Chapitre 29 - Papi Moustache

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Je rêvai que je ratais le Poudlard Express. Je courais derrière le train, le suppliant de s'arrêter, ma valise bondissant sur les traverses de la voie ferrée. Un passager avait passé sa tête par la fenêtre et criait mon prénom :

– Polly ! Plus vite, Polly !

– Polly ! Réveille-toi ma poupette.

J'ouvris péniblement les yeux et entraperçus la silhouette de ma mère au-dessus de moi.

– Maman ? grognai-je, la bouche sèche.

Je regardai autour de moi. Je distinguai vaguement les contours d'une armoire imposante, d'une table de chevet, de lourdes tentures. Où étais-je ? Poudlard ? La maison ? Non, il manquait mes affiches de Quidditch. Tout me revint alors : j'étais encore en Écosse, chez mes grands-parents.

– S'passe ? demandai-je, encore ensommeillée.

– C'est ta mamie, ma poupette, elle...

Maman étouffa un sanglot et je fus tout à fait réveillée.

– Quoi mamie ?

– Elle nous a quittés.

oOo oOo oOo

Mamie Grenouille s'était éteinte tranquillement dans son sommeil à l'âge de soixante-dix-sept ans.

J'allai à son enterrement, en état de choc : j'avais toujours pensé qu'elle était une de ces mamies immortelles... Maman était inconsolable et s'accrochait au bras de mon père. Quant à Papi Moustache, il semblait naviguer sur une autre planète.

Un office religieux avait été prononcé : les copines du bridge de mamie et quelques familiers s'étaient regroupés autour de nous, tandis que le pasteur prononçait quelques paroles de réconfort. Papi me serrait la main, le regard dans le vague et, voyant qu'il frissonnait, je détachai mon écharpe du cou pour la nouer autour du sien.

– Tu es une gentille petite, me dit-il, les yeux embués de larmes.

À la fin de l'homélie, il fallut encore recevoir les condoléances de chacun. Pour beaucoup, mamie allait leur manquer (« nos parties de bridge n'auront plus la même saveur ») et pour les autres, ils nous exprimèrent leurs plus sincères condoléances (« elle venait juste acheter mes légumes dans mon commerce, mais elle avait toujours un mot gentil »).

Une petite grand-mère s'approcha de moi et me serra doucement la main en me demandant si Mamie Grenouille n'avait pas laissé par hasard sa fameuse recette du gâteau au yaourt. Si je fus un peu surprise de sa requête, je lui promis néanmoins de faire des recherches.

La nuit tombait quand nous rentrâmes dans le petit cottage de papi. Maman déclara préférer aller se coucher sans manger. Papi alluma la télévision et regarda sans vraiment voir une rediffusion de Top Gear.

– Je me fais du souci pour papi, dis-je doucement à mon père tandis que nous préparions une espèce de dîner dans la cuisine. On pourrait...

Je laissai ma phrase en suspens et finis de beurrer le pain de mie en silence.

– Quoi ? demanda papa.

– On pourrait peut-être le ramener à la maison, le temps qu'il se reprenne ?

Mon père réfléchit, triturant sa baguette dans tous les sens, signe d'une grande agitation.

– J'ai bien peur que cette solution ne dure longtemps, Polly, finit-il par dire, gravement.

– Mais on ne peut pas le laisser ici tout seul ! dis-je d'une toute petite voix.

– Je sais bien, soupira papa. Mais je... Nous verrons ça demain avec ta mère, d'accord ? Allons manger.

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant