Ce fut une dispute qui me réveilla. Tâtonnant le lit à ma droite, je le trouvai vide, aussi compris-je qui se disputait avec véhémence en ce dimanche matin. J'hésitai entre me cacher sous mes couvertures et faire semblant de n'avoir rien entendu, ou au contraire, utiliser un sortilège de mutisme sur les deux idiots.
June décida pour moi : elle passa sa tête dans l'embrasure de la porte et me demanda de calmer les deux garçons. C'était un fait indéniable : Charlie Weasley et Orazio d'Aprile n'étaient pas faits pour s'entendre.
– J'arrive, soupirai-je.
J'enfilai un pull par-dessus mon pyjama, attachai mes cheveux et rejoignis la cuisine en traînant des pieds.
– Pour la dernière fois, mio caro Carlos (1), je dis juste que le drago n'est que le fruit d'une evoluzione avec les dinosaures ! Prends le Dimorphodon per esempio, il a toutes les caractéristiques du drago !
– Le Dimorphodon mesurait à peine un mètre ! râla Charlie, qui, assez étrangement, s'y connaissant en dinosaures. On parle de dragons mesurant de six à sept mètres, qui avoisinent les cinq tonnes et qui volent ! Je le sais puisque c'est mon travail ! Rien à voir avec les dinosaures.
– Les recherches du professore Grant en Chine attestent l'existence du Zhenyuanlong, il primo dinosauro à plumes jamais découvert ! Et ces fossiles datent de l'ère du Jurassique ! Je le sais, puisque j'y étais quand on les a découverts !
– Des plumes pour la parade nuptiale, nuance ! corrigea Charlie.
– Prends le vélociraptor, renchérit Orazio, qui n'en démordait pas. Regarde son schelettro(2) : l'os pubien tourné vers l'arrière, comme un oiseau, les vertèbres remplies de poches d'air comme un oiseau... Et le mot même Vélociraptor veut dire « oiseau de proie ! ».
– Sinon, j'ai bien dormi, merci de me le demander.
Orazio et Charlie tournèrent leurs têtes vers moi et le même sourire ravi apparut sur leurs visages. Charlie m'embrassa et Orazio se leva pour me verser une tasse de café et une assiette de pancakes qu'il avait vraisemblablement préparée.
– Bien dormi ? m'enquis-je.
– Bof. C'est jamais rigolo de dormire sur le canapé des autres. Je vais certainement mourir du dos dans les prochains giorno, mais ça va aller.
– Tu n'en fais pas un peu trop ?
– Leggermente (3)... ricana-t-il.
La tête encore embuée de sommeil, j'écoutai Charlie et Orazio reprendre leur passionnant débat dragon/dinosaure qu'ils avaient déjà entamé la veille, et sur lequel ils n'étaient toujours pas d'accord. June avait été plus maligne : elle s'était enfermée dans la salle de bains et chantait fort un air d'aria en italien.
– D'accord, très bien Monsieur le professeur ! finit par s'écrier Charlie. Je t'emmène cette semaine à la réserve du Pays de Galles, on verra si tu peux tenir ta théorie stupide sur les dragons devant des dracologues qui ont plus de quarante ans de métier !
Quelqu'un toqua alors à la porte. Aussitôt, nous nous figeâmes sur nos chaises. Il n'était plus question de petit déjeuner, de dimanche matin tranquille et de discussions amicales. Je posai ma main sur ma baguette, Orazio et Charlie en firent de même. Mon fiancé se leva doucement, tendu, et Orazio le suivit, menaçant.
– Qui est là ? demanda Charlie d'une voix forte.
– C'est Tonks.
Charlie se tourna vers moi : la méfiance n'avait pas disparu pour autant.
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Pensées Pittoresques d'une Poufsouffle
FanfictionSeptembre 1989. Polly McBee est la plus heureuse des sorcières: elle retourne à Poudlard! Mais entre les cours, les copines et le Quidditch, l'année va être mouvementée... La vie, c'est comme les dragées surprises de Bertie Crochue: on ne sait jamai...