23 / 09 / 1182

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Jour 23 de la lune de l'Arc, 1182

Enfin, l'été laisse place à la douceur de l'automne.

Ça y est, nous sommes venus à bout des automates. L'Église ne semble plus en avoir sous la main, aussi nous en profitons pour briser ses rangs et nous imposer à nouveau. Nous recommençons à nous enfoncer dans le Saint Royaume de Faerghus : dans peu de temps nous aurons bientôt soumis ses territoires du sud. Aymr recommence à faire de grands dégâts, mais la dernière bataille m'a rappelé à quel point mes camarades jouent un rôle essentiel dans nos victoires. Sans eux, je ne serais pas allée bien loin.

Nous avons en effet affronté l'armée royale il y a quelques jours. C'était à côté d'un petit village dont je ne me souviens plus du nom. À vrai dire, ce n'est pas nous qui avons été à l'initiative de l'escarmouche. Très tôt le matin, nous avons entendu des cris au loin. Cependant, il était impossible de savoir d'où ils venaient : nous nous trouvions en plein brouillard. Je n'ai jamais été si peu sereine de ma vie. Cette bataille, nous l'avons vécue les yeux bandés. Peu après l'assaut, nous n'avons pas tardé à tous nous perdre de vue. Incapable de prendre des nouvelles de mes camarades, j'ai donc rapidement été inquiète pour tout le monde. Finalement, j'ai trouvé Petra dans le chaos et elle m'a affirmé que les autres allaient bien pour l'instant. Elle et ses chevaliers pégases ratissaient en effet la zone pour venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Je lui ai demandé de me dire ce qu'elle savait de la situation et elle m'a rapidement expliqué la position des ennemis avant de repartir dans le ciel.

En m'aidant de ses indications, j'ai donc réussi à rejoindre la ligne de front où le plus de soldats étaient en danger. J'en ai sauvé plusieurs, grâce à Aymr, puis je suis soudain tombée sur Mila qui s'occupait de mettre à l'abri des blessés graves derrière un rocher. En me voyant, elle m'a tout de suite agrippée et m'a tirée à elle. Je me rappelle avoir entendu une flèche siffler tout près de mon oreille.

ー Vous êtes folle d'être venue jusqu'ici ! m'a-t-elle crié. Les archers royaux tirent à l'aveuglette dans l'espoir de nous toucher, partez immédiatement !

Au même moment, Ferdinand est apparu dans la brume et s'est caché avec nous derrière la pierre. Du sang ruisselait sur son bras gauche : il s'était reçu une flèche dans l'épaule.

ー Edelgard, je vous trouve enfin, m'a-t-il dit avec soulagement. Petra a donné aux soldats de nombreuses torches. Ils se dirigent vers nous, restons dissimulés jusqu'à ce qu'ils arrivent !

Peu de temps après, nous avons aperçu de nombreuses lueurs au loin. Plus elles se rapprochaient et plus nous les voyions distinctement. Les flammes se sont mises à chasser la brume et le champ de bataille s'est révélé à nous : emportés par l'élan des soldats, nous sommes sortis de notre cachette et avons massacré l'armée royale prise par surprise.

Plus tard, j'ai appris que l'action héroïque de Petra avait été initiée par Hubert. Cela ne m'étonne pas de lui. C'est la deuxième fois qu'il me perd de vue lors d'une bataille. Agacé, il s'est alors juré de ne plus s'éloigner de moi encore une fois.

Ferdinand quant à lui se remet de sa blessure. Je me suis inquiétée pour lui, quand je l'ai vu durant la bataille, mais cela ne l'a pas empêché de mener mes hommes.

Mes camarades sont exceptionnels. Parfois je me demande à quoi aurait ressemblé mon combat sans eux, s'ils n'avaient pas décidé de me suivre à la tombe sacrée. Il est certain que le professeur a joué un rôle dans leur décision... En tout cas, je suis honorée de les voir combattre avec tant de courage à mes côtés.

Le Journal d'EdelgardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant