All the sun [BxB]

Chapitre trois - PDV NASH

« 11 Novembre »

-Allez Maya, descends ! Si on est en retard, Nancy va nous arracher les yeux ! Criais-je depuis le bas des escaliers.

-Nan ! Je veux pas y aller ! Me répond une voix en colère.

-Tu me fais le coup à chaque fois... marmonnais-je en montant les escaliers pour aller la rejoindre dans sa chambre.

À moitié habillée sur son lit, les bras croisés, Maya ne daigne pas me lancer un seul regard.

Les murs de sa chambre sont tapissés de photos et de posters sur ses dessins animés et héros Marvel préférés. Sur la plupart des photos, il y a moi, Emma ou alors notre père. Elle ne l'a connu que deux ans, contrairement à moi qui ai vécu quatorze ans avec. Elle semble entretenir un idéal pour lui qui malheureusement ne lui correspond pas. Cependant, je ne lui dis rien, je ne veux pas gâcher ses rêves, elle en a déjà si peu pour son âge.

Il est parti quand il a appris que Maya était malade. Au début, j'avais une haine tellement forte envers lui que je me mettais à pleurer dès que je voyais une photo de lui ou que quelqu'un le mentionnait. Maintenant, j'ai appris à me faire à son absence. Je l'aimais et l'admirait tellement... je n'avais que lui.

Je me souviendrai toujours des derniers mots de mon père avant qu'il ne parte pour toujours. Qu'il m'aimait, que je resterais son fils, qu'il ne m'oublierait jamais, mais que parfois, il fallait savoir faire certains sacrifices. C'est la dernière leçon de vie qu'il m'ait enseignée.

Quant à notre mère... elle a toujours été absente de mon cœur, mais elle n'a jamais vraiment cherché à y entrer. Rien ne semble préconiser une quelconque présence maternelle dans cette maison. Maya a depuis longtemps abandonné l'idée d'avoir une vraie mère qui s'occupe d'elle. Qui lui raconte des histoires avant de dormir, qui lui fait à manger, l'aide à trouver des habits, qui la rassure à l'hôpital, ou qui vient la chercher après l'école en lui donnant son goûter une fois arrivées à la maison ... tout ça, elle sait que c'est moi qui m'en occupe.

Lorsque ma mère daigne se montrer, elle ne reste jamais plus d'une vingtaine de minutes, et en repartant, elle laisse dans son sillage l'odeur de la laque bon marché. Elle ne reste alors qu'un mirage.

Une boule de colère et de tristesse amère me fait serrer les mâchoires. C'est tellement injuste. Maya mérite d'avoir une vie normale. Une famille qui l'aime. Je suis là évidemment, et les Colins aussi, mais parfois je me demande si à moi seul je ne lui suffirais jamais.

-Bon, dis-je dans un long soupir. C'est pour quoi, cette fois-ci ?

- Je veux pas y aller, c'est tout.

-Il s'est passé quelque chose dont tu ne m'aurais pas parlé ?

Je m'assieds près d'elle, et l'aide à finir de s'habiller. Elle ne me repousse pas, ce qui est déjà un bon signe.

-C'est Emma.

-Emma ? Mais je croyais que c'était ton amie ? Demandais-je, surpris. Ta meilleure amie pour toujours même, selon tes propres mots.

-Oui, eh ben, c'est plus ma meilleure amie pour toujours !

-Maya... tu sais bien que l'amitié ça ne fonctionne pas comme ça. Tu ne peux pas oublier du jour au lendemain une personne qui a été aussi chère à tes yeux.

Elle me regarde, et soudainement, ses yeux se remplissent de larmes.

-Mais Nash, c'est pas moi qui l'aime plus. C'est elle !