J'essayais de mettre de l'ordre dans le tourbillon qui faisait rage en moi. Je n'arrivais pas à analyser ce qui se passait. J'avais besoin de décortiquer tout cela. Quelque chose de puissant avait refait surface en moi, plus tôt. Quelque chose que je n'avais plus ressenti depuis de longues années. La colère.
J'étais en colère. Que faire de cela ?
Je n'avais personne vers qui la diriger et cela me frustra. J'avais besoin de la faire exploser.
Mes mâchoires étaient soudées l'une à l'autre tant j'avais envie de hurler, cracher toute ma haine. Je n'avais su me contenir au contact d'Enriquo mais m'étais ressaisi, ne voulant pas décharger tout cela sur lui. Il avait toujours été si gentil, protecteur et aimant avec moi. Il ne méritait pas cela. J'avais rejeté les douces mains de Sylvia lorsqu'elle les avaient posées sur mes joues et je pus réapprendre le sentiment de culpabilité. Sylvia était ce qui se rapprocher le plus d'une maman à mes yeux et je venais de rejeter son amour pour moi. J'eus envie de douleur pour avoir eu ce geste. Puis il y avait l'homme, Kayser. Il était une présence silencieuse près de moi. Il venait d'affirmer à mon ami que je lui appartenais et la seule réaction que j'ai réussie à avoir été un simple haussement d'épaules. J'aurais voulu lui crier d'aller se faire foutre. Qu'à cause de lui, j'avais l'impression de me consumer. Que je voulais qu'il parte. Je n'en fis rien car j'en étais incapable. Il m'avait tenu dans ses bras alors que je m'étais endormie d'épuisement après ma nuit blanche et mes larmes. Il m'avait soutenu. La douleur des souvenirs était moins douloureuse lorsqu'il me tenait dans ses bras.
Là était mon dilemme.
Je pouvais reprendre la route comme prévu et ne jamais revenir. Oublier qu'une personne sur cette terre avait l'étrange pouvoir de me, peut-être, guérir. Je n'avais qu'à monter sur ma moto avec mon sac à dos et repartir pour toujours. A cette pensée, je me sentis lâche. Ce fut un sentiment désagréable.
Ou je pouvais rester ici. Affronter mes démons. Laisser les gens qui semblaient tenir à moi, m'aider à traverser cette épreuve afin d'en ressortir plus forte, plus grande. Tout en sachant que cela allait être atroce. J'allais avoir besoin d'une rééducation émotionnelle afin de contrôler tout cela.
Je me sentais perdue.
Je regardais la rue où jouaient les enfants, où Kesso tondait le crâne de son petit frère en rigolant avec ses amis, les viejos jouaient tranquillement aux cartes sur une table installée sur le trottoir.
Pourrais-je obtenir cette légèreté avec le temps si je parvenais à reboucher le trou béant dans ma poitrine ? Etais-je assez forte pour y arriver ?
Mon regard se posait, de nouveau, sur Kayser. Ses cheveux brun foncé, lui tombant sur le front, ses yeux verts étincellent qui reflétait autant de duretés que d'innocence, sa mâchoire solide et volontaire qui laissait penser qu'il était un homme, un vrai. Il était beau.Il était prévenant. Il était protecteur. Et il attendait quelque chose de moi. Il ne m'avait pas quitté des yeux depuis qu'il s'était réveillé. Cet homme était intense. Ses yeux cherchaient à s'enfouir dans mon âme. Je ne savais rien de lui excepté son prénom et il ne savait rien de moi, excepté mon prénom. Il restait là tout de même, à me scrutait avec insistance, une lueur dans le regard que je ne sus interpréter.
Il pensait peut-être que j'étais à lui mais il avait tort. Je ne m'appartenais même pas à moi-même. J'appartenais à mon passé. J'étais entièrement à lui, à cet instant où j'avais vu mes parents mourir sous mes yeux, où j'étais enfermé dans cette pièce à subir les coups jour après jour. J'étais encore à Dimitri. C'était cela qui attisa ma colère. Je l'avais tué mais il avait toujours cette emprise sur moi. J'étais toujours cette petite fille kidnapper triste, désespérée et en colère.
Je tentais de remplacer les images de mes parents par le moment où j'avais porter le coup de grâce à mon bourreau afin de m'apaiser. Je me revis tenir debout face à cet homme grâce à l'adrénaline. Je me revis prendre ce couteau des mains de la blonde.
Kitty.
Les questions la concernant m'assaillirent. Allait-elle bien ? Qu'était-elle devenue depuis tout ce temps ? Avait-elle repris sa vie sereinement ? Avait-elle trouvé un homme qui l'a mérité ? A la hauteur de son courage ?
Je devais la vie à cette femme et je n'avais jamais cherché à la retrouver pour la remercier. Une autre pointe de culpabilité. Je voulais la retrouver. Je savais que pour cela aboutisse, je devais rester dans cet état d'esprit. Je devais ressentir. Je devais être forte et ne pas prendre la tangente comme l'autre fois. Je le lui devais à elle.
C'est toujours les yeux dans les yeux que mon analyse de la situation se fit et lorsque j'ouvris la bouche, c'était pour déposer ma sentence.
- J'ai besoin d'aide, annonçais-je entre mes dents soudées.
Une étincelle lumineuse s'éclaira dans ses magnifiques prunelles. Un sourire triste prit forme sur ses lèvres.
- Tu vas rester ?
Il était plein d'espoir.
- Je dois rester, répliquais-je en me relevant pour m'enfermer, seule, dans ma chambre.
J'avais pris une décision et je comptais bien la respecter mais j'avais besoin de solitude pour le moment et d'un ordinateur.
Je n'avais qu'un prénom mais l'affaire avait fait grand bruit à l'époque alors il ne devrait pas être difficile de mettre la main sur quelques éléments qui aurait fuité dans la presse.
J'avais un but précis et cela m'aida grandement à oublier le tumulte qui grondait en moi. M'assurer qu'elle avait la vie qu'elle méritait. Cela devenu une mission pour moi que j'allais coûte que coûte mener à bien.
J'allumais l'ordinateur portable d'Enriquo puis tapais « affaire Carter, mafia, meurtre, Seattle.»
Après maintes recherches dans un silence presque religieux, je tombais finalement sur la précieuse information.
« En ce Vendredi après-midi du seize février deux mille treize, la police a reçu un appel dans ses locaux d'une jeune femme appelant afin de signaler un enlèvement doubler d'un meurtre.
Nous avons découvert plus tard, que l'appel avait été émis de la résidence de Monsieur Korkovisky Dimitri, élément important de la mafia Russe, basé au état-unis. En effet, sa jeune épouse, Kitty Milton, avait effectué cet appel afin de dénoncer l'acte odieux de son époux. Celui-ci avait kidnappé une jeune fille de quatorze ans ( dont nous ne citerons pas le nom étant donné que celle-ci est mineure) et la garder enfermé dans son sous-sol, à son bon plaisir. Mademoiselle Milton révolté par la situation prit sur elle, au péril de sa vie, d'appeler à l'aide afin de sauver la jeune fille.
Lorsque la police est arrivé sur place, cependant, la jeune fille, sur un acte de rage incompressible avait réduit l'homme à l'état de cadavre. L'homme reposait à terre avec plusieurs traces de coup de couteau sur le corps. Le corps épuisé, contusionner et sanglant de l'enfant, inconscient à moitié allonger sur lui...»
Je stoppais ma lecture là, n'éprouvant pas l'envie de me replonger en ce fameux jour et bloquer mon attention sur ce nom.
Kitty Milton.
J'avais atteint la première étape. L'appréhension me gagnait. Il était quasiment impossible de se sortir de ce genre de cercle. La mafia Russe était réputée pour être de véritable pitbull. Lorsqu'il avait une proie, ils ne la lâchaient pas. Je priais pour qu'ils ne l'ai pas réduite au silence, à jamais.
Je pris une grande inspiration, prête à poursuivre mes investigations quand la porte de ma chambre s'ouvrit, brisant mon élan.
- Tout va bien là-dedans ?
Sans relever la tête, je hochais la tête positivement pour rassurer la femme qui m'avait accueilli comme sa fille dans son quotidien.
- Tu viens manger avec nous ?
Sans répondre, je soufflai doucement et me décidai à lâcher le clavier pour me lever en me surinant que mes recherches pouvaient bien attendre le temps que je rassurai mama de mon état.
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Emotions locked up
Любовные романыDeux âmes qui se rencontre peuvent-elles se reconnaître ? Pour Mina, la vie a décidé d'enfermer son cœur profondément en elle afin de la protéger. Qu'adviendra-t-il d'elle si cet homme avait la clé qui délivrera ses émotions ? Kayser, dragueur impén...