Quand je débarque à l'appartement d'Hayden, à l'improviste, cela fait un mois que l'on ne s'est pas vu. Même si l'angoisse me serre la gorge, je n'ai aucune envie de faire demi-tour. J'ai eu une semaine remplie, entre examens et révisions, et je n'ai pas eu l'occasion de me pointer chez lui. Maintenant que je suis disponible, je ne vais pas laisser filer cette opportunité. Il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour que le propriétaire des lieux soit bien chez lui.
Je prends une grande inspiration, ravale mon envie de vomir et frappe à la porte. Aucun bruit ne me parvient de l'autre côté du battant. Abattu, j'en viens à la conclusion qu'Hayden n'est pas chez lui, au seul moment où je me bouge le cul. Forcément.
Je m'apprête à rejoindre l'escalier quand j'entends la porte s'ouvrir derrière moi. Lorsque je fais volte-face, je me retrouve devant un Hayden au visage fermé, de profondes cernes ancrées dans sa peau. À cette vue, mon cœur se serre dans ma poitrine. Je trouvais que j'avais une sale tête, ce n'était rien comparé à lui. Il semble très mal en point et je prends conscience que je n'ai pas été le seul à morfler pendant ce mois. Pendant que je le maudissais, lui devait s'en vouloir. J'avais beau le savoir, Lyana et Noam me l'avaient dit, le voir me marque bien plus. Mon beau Hayden, que t'est-il arrivé ?
Face à moi, il se frotte les yeux comme s'il pensait pouvoir faire disparaître une hallucination. Il jette un coup d'œil à gauche, un à droite. Il reporte son attention sur moi et murmure mon prénom. Ce n'est pas tout à fait une question, ni même une affirmation. Juste un son perdu qui me touche en plein cœur.
- Tu es vraiment là ?
- Oui, Hayden. Je pense qu'il faut qu'on parle, tous les deux.
Ses épaules s'affaissent un peu plus, comme si le poids du monde s'y appuyé. Croit-il que je viens mettre un terme définitif à notre histoire ? Il s'écarte du passage et m'invite à entrer. Me retrouver dans cet appartement que je connais si bien me désarçonne. J'y ai passé des moments formidables depuis que l'on est ensemble, ils semblent désormais si loin derrière nous. La porte se ferme tandis que je rejoins le canapé où je prends place sans qu'il ne m'y invite.
- Tu veux boire quelque chose ?
Le ton qui me parvient me fait tressaillir. Il est faible, bien loin de celui que je lui connais. Je ne retrouve pas ce timbre rauque que j'aime tant. Son assurance habituelle semble l'avoir complétement délaissé. Cette constatation me brise le cœur, mais je me dois de rester fort pour parvenir à exprimer ce que j'ai à lui dire.
- Un thé, s'il te plait.
- Je te prépare ça de suite.
Hayden rejoint la cuisine, met de l'eau à bouillir et entreprend de préparer deux tasses. Je ne le quitte pas du regard pendant tout ce temps. Si je suis là aujourd'hui, c'est pour parler avec lui. Je ne sais pas comment la conversation va évoluer et ça m'effraie. Même si je sais comment je veux quelle finisse, je ne sais pas si nous allons y parvenir.
Il me rejoint avec un plateau et dépose devant moi une tasse de mon arôme préféré. Cette attention me touche et je sens mon cœur tressauter dans ma poitrine. J'attrape la ficelle pour bouger le sachet, geste censé me permettre de reprendre contenance. Hayden m'imite et laisse échapper un soupir. Aucun de nous ne sait vraiment par quoi commencer...
Un silence s'abat sur la pièce et nous enveloppe. C'est comme si le monde ne tourne plus, comme si les secondes ne s'écoulent plus. Je porte ma tasse à mes lèvres et grimace quand je me brûle la langue. Je la repose et porte mon regard sur mon hôte. Il faut que je parle. Il faut que je brise cette tension avant qu'elle ne nous consume tous les deux.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
La question pourrait englober beaucoup de choses, pourtant ma question est précise et Hayden l'a bien compris.
VOUS LISEZ
Soul Moony
RomanceDans un monde où les soulmarks forment des couples, je ne suis pas vraiment à la recherche de mon âme sœur. En plus de ma chaîne YouTube, je déménage à New York pour poursuivre mon cursus à Columbia. Bien décidé à me focaliser sur mes études, je n'a...