Jour 25 de la lune des Étoiles, 1185
Nous y sommes enfin.
Demain aura lieu le festival du Millénaire. Il y a cinq ans, le professeur nous avait promis de nous retrouver à Garreg Mach. Il y a cinq ans, oui... Je m'en souviens comme si c'était hier. La veille du bal, nous nous étions tous retrouvés et avions fait la promesse de nous revoir. D'ailleurs... durant les festivités, je m'en veux de ne pas l'avoir invitée à danser ; nous aurions bien ri. Grâce à ses leçons de danse qui m'avaient permis de faire remporter aux Aigles de Jais la coupe du Héron Blanc, nous aurions illuminé la soirée... Ah, si seulement elle savait à quel point je regrette de ne pas avoir assez profité d'elle.
Nous allons nous mettre en route pour Garreg Mach dans peu de temps. Cette promesse nous tient tous à cœur et j'espère qu'elle aussi l'avait prise au sérieux à l'époque : nous avons tant misé dessus. Pour me rassurer, je me dis que le professeur n'a jamais failli à ses devoirs et qu'elle n'avait qu'une seule parole. Je rassemble donc tout ce qu'il me reste d'espoir pour demain, car ce sera le dernier jour où j'espèrerai la revoir.
Je ne peux plus supporter son attente. Entretenir son souvenir à travers mes dessins est si douloureux que parfois je me demande si je ne ferais pas mieux de le laisser partir... J'en ai un peu discuté avec Dorothea et c'est ce qu'elle m'a conseillé de faire si demain elle ne revenait toujours pas. Le professeur lui manque également, mais elle arrive par je ne sais quel moyen à se faire une raison. Moi, je ne peux pas me résigner à l'abandonner... Je crois en sa parole. Elle sera forcément là demain... Mais je ne peux chasser ce doute qui me poursuit depuis de longues années déjà. Serais-je en train d'espérer revoir une personne qui ne fait plus partie de ce monde... ? Non, impossible. Le professeur n'est pas une personne ordinaire. Et puis, j'ai besoin d'elle pour avancer, dans tous les sens du terme : la prise du pont de Myrddin relève du miracle sans elle.
La nuit dernière, j'ai encore fait ce stupide cauchemar. Mais cette fois-ci, j'étais véritablement devenue un monstre difforme, affreusement laid. Le professeur me faisait face et brandissait son épée devant moi avec dégoût. Si elle tient sa promesse, que pensera-t-elle de moi en me retrouvant ? A-t-elle secrètement assisté pendant cinq années aux combats qui ont fait rage en Fódlan ? S'en est-elle attristée ? Veut-elle y mettre fin, ou est-elle toujours de mon côté ? Dans ce cas... voudra-t-elle encore m'aider, comme autrefois... ?
En vérité... c'est plus qu'un professeur que j'espère revoir demain. J'ai tant changé en cinq ans : je suis devenue plus grande, puis élégante, plus raffinée - je l'espère. Aujourd'hui je suis une femme, je n'ai plus rien à voir avec cette jeune fille qui arpentait les couloirs de l'Académie. J'ai espoir que ce détail changera son regard quand il se posera une nouvelle fois sur moi.
Je n'ai pas arrêté de me regarder inconsciemment dans le miroir ces derniers temps, et les seules choses que je remarquais étaient ces cernes terrifiants sous mes yeux. Je ne dors plus depuis un moment. Il y a quelques années, cela aurait sans doute été dû au travail, mais aujourd'hui... C'est mon cœur qui me réveille en sursaut la nuit. Il bat fort, il m'angoisse. Je croyais être malade au début, mais ce n'est pas le cas. C'est simplement la peur de ne pas la revoir, ou pire : de la retrouver furieuse et prête à en découdre. Même Hubert s'inquiète pour moi ; il pense que je ne tiendrai pas le coup dans les deux cas. À vrai dire, je ne crois pas qu'il ait tort...
Je recommence à me sentir mal. Je crois qu'il me faut arrêter d'écrire. De toute façon, les autres m'attendent pour partir. Prendre l'air me fera le plus grand bien.
Professeur...
Demain, je montrai seule à la tour de la Déesse et guetterai à nouveau un signe de vous.
Là-haut, je vous attendrai, pour la dernière fois.
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Le Journal d'Edelgard
Fanfic« Professeur... J'espère que tout ceci n'est qu'une mauvaise plaisanterie de votre part et que vous reviendrez bientôt parmi nous. » Voici le journal qu'Edelgard von Hresvelg a tenu pendant cinq années, en attendant le retour de son professeur (FByl...