29 / 06 / 1181

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Jour 29 de la lune des Chapelets, 1181

Nous avons durant une lune repoussé tous nos ennemis. Peu de pertes sont à déplorer de notre côté ; le front du Nord, celui qui nous oppose au Royaume et à l'Église, est le plus dur à tenir. J'ai donné les pleins pouvoirs à Ferdinand qui lutte avec bravoure contre nos opposants, tandis que Caspar se charge des fronts de l'Est. Petra de son côté s'en est allée pour rallier Brigid à notre cause et revenir avec des troupes fraîches.

Je suis entourée de beaucoup de personnes sur lesquelles je peux compter, et je leur en suis redevable. Seule, les choses auraient été plus compliquées... Afin d'atteindre mes objectifs et de grossir mes rangs, j'ai accepté de faire équipe avec de nombreux individus dont je doute de la netteté : les Serpents des Ténèbres, comme les a baptisés Hubert. Je partage avec ces gens ma haine envers l'Église, mais leurs méthodes sont bien plus cruelles que les miennes. J'ai d'ailleurs du mal à cerner leurs véritables objectifs... Mon oncle, le seigneur Arundel, m'a persuadée il y a longtemps de cela de l'aide précieuse qu'ils pourraient nous apporter. C'est vrai qu'ils donnent une force nouvelle à mon armée. Bien que je ne leur fasse pas confiance, le résultat prime avant tout. Cependant, une fois la guerre terminée, je m'occuperai personnellement de leur cas.

Grâce aux efforts de tout le monde, les frontières impériales se sécurisent et nous préparons leur extension. Rhea ne s'est pas encore montrée sur le champ de bataille mais nous devons nous tenir prêts. Je n'ose imaginer les dégâts qu'elle causerait dans nos rangs si elle venait à se transformer à nouveau en ce monstre impitoyable. J'ai d'ailleurs ordonné la retraite à toute l'armée du front du Nord si elle se montrait sous sa forme bestiale.

À Enbarr, je m'occupe avec acharnement des tâches administratives. Diriger une armée est aussi complexe que je l'imaginais. Quand le temps me le permet, je rejoins avec empressement les troupes du Nord qui sont à bout de souffle ou celles de Caspar qui sont pourtant moins exposées au danger. Ma présence est dans tous les cas essentielle pour maintenir le moral de l'armée. J'ai soulevé la semaine dernière un tumulte comme je n'en avais jamais provoqué. Mes soldats semblaient vibrer au son de ma voix. Ils m'ont acclamée à la fin de mon discours... et certains se sont même jetés à mes pieds quand je passais parmi eux. Malgré tout, je voyais du coin de l'œil ceux qui n'étaient pas ici par choix et qui tremblaient en tenant leur hallebarde.

Dorothea dit que je ne me repose pas assez, mais je ne peux pas faire autrement. Je ne peux m'accorder un instant de relâchement : l'avenir que je veux créer ne peut pas attendre. Nous avons été assez longtemps sous le joug de l'Église, celle qui a créé un monde injuste où les privilèges ne sont accordés qu'à une poignée de personnes.

Quand le professeur reviendra, je veux qu'elle soit témoin de cette nouvelle société, plus juste, qui naîtra de tant de sacrifices. Elle en sera fière.

Le Journal d'EdelgardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant