2000. Je lis le Prisonnier d'Azkaban à sa sortie, je pense à ça sans avoir aucune idée de ce qu'est un ship parce que je ne connais encore personne avec qui en parler. 2004, la sortie du film me le rappelle et je l'écris. Je ne l'ai jamais partagé.
2020. C'est soft, et longuet mais je le partage tel quel, sinon il ne sortira jamais du tiroir. Lupercalia ne pourra pas l'intégrer et... Ce n'est pas plus mal ?
Il aurait dû y avoir trois lettres : la seconde, écrite par Remus, a disparu un jour entre deux disquettes (!), et la troisième n'a jamais été écrite.
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Ce jour-là, j'ai su que plus rien ne résonnerai jamais comme avant.
Nos jeux idiots.
Nos rires dans les couloirs.
Leurs échos sont partis en fumée.
On ne peut pas attraper de la fumée simplement avec les mains. Il faut la respirer. La respirer de toute son âme.
Comment savoir pourquoi notre enfance s'est dissipée ce matin de décembre ?
Si j'avais su, peut-être que quelque chose de plus beau se serait élevé sur les cendres de cette jeunesse, j'aurais réussi à sourire aux paysages de notre adolescence qui défilaient derrière la vitre du train.
En face de moi, tes paupières fines comme des fleurs d'hiver papillonnaient.
Épuisé.
Fatigué de cette présence qui te repoussait au fond de toi-même.
Cette nuit-là...
En contemplant tes yeux perdu parmi des nuages rescapés, j'admire cette force qui t'aide à te relever à chaque nouveau cycle de la Lune.
On dit que le chien est le frère du loup et le meilleur ami de l'homme.
Quand tu es loup, combien de joies nous partageons..! C'est sans doute sous ces formes que nous sommes plus complices. C'est sous la forme de l'animal le plus docile et le plus obéissant du monde que je suis le plus proche de toi.
J'en viens à attendre la pleine Lune pour retrouver cette complicité qui n'a pas de nom, qui n'en demande pas, pas plus que d'autres mots...
Petit frère...
Je suis à tes pieds.
Tremblant de douleur.
M'accrochant et pleurant jusqu'à en avoir mal.
Comme tu l'as fait cette nuit-là.
La confiance que tu as en moi et aveugle.
Pareille à l'Amour, les yeux crevés par la Folie.
Ce matin-là...
Tout le monde était grisé par l'ambiance des fêtes.
Sauf nous deux.
Ce matin-là.
Le Soleil levant ressemble parfois à un sablier dont chaque grain compte, pareil à une éternité.
Comme des siècles de douleur depuis...
Ce matin-là.
Un matin de décembre aux lumières farouches.
Et toi, si fatigué que nous avions décidé de ne te réveiller qu'au dernier moment.
Juste au moment de partir.
Juste au moment où les premiers rayons du Soleil éclairaient ton visage endormi.
Juste au moment où...
Ce matin-là...
Je me souviens de chaque frémissement de l'air.
Je me souviens de chaque seconde, pour une éternité.
Certaines durent si longtemps qu'on se demande parfois si on respire toujours.
Que l'on se demande parfois ce qui nous fait tenir toujours debout.
J'étais pourtant debout, ce matin-là.
A te regarder.
Tremblant.
Ton visage endormi.
Cette peau si blanche et ces veines trop fragiles qui palpitaient.
Tes cheveux bruns, en bataille, encore mouillés de tes cauchemars.
Tes paupières closes, toutes fines.
Ta bouche entrouverte qui criait des mots muets.
Ce matin-là...
Le Soleil t'a illuminé durant une seconde entière.
Il m'a offert cette seconde.
Et tu as continué de briller pour l'éternité.
Sans mouvement, le temps n'est pas.
Et si le Soleil ne s'était pas levé pour cette seconde?
Ce matin-là...
La gare était bleue, comme ceux qui me collent au cœur.
Tu tremblais encore. Tes gestes étaient pareils à ceux des enfants malades.
Epuisé par cette force qui te dévorait.
Comme cette nuit...
Comme ce matin...
Avant de descendre, tu as empoigné ma cape. Tu riais, en disant que tu ne me quitterais pas sans emporter quelque chose m'appartenant.
Mais Moony...
Tu avais déjà mon cœur.
Je l'ai posée sur tes épaules, laissant mes mains s'attarder sur deux rondeurs, un peu crispées par la douleur ou la fatigue.
Je l'ai attachée à ton cou, volant une nouvelle seconde à l'éternité pour effleurer la peau de ta nuque.
Sur le quai, tes parents t'attendaient, un peu anxieux, de l'amour jusqu'au fond des yeux.
J'ai dit « Au revoir »
J'ai dit « Joyeux Noël »
J'ai dit d'autres mots muets.
Est-ce que tes yeux les ont accrochés ?
Et j'ai tourné le dos. Pour une seconde où tu ne souriais qu'à moi.
Pour une seconde où, à mon tour, je serais tombé, hurlant, dans tes bras.
Ce soir-là...
Je n'ai pas réussi à sourire.
Tout seul dans le noir de ma chambre.
Je n'ai pas eu la force d'allumer des bougies. Toute cette ombre me rassurait, et puis, je pouvais faire défiler les images que je préfère.
Du bout de la baguette, je dessinais sans trop y croire des bulles d'argent. On dirait de pâles reflets de la Lune, dehors.
Il a neigé toute la journée, mais les nuages sont partis en fumée.
On dirait que ce sont de vraies étoiles qui sont tombées en plumes sur le sol.
Tellement celles du ciel les illuminent...
Tellement elle est blanche...
J'ai marché. Longtemps. Contemplant la Lune comme ton visage, ce matin-là. Tombant à genoux devant ce qui me dépasse.
Ecorchant mes mains sur des pierres cachées.
Regarde, Lune...
Une seule goutte de sang, sur toute cette neige...
C'est un peu comme une seconde pour une éternité, non ?
Lune, regarde...
Les fleurs qu'elle dessine sur le cristal.
C'est ma passion qui n'aura pas de lendemain.
Ce soir-là...
Est-ce que tes yeux les auront accrochées...
Ces lettres rouges ?&
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Arlequin
RandomFonds de tiroirs, pages déchirées, lambeaux de journaux, pensées en fugue, Guirlandes Un patchwork de pièces usées et lointaines Un carnaval décousu Un manteau d'Arlequin Couverture : Akiya Kageichi