Pensées Pittoresques d'une Poufsouffle

Chapitre 46 - Trahison

Assise dans le bureau de Dumbledore, j'attendais que celui-ci revienne. Il était parti quelques minutes plus tôt accueillir mes parents et m'avait priée de me servir de bonbons à la menthe si je le souhaitais.

Aussitôt après que Charlie m'eut appris que j'avais été absente deux semaines, il m'avait emmenée au bureau de McGonagall, qui avait aussitôt averti le professeur Chourave et Dumbledore. Le directeur m'avait priée de l'accompagner dans son propre bureau pour un entretien, tandis que ma directrice de maison envoyait un hibou express à mes parents et au bureau des Aurors.

Calée au fond d'un confortable fauteuil face au bureau directorial, je fixais d'un œil anxieux les personnages des tableaux qui chuchotaient entre eux. Sur un perchoir, un oisillon d'une grande laideur pépiait doucement.

Je n'arrivais pas à calmer mon affolement.

Deux semaines ?

Mais comment Morrow avait-il pu être si étourdi ? Je me souvins du drôle de regard que l'autre Polly lui avait lancé avant de partir. Elle savait qu'un incident dans ce genre se produirait et pour cause : j'étais en ce moment même en train de le vivre ! La question était de savoir pourquoi l'avait-elle laissé faire...

Sur le moment, j'en voulus à Morrow de nous avoir mis dans une telle situation. Qu'allais-je bien pouvoir raconter à Dumbledore ? Que j'avais fait un bond dans le futur de vingt-quatre ans ? Il ne me croirait jamais !

Dumbledore ne tarda pas à revenir, préoccupé. Je me rencognai au dossier de mon siège et déglutis péniblement, certaine qu'il allait me passer un sacré savon.

– Tu pourras voir tes parents dans un petit moment, Polly, dit-il d'une voix douce. Mais avant, j'aimerais discuter...

– Le Professeur Morrow n'a rien fait de mal, je vous le jure ! m'exclamai-je, désemparée.

– Je te crois volontiers, Polly, mais, vois-tu, ni toi ni le Professeur Morrow n'avez donné le moindre signe de vie durant ces deux dernières semaines. Bien sûr, nous avons tous imaginé le pire... Les Aurors sont venus enquêter ici, à Poudlard. Tes parents se sont fait énormément de soucis. Tout le monde croyait que tu t'étais enfuie. Surtout que... enfin, Miss Tonks et Miss Merryweather m'ont rapporté que tu avais eu un chagrin de cœur.

Je pâlis. Super ! Tout Poudlard se figurait que j'avais pris la clé des champs avec Morrow ! J'ouvris et fermai la bouche à plusieurs reprises, les yeux grands ouverts.

– Ce n'est pas du tout ce qu'il s'est passé ! bafouillai-je. Je... enfin, c'est compliqué à expliquer parce que, voyez-vous...

– Le professeur Morrow est un Retourneur de Temps et qu'il t'a emmenée faire un voyage temporel ?

– Oui. Mais comment savez-vous que...

– Allons, Polly, je suis le directeur de ce collège, me coupa Dumbledore. Je dois connaître les antécédents des professeurs que j'emploie, surtout quand ça concerne la sécurité de mes élèves. Sois sans crainte, tu peux tout me dire.

Alors, je lui racontai tout, de mon arrivée à King's Cross en 2015, jusqu'à la discussion avec mon moi du futur. Lorsque j'eus fini mon récit, il avait un air pensif. Il finit par se lever de son bureau et fouilla dans ses papiers personnels.

– Cet été, j'ai reçu un courrier de cette fameuse Directrice du Département des Retourneurs de Temps. Elle me demandait de bien vouloir rencontrer un certain Tom Morrow. L'entretien devait avoir lieu en 1974.

Il me tendit un parchemin, et je reconnus immédiatement mon écriture :

Londres,

Le 24 mars 2016