10 / 05 / 1183

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Jour 10 de la lune de la Harpe, 1183

Nous avons de nouveau commencé à attaquer le Royaume, mais nos troupes ont été farouchement repoussées. Il semblerait que l'armée royale mette dorénavant l'accent sur la défensive, bloquant la moindre de nos avancés. Mais ce n'est pas grave, nous finirons bien par trouver une ouverture.

Comme ces temps sont plus calmes, j'ai pu retourner à Garreg Mach. Revoir le lieu m'a quelque peu émue. Bien sûr, il n'y avait toujours personne dans la chambre du professeur. J'ai profité de mon passage pour nettoyer à nouveau la pièce abandonnée. J'ai aussi refait un tour dans la chambre qui m'était destinée lorsque j'étais étudiante. En y remettant de l'ordre, je suis retombée sur plusieurs souvenirs. Tout d'abord, ces gants que je portais sans cesse et que je n'enlevais sous aucun prétexte ; ils me permettaient de cacher aux autres les affreuses cicatrices qui marquent ma peau... Aujourd'hui encore, je ne cesse de les dissimuler. Je les déteste. Elles me rappellent toujours les terribles épreuves que j'ai dû traverser alors que je n'étais qu'une enfant.

Non sans surprise, j'ai aussi remis la main sur... Ah, j'ai honte de l'écrire. Un petit ours en peluche que le professeur m'avait offert. Du temps de l'Académie, je me rappelle l'avoir beaucoup serré contre moi quand la nuit je me réveillais tourmentée par mes cauchemars. Le revoir a fait rougir mes joues et je n'ai pu m'empêcher de lâcher un soupir. Il était pour moi comme un talisman protecteur dont l'odeur me rappelait parfois celle du professeur. Après l'avoir longuement observé, je l'ai embrassé tendrement puis l'ai remis à sa place. Quand je me suis rendue compte de ce que je venais de faire, j'ai immédiatement quitté la pièce, gênée. Quelqu'un aurait pu me voir...

Je repense étrangement souvent au professeur ces derniers temps. Quand je me couche le soir, après avoir travaillé toute la journée, je me rappelle de son visage. Alors, lorsque mon travail me l'accorde, j'essaie de le dessiner grâce aux conseils de Mila dans l'espoir de le faire quitter mon esprit. Mais c'est peine perdue : quand je pose mes yeux sur le portrait fini, rien d'autre qu'une douleur aigüe déchire mon cœur. Tout de même, cela fait deux ans déjà qu'elle n'est plus à mes côtés. J'ai l'impression que je n'arriverai jamais à m'en remettre... En plus, je ▓▓▓▓▓ je sens que quelque chose change lorsque je pense à elle. J'ai peur que mon admiration sans borne ne se transforme ▓▓ ▓▓▓▓ ne devienne ▓▓▓ ▓▓▓▓

Ah... Je n'arrive pas à écrire le mot alors qu'il est si simple. Mila m'avait décidemment bien cernée quand nous dessinions ensemble sous cet arbre.

Le Journal d'EdelgardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant