Chapitre 45 - 24 ans plus tard

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Comme une somnambule, je pris une douche et m'habillai. Ni Tonks ni Rose n'étaient revenues dans le dortoir et je me retrouvai seule avec mes pensées.

Charlie avait eu raison depuis le début. Ce n'était pas mon amitié que Buchanan recherchait. Il était bel et bien amoureux de moi.

« Et moi, dans tout ça ? » me demandai-je, amèrement.

J'étais déçue et je me sentais trahie. Les paroles qu'il avait prononcées lors du déjeuner du jour de l'an n'étaient pas ambiguës. Buchanan cherchait réellement à gagner mon cœur.

Rageusement, je nouai mon écharpe autour de mon cou en songeant à Charlie. Si je lui disais ce qu'il s'était passé, il chercherait sans aucun doute à assassiner cet abominable Serdaigle. D'un autre côté, je lui avais promis que je ne lui ferais plus de cachotteries...

Je ne croisai personne sur le chemin menant à la Grande Salle. Le soleil avait décidé de montrer le bout de son nez et les élèves avaient pris le chemin du parc pour profiter un peu de la chaleur.

Ma tête me tournait un peu après le réveil brutal de Tonks et j'avais faim. Mais j'étais contente de m'être réconciliée avec Charlie et ce fut d'un pas léger que je le rejoignis, savourant d'avance cette belle journée.

Il m'attendait au pied de l'escalier en marbre. Dès que je le vis, je sus aussitôt que quelque chose n'allait pas et je sentis mon estomac se nouer.

– On y va ? m'exclamai-je d'une voix que j'espérais joyeuse.

Il me jeta un regard qui me pétrifia. Ses yeux exprimaient à la fois de la colère, le dégoût et la tristesse. Il serrait et desserrait son poing.

– Pourquoi ne pas y aller avec lui ? demanda-t-il d'une voix tremblante.

– Qui ça « lui » ?

Charlie ne dit rien, mais son silence valait mille mots.

James Buchanan.

Je fus prise d'un frisson et vacillai.

Il savait. Il savait que Buchanan m'avait embrassée.

J'ouvris plusieurs fois la bouche, incapable de prononcer un mot. Charlie ne me quitta pas du regard. Il était pâle sous sa chevelure rousse.

– Tu n'essayes même pas de t'excuser ? dit-il d'une voix sourde.

– Je ne l'ai pas voulu, crois-moi.

– J'ai horreur qu'on me prenne pour un con, Polly. Et ça va faire la deuxième fois.

– Charlie, je t'assure que je ne l'ai pas voulu ! répétai-je.

Je voulus lui prendre la main, mais il me repoussa brutalement.

– Je ne sais vraiment plus quoi penser de toi. À chaque fois que je t'offre mon cœur, tu le piétines. Tu deviens vraiment douée à ce petit jeu.

Je fus trop estomaquée pour lui répondre. Parce qu'il croyait que tout ça m'amusait ?

– Tu te trompes, finis-je par dire avec froideur.

– Alors, dis-moi que cette petite enflure ne t'a pas embrassée ! Dis-moi qu'il ne t'aime pas !

Je respirais par à-coups, les larmes me venant aux yeux. Quelque chose se brisait entre nous. Pour une raison que je ne comprenais pas, j'étais en train de perdre l'homme que j'aimais. Je déglutis péniblement, consciente que je devais choisir avec soin les prochains mots.

– Je ne sais pas ce que tu as vu — ou pas. Mais je ne l'ai jamais aimé.

– Je n'ai rien vu, on m'a tout raconté, gronda-t-il.

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant