Chapitre 79 - Une Magicienne nommée Polly

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Seize ans plus tard

Ce fut le réveil qui me tira du sommeil. Je grommelai : je faisais un beau rêve, dans lequel je repartais à Poudlard. Bâillant à m'en décrocher la mâchoire, je repoussai mon côté de couverture en veillant à ne pas réveiller Charlie.

Le pauvre : il avait été malade toute la nuit. Sa respiration sifflante me fit de la peine, mais aujourd'hui, il n'y échapperait pas : je passerais chez l'apothicaire à mon retour pour refaire le plein de Pimentine.

Je nouai la ceinture de mon peignoir autour de ma taille, puis sortis de la chambre en traînant des pieds, avant de m'enfermer dans la salle de bain.

Autant profiter du calme avant la tempête.

Tout en me brossant les dents, je notai que quelques mèches grises clairsemaient ma chevelure au niveau des tempes.

Que faire ? Laisser tel quel ou utiliser un colorant ?

– C'est pas beau de vieillir, marmonnai-je à mon reflet.

Une fois douchée et habillée, j'allai réveiller mes enfants.

Je toquai d'abord à la porte de la chambre de mon aîné avant d'entrer. Je traversai avec soin la pièce, de peur de me cogner sur sa valise ou de marcher sur ses jouets — pardon, ses « objets de collection » — qui traînaient sur le sol.

– Debout mon chaton, il faut se lever ! chantonnai-je à l'adresse du tas de couvertures qui surplombait le lit.

Je tirai d'un coup sec les rideaux, ouvris la fenêtre et poussai les volets. Un vent frais entra dans la chambre et j'entendis Jamie grommeler.

L'aube se levait à peine et chassait les dernières étoiles du ciel. Une bonne odeur de terre mouillée me chatouilla les narines.

– Jamie, je ne te le dirai pas deux fois, répétai-je en me tournant vers lui.

Un grognement inintelligible me répondit et j'employai la manière forte en faisant léviter son édredon à l'aide de ma baguette.

– Maman ! rouspéta-t-il, furieux d'être ainsi exposé au froid du petit matin.

– Debout jeune homme ! On part dans deux heures. Et tu me feras le plaisir de ranger un peu ta chambre.

Je sortis en laissant mon bougon de fils émerger de son sommeil pour me rendre dans la chambre en face de la sienne.

Évidemment, le lit était vide.

Je descendis dans la cuisine pour y trouver ma fille attablée devant son petit déjeuner. Olivia leva les yeux vers moi quand j'entrai et me souris :

– Bonjour maman !

– Bonjour mon petit hibou. Bien dormi ?

Elle leva la tête pour recevoir son bisou du matin. J'en profitai pour la serrer un instant contre moi, avant de préparer ma tasse de café.

Je m'installai devant elle et fis léviter tasse et cafetière devant moi, tandis qu'Olivia beurrait avec soin mes tartines.

– J'ai entendu papa tousser toute la nuit, dit-elle.

– Il a la grippe. Il ne vous emmènera pas à l'école cette fois-ci.

Olivia fut déçue : elle adorait son père. Elle lui ressemblait d'ailleurs, d'une manière frappante : elle avait hérité de ses cheveux roux et de ses innombrables taches de rousseur.

Jamie en revanche tenait de moi : nous partagions le même désespoir chaque matin devant le miroir à tenter de dompter notre chevelure châtain hirsute.

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant