semble encore plus long que d'habitude. La présence de Vincent à mes côtés le rend moins ennuyeux. Papa a tenté de nouer la conversation mais il s'est très vite rendu compte que le bruit ambiant rendait impossible toute discussion. Vincent et moi passons le trajet à échanger des regards complices qui se substituent aisément à un quelconque discours.
Pris par le temps, papa nous dépose à un arrêt de bus. A nous de nous débrouiller pour faire le reste du trajet seuls. Il nous laisse quelques pièces de monnaies avec lesquelles nous achetons deux billets. L'arrêt est seulement à un kilomètre et demi de la maison. Dix minutes plus tard, nous sommes devant la porte. Nous avalons les escaliers quatre à quatre malgré le poids de nos sacs. Nous nous changeons et avalons un sandwich. Nous voilà à pied d'œuvre dans le bureau de papa. Mon cœur bat fort dans ma poitrine, mais cette fois ce n'est pas de la peur. Je suis tout excité à l'idée de faire partager une telle expérience à Vincent. Je lui jette un regard pour vérifier son état mais surtout pour constater que nous sommes bien là tous les deux et que je ne rêve pas.
Notre plan tient compte de tous les détails, il ne supporte pas l'improvisation. J'ouvre lentement la porte qui mène à la cave. Nous y voilà à nouveau, mais aujourd'hui, c'est différent.
VOUS LISEZ
TUNNEL (terminé)
PertualanganIls croyaient avoir trouvé un site archéologique... Ils se retrouvent dans un monde parallèle qui va semer le doute sur leurs propres vies.