Cependant il faut reconnaître que l'instruction de Maïmouna n'a pas été chose aisée du fait du scepticisme culturel de sa communauté qui voue une opposition radicale à la scolarisation féminine pour plusieurs raisons d'ailleurs. En effet dans certaines ethnies telle que la sienne, les filles sont considérées comme un fardeau pour la famille. Leur éducation n'a donc aucune importance car leur destin est d'être mariées jeunes et de s'occuper des tâches ménagères et des enfants.
En plus les parents, n'étant parfois jamais allés à l'école eux-mêmes, ne remettent pas en question les discriminations liées aux traditions culturelles de ne pas scolariser les filles. Dans certains pays, les violations des droits des filles sont si répandues et normalisées que les sanctions sont rares. A cela s'ajoute le fait que les familles en situation d'extrême pauvreté ne peuvent subvenir aux frais de scolarité de leurs enfants, et si elles le peuvent, elles font souvent le choix d'envoyer les garçons étudier.
Les personnes de sexe féminin, plus que les garçons, sont exposées à la maltraitance, aux violences physiques et morales, et aux abus sexuels à l'école, de la part du personnel éducatif ou des garçons, et sur le trajet de l'école, ce qui conduit de nombreux parents à retirer leurs filles de l'école.Heureusement pour elle grâce à une organisation non gouvernementale allemande en partenariat avec le centre culturelle germanique de Dakar en collaboration avec l'état du Sénégal par le biais du ministère de l'éducation nationale elle parvint à accéder à être scolarisée ainsi que d'autres enfants de même sexe après une campagne difficile avec l'appuie d'autres organismes de la région militants pour les droits des femmes. Sa mère,
a fini par convaincre son père
trop réticent et conservateur de la laisser fréquenter l'école car ses frères n'ont pas pu être scolarisés à temps. C'est à la suite de ces efforts considérables qu'elle eu accès à ce privilège, ce luxe, qui est un droit pour tout enfant.
Les motivations de cette matriarche étaient partagées par la plupart des familles en campagne, défavorisées. Dialika Cissé voulait juste une vie meilleure pour sa fille, car en restant sur place, son sort était scellé, il n'y avait que le mariage dont elle pouvait s'attendre au mieux. Pour lui éviter de subir les persécutions dont les femmes sont souvent victimes, c'était mieux qu'elle brase le chemin de l'école avec peu de chance elle parviendrait à se forger une vie dont elle serait fière sans contraintes majeures au-lieu de devoir se conformer à la tradition qui ne l'offrait aucun salut louable. A part l'agriculture de subsistance et la pêche artisanale, il n'existe pas vraiment d'activités économiques pouvant améliorer la substance dans cette contrée lointaine, éloignée de la civilisation mondaine.
Dans ce coin reculé, aride et précaire, les infrastructures sont presque inexistantes. Il n'y avait ni les forces de secours ni les forces de sécurité, la localité abritait absolument rien mis à part une maternité qui ne fonctionnait qu'en temps partiel du fait que les gens préféraient que les femmes accouchent dans la case plutôt qu'avec l'aide des toubibs. L'assistance médicale était mal perçue à cause de leurs croyances ancestrales, conservatrices et traditionnelles. Disons qu'ils se méfiaient de la modernité, par peur de perdre leur valeurs culturelles affirmaient-ils.
C'est pourquoi l'espérance de vie était en dessous de la moyenne nationale dans ces lieux et les taux de mortalité infantile et maternel étaient légèrement plus élevés dans cette partie de la région. Il n'y avait pas d'électricité, ni de téléphonie encore moins de la connexion internet. Même l'eau qu'ils buvaient n'était pas potable. Ils s'abreuvaient dans des puits car n'ayant ni forages ni robinets. Souvent ils souffraient de diarrhées et d'autres maladies souvent causées par la qualité de cette ressource vitale.
Même si cette précarité était imputable en grande partie à ces indigènes il n'en demeure pas moins que le gouvernement mais surtout les collectivités territoriales ont contribué à la défaillance économique et sociale qui prospérait dans cette zone éloignée. Les élus locaux avaient failli à leur responsabilité, ils ne se penchaient guère sur les préoccupations majeures des administrés inconscients, ignorants moins inquiets de leur sort aussi alarmante que paraissait-elle. Au lieu de sensibiliser ces derniers afin de les amener à changer leur façon de percevoir les choses pour les extirper des rouages de la pauvreté, ils préfèrent les diviser en clan, en groupe, afin de se maintenir au pouvoir pour alimenter leur propre solde, aggravant la situation de ceux-ci condamnés à la misère, à la dépravation, sans protection social, n'ayant pas accès aux services sociaux de base.
Malheureusement pour ces derniers leur clairvoyance se résumait qu'au mythes et aux traditions, ces croyances aussi utiles qu'elles pouvaient l'être pour eux n'amélioraient nullement leur manière de vivre si on en croit à la réalité. L'indécence était bien entretenue il faut croire. Ces obstacles de taille mettaient en péril tout espoir d'essor dans ce coin du pays.
C'est cette situation d'extrême précarité que Maïmouna était obligée d'assister au même titre que toutes les âmes de la localité. Elle faisait un trajet de six kilomètres pour se rendre à l'école primaire situé dans un village voisin à pied sans escorte ni compagnie le plus souvent. Elle était courageuse, dévouée et dotée d'une grande détermination. Chaque matin elle se réveillait à l'aube pour puiser de l'eau, faisait les travaux ménagères, balayait la cour et nourrissait les coqs avant de quitter. C'était sa routine de tous les jours. Ces efforts qu'elle consentait n'étaient pas vains.
A la fin de l'année scolaire elle s'en est sortie avec de très bon résultats. Ses succès scolaires lui permirent de gagner le respect de ses enseignants. Durant son parcours elle a remporté de nombreuses fois le prix du meilleur élève du terroir. Tout le village était fier d'elle plus particulièrement sa famille. Elle était une référence pour les autres car inspirait tout ce qu'il y a de plus merveilleux chez une écolière de par sa politesse, et dévouement au travail. Les efforts sont toujours récompensés, qu'il s'agit de succès ou d'échec, l'expérience qu'on tire de l'aventure est toujours crucial et bénéfique à l'être humain. L'adversité améliore nos qualités et nos aptitudes par conséquence l'on ne doit de craindre le changement qu'elle nous apporte même s'il faut reconnaître le lourd fardeau que constitue l'incertitude dans les prises décisions devant éclairer nos actions.