Chapitre vingt - PDV RAFAEL

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« 5 Février »




J'ai neuf ans, et je rentre de l'école.

Ma mère est assise en face de moi à table, me regardant nerveusement déguster mon goûter.

-Qu'est-ce que je vais faire de toi, Rafael... murmure-t-elle, visiblement chamboulée.

Je l'observe, curieux, ne comprenant pas réellement ce qu'il se passe, et pourquoi j'ai dû rentrer de l'école plus tôt que d'habitude.

-Ça va pas maman ? Demandais-je en buvant naïvement dans ma briquette de jus de pomme.

D'un geste doux, ma mère me caresse doucement la joue. Appréciant particulièrement ce rare geste de sa part, je ferme les yeux pour profiter de cette merveilleuse sensation. Mais le rêve se transforme très rapidement en cauchemar. Le bruit de la porte d'entrée claquant avec force me fait sursauter, et renverser mon jus de pomme au sol. Regardant d'un ai triste mon goûter étalé sur le carrelage de la cuisine, je demande pardon du regard à ma mère. Mais mon goûter éparpillé par terre semble être le dernier de ses soucis.

Mon père rentrant des Temples semble particulièrement fatigué ce soir-là. Mais la fatigue n'est pas l'émotion prédominante sur son visage. Une colère froide semble consumer son âme. Sentant que quelque chose n'est pas normal, et qu'une désagréable ambiance s'installe dans la cuisine, je sens des larmes couler le long de mes joues sans aucune raison particulière.

-Pourquoi est-ce que tu pleures, Rafael ? Me demande mon père, le regard indéchiffrable.

-J'ai renversé mon jus de pomme, dis-je simplement, m'essuyant le nez avec ma manche.

Très rapidement, mon père m'attrape le bras et m'arrache de ma chaise.

-AÏE ! M'écriais-je. Lâche mon bras, tu me fais mal !

-Tait-toi, dit-il d'un ton froid comme le marbre.

Je demande de l'aide à ma mère, mais celle-ci quitte déjà la pièce, sanglotant.

-Mais tu me sers trop fo.....

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que mon père me gifle. Tellement fort que je sens un petit filet de sang couler de ma lèvre. Je n'aime pas le goût du sang, on dirait du fer. Regardant ce rouge flamboyant sur mes doigts, pleurant silencieusement à chaude larmes, je me laisse traîner dans la maison par mon père.

Très rapidement, on se retrouve à descendre les escaliers nous emmenant à la cave. J'ai toujours détesté cet endroit de la maison. C'est trop sombre. Trop humide. Mon père et ma mère viennent souvent prier ici. Il y a d'étranges statues, poupées et autres sculptures. J'ai peur. Mon père lâche finalement mon bras, ce qui me permet de le frotter pour calmer la douleur. Je l'observe, terrifié, chercher un objet dans les nombreux cartons présents dans la pièce. Puis ayant trouvé ce qu'il cherchait, mon père se tourne enfin vers moi.

-Ta mère m'a raconté ce qu'il c'était passé aujourd'hui à l'école.

Ne comprenant pas où il veut en venir, je décide de me taire. Je l'observe manipuler un objet dans ses mains. Un objet avec pleins de petits bouts de tissus déchirés, tous attachés ensemble.

-Ta maîtresse l'a appelé ce midi. Elle était très inquiète pour toi, tu sais.

Aimant énormément madame Lucie, je sens mon cœur se briser à l'idée de l'avoir énervée, déçue, ou inquiétée.

All the sun [BxB] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant