Chapitre 41 - La Saint Valentin

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Les Nullos se proposèrent de mener l'enquête, déclarant qu'ils avaient vu assez d'épisodes d'Hercule Poirot pour retrouver le coupable.

Première étape de leur investigation : trouver un titre accrocheur à leur enquête. « Le Mystère de la Chocogrenouille » remporta tous les suffrages.

Charlie se remit doucement de son empoisonnement. Il ne se souvenait pas de grand-chose, mais se jura de ne plus jamais manger une chocogrenouille de sa vie. Tout comme Will, il avait cru que c'était moi qui lui avais offert la boîte de chocolats. Et quand il me montra le petit carton accompagnant le présent, je dus convenir qu'en effet, l'écriture était la mienne.

– Soit on a fouillé dans tes affaires, soit on a piqué un de tes parchemins, certifièrent les Nullos en se frottant le menton. Donc le coupable est un Poufsouffle ou quelqu'un d'une autre maison.

– Ça m'avance beaucoup ce que vous dites !

Tonks eut un peu plus de bon sens : selon elle, l'expéditeur n'avait pas eu l'intention d'empoisonner Charlie, mais avait cherché à le faire tomber désespérément amoureux d'elle — ou de lui. Cette constatation me donna des sueurs froides et je fis jurer à Charlie de ne plus jamais manger tout ce qui proviendrait de chez Honeydukes.

– Polly, tu sais que je t'aime, mais de là à renier à tout jamais les Chocoballes et les Patacitrouilles ! ronchonna-t-il.

oOo oOo oOo

Je n'eus pas le loisir de mener plus loin ma propre enquête sur le Mystère des Chocogrenouilles (© les Nullos), étant rattrapée par la tonne de devoirs. Ma priorité absolue restait ma thèse qui n'avançait pas et il me fallait beaucoup de courage pour aller à mes rendez-vous hebdomadaires que Binns m'avait imposés.

Si j'appris une chose durant nos entretiens, c'était qu'il fallait toujours se méfier du fantôme qui dormait.

Tous les mardis soir, je me rendais après le dîner au bureau de mon professeur d'histoire. Là, je lui faisais part de mes recherches à la bibliothèque (bientôt, je prendrais un abonnement annuel dans l'antre de Mrs Pince !). Binns me reprenait souvent, apportant quelques corrections ou anecdotes (à croire qu'il avait personnellement connu ces reines). Lors de ces séances, j'avais toujours sur moi un petit carnet gris que je griffonnais. J'avais même fini par ensorceler une plume afin qu'elle ne manque jamais d'encre (« oui, bon, tu as inventé le stylo bille », me refroidirent les Nullos quand je leur montrai l'étendue de mon génie).

– Non, non, non, Miss McBee ! me reprit Binns alors que je lui faisais part de mes recherches sur Marie-Antoinette. Il est tout à fait incorrect que la reine ait déclaré « s'ils ont faim, qu'ils mangent des Fizwizbizs ! ». Et puis, son fantôme ne hante pas les couloirs de Versailles, mais les jardins du Trianon. C'est Louis XIV qu'on trouve au château.

Le carnet sur mes genoux, je grattai aussi vite que possible les propos de Binns.

Je revenais de ces séances avec des cloques plein les doigts et la tête embrouillée de dates. Mais encore fallait-il que je mette tout ça au propre. Il n'était alors pas rare que je me couche vers une ou deux heures du matin, afin de travailler ma thèse et de faire les devoirs infligés par les autres professeurs.

Je passais aussi énormément de temps à la bibliothèque à hanter les rayons ayant trait à l'Histoire de la Magie. Parfois, les filles m'accompagnaient, et nous travaillions alors dans un silence quasi religieux.

De toutes les souveraines ayant régné, la plus secrète reste l'impératrice Élisabeth d'Autriche, aussi connue sous le surnom de Sissi. Elle naît un jour de Noël 1837, du duc et de la duchesse en Bavière. Il apparaît très tôt que la petite princesse possède des pouvoirs magiques, mais comme son statut de duchesse en Bavière lui interdit de se scolariser dans une école de sorcellerie (ses parents auraient choisi Poudlard), c'est un vieux professeur de métamorphose allemand qui lui enseigna la magie. Sa baguette magique faisait vingt-quatre cm et était faite en bois de rose et crin de licorne. Alors qu'elle allait passer ses BUSE par correspondance, elle rencontra le jeune empereur autrichien François Joseph Ier, qui en tomba fol amoureux. Certains détracteurs diront que Sissi aurait versé de l'Amortentia dans la boisson de l'empereur.

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant