Maman m'a toujours dit que j'avais l'écharpe la moins bien éduquée du monde – ce qui était totalement faux. Mon écharpe turquoise était tout à fait ordinaire : quand elle ne se lovait pas amoureusement autour de mon cou, elle aimait se prélasser au fond de mon lit ou au coin d'un bon feu de cheminée.
Il était vrai, cependant, qu'elle pouvait se montrer parfois un peu agaçante. Comme ce matin, par exemple. Ce fut elle qui me tira du sommeil : sans aucune gêne, elle se glissa sous les couvertures de mon lit, et, du bout de sa frange, me chatouilla le visage :
— Tu exagères, grommelai-je. Je faisais un beau rêve.
À tâtons, je mis la main sur mon réveil et soupirai : midi n'était même pas encore affiché. Je me frottai les yeux tandis que mon écharpe me taquinait joyeusement, de peur sans doute que je ne songe à me rendormir. Bâillant à m'en décrocher la mâchoire, je repoussai mes couvertures encore chaudes de sommeil et me levai. Tirant les rideaux de ma fenêtre, je grimaçai : il pleuvait encore. Avec un temps pareil, impossible de me rendre sur le Chemin de Traverse pour flâner dans les boutiques. Les vacances avaient commencé depuis bientôt trois semaines, et se déroulaient dans une banalité des plus affligeante.
Je nouai la ceinture d'un peignoir autour de ma taille et tentai de dompter ma chevelure hirsute, sans arriver à quelque chose de concluant. Mon charmant miroir me le fit remarquer en me lançant un sonore tu pourrais te coiffer, espèce de débraillée !
J'adorais ce miroir, cadeau de mes grands-parents sorciers. Je tirai la langue à mon reflet et grimaçai : un bouton avait poussé au milieu de mon front. Dommage que je ne puisse pas encore utiliser ma baguette magique avant la majorité : un petit sortilège de pète-bouton et le tour aurait été joué.
Tant pis, je me tartinerais le front de dentifrice.
Je m'arrachai à la contemplation de mon image sous le rire moqueur du miroir, et tendis la main à mon écharpe qui s'enroula aussitôt sur mes épaules.
Je sortis de ma chambre et descendis l'escalier. Il n'y avait personne à la maison : papa m'avait prévenue la veille qu'il rentrerait sûrement tard de son travail ; quant à ma mère, elle était partie en France depuis quelques jours pour la promotion de son dernier roman, Amour sur un Balai.
Je me préparai un copieux petit-déjeuner. S'alignèrent sur un plateau une tasse de chocolat crémeux, un verre de jus de citrouille frais, des œufs brouillés, des toasts et du bacon grillé. Prenant bien soin de ne rien renverser, je regagnai le salon et restai de longues minutes devant la télévision à choisir un programme convenable, avant d'arrêter mon choix sur une rediffusion du Top 50. Je m'installai confortablement sur le canapé en cuir blanc, et posai en équilibre sur mes genoux le plateau.
Je beurrai mes toasts quand j'entendis un bruit inhabituel : quelque chose tapait à la fenêtre de la cuisine. Tout en rouspétant, je me levai pour aller ouvrir à un hibou porteur d'une lettre. L'oiseau se posa gracieusement sur la table et me tendit sa patte. Je détachai le courrier, et fronçai les sourcils en voyant qu'il m'était destiné. En regardant plus attentivement le cachet, je me rendis compte qu'il s'agissait des résultats de mes examens.
Les BUSE ! Comment avais-je pu oublier ? Les mains tremblantes, je déchirai l'enveloppe :
BREVET UNIVERSEL DE SORCELLERIE ÉLÉMENTAIRE
POLLY MCBEE
A OBTENU
ASTRONOMIE : À
BOTANIQUE : E
DÉFENSE CONTRE LES FORCES DU MAL : E
ÉTUDE DES MOLDUS : O
ÉTUDE DES RUNES : À
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Pensées Pittoresques d'une Poufsouffle
FanfictionSeptembre 1989. Polly McBee est la plus heureuse des sorcières: elle retourne à Poudlard! Mais entre les cours, les copines et le Quidditch, l'année va être mouvementée... La vie, c'est comme les dragées surprises de Bertie Crochue: on ne sait jamai...