Eros et Thanatos (ballet)

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Au commencement, il y avait le Chaos :

Au désordre répondait la lumière,

A la lumière répondait le mouvement.

Chaos était le nom et la forme de toute vie.

Il n'avait de cesse de se décomposer et de se recomposer,

Mouvant et vif d'une énergie

A inventer.

Du désordre, un jour, jaillit une étincelle

Déjà poursuivie sans relâche par une ombre mortifère.

La force créatrice, la fureur destructrice

Se défaisaient et se refaisaient sans trêve.

Immortels et sacrés, de race cosmique,

Nés pour s'affronter avant même d'exister,

Ainsi jaillirent Eros et Thanatos.

Mais au pied des temples anciens,

Immémoriaux,

Nous, célébrons la vie !

C'est le printemps, la joie est pleine et le jour bien tendre.

Ils se sont rencontrés sur les bords de la mer,

Illuminés par ses vagues enchanteresses,

Enfants baignés de sa clarté.

C'est le printemps :

Voilà qu'elle échange une danse avec l'inconnu,

Qu'elle échange, sous les beaux vœux d'Eros,

Bientôt davantage que trois pas sur le sable.

Mais au-dessus des fronts audacieux

Thanatos n'a rien oublié de l'ancienne querelle :

Ses foudres s'abattent sur les messagers d'Eros.

Dans le ciel immortel, la discorde originelle gronde,

Sans cesse éteinte et ravivée

Comme les vagues, sans trêve.

Tandis qu'en bas, au pied des ruines,

Ils dansent à la gloire d'Eros.

Des fiançailles, un mariage :

C'est la célébration de l'amour !

Les festivités pourraient ne jamais s'achever,

Lui et elle s'abreuveraient de vie,

Ivresse amoureuse...

La destinée née du Chaos ne peut s'y résoudre

Et au milieu des jeux et des serments

Voilà qu'il donne la morsure fatale,

Thanatos. Il surgit, sa furie à la hauteur de la force d'Eros,

L'éternel ennemi, l'invincible et terrible,

Indissociable ennemi.

Alors renaît l'immémoriale bataille

Des forces primitives.

Et tandis qu'Eros protège le jeune époux,

Thanatos arrache son dernier souffle

A la jeune épousée.

Ils se sont rencontrés sur les bords de la mer

Sans songer autrefois que l'éclat des vagues

Avec le soleil

Dissimulaient un abîme si insondable,

Pareil à la fureur divine.


Ces deux poèmes ont été composés pour l'ouverture de deux ballets

C'est aussi et avant tout

un héritage familial

d'amour

et

d'art

ArlequinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant