Maïmouna a toujours eu peur de décevoir les gens, de se retrouver en mauvaise posture. Cette crainte qu'elle éprouve la pousse à surveiller ses arrières sans arrêts. Durant toute sa vie elle a été pour le moins irréprochable pour la plupart du temps. C'est sans doute ce qui la rend si vulnérable à l'orée de cette convocation.
Cela dit elle n'a pas pu fermer l'œil de la nuit. Malgré les efforts désespérés de ses cousins afin de la rassurer, elle semblait méfiante à l'idée de devoir rencontrer la directrice général. Il était quelque peu bien avisé de sa part de faire preuve d'autant de retenue que de prudence car elle ignorait à quoi elle devait s'attendre, est-ce une sanction ou une promotion qui se profilait à l'horizon ? Elle n'en avait la moindre information. Par ailleurs il faut reconnaître qu'il y a de quoi s'inquiéter vu les réalités qui existent dans le milieu professionnel où la jalousie, la méchanceté sont au cœur des relations entre les collaborateurs. Un jour ou l'autre tu peux te retrouver à la porte pour des raisons que tu ignores ou à cause des coups bas dont tu es victime. C'est en tenant compte de toutes ses éventualités qu'elle a décidé de rester sur ses gardes par précautions. Après tout elle avait épuisé sa durée de stage dans l'entreprise, la seule chose dont elle s'attendait c'était nul autre la fin de sa période d'essais. Elle se mettait à imaginer pas mal de choses dans sa tête mais avec tout en doutant de tout. Ses intuitions la jouaient continuellement des tours quoi qu'il en soit.
Hélas à sa grande stupéfaction il ne fût rien de tel. Toutes ses choses qu’elle s’imaginait ne se sont pas produites finalement et au contraire l'avantage a tourné en sa faveur plutôt. Autrement dit à peine sur les lieux de travail, elle constata que les employés lui jetaient du regard, on aurait dit qu'ils ressentaient du mépris on peut comme si elle avait fait quelque chose de mal, malgré son embarras et le stress qu'elle tremblait depuis la veille, elle continua son chemin, sans sourciller, ni tergiverser sans aucun affolement dans sa démarche lucide, elle s'en est allée rejoindre son bureau déposer ses affaires avant de monter voir la cheffe. En vérité ils étaient jaloux d'elle. Mais encore elle vît que ses condisciples stagiaires de la basse cours dans la hiérarchie étaient aux aguets étonnement, ils étaient à la pêche aux infos à son sujet. Aussitôt sa collaboratrice Sokhna Dioum, une thiessoise réputée pour son bavardage et sa curiosité démesurée qui l'interpella:
-Wa mais diankh gawé gnou depuis thi souba yow lagn donne xaar, patronne bi loumouy lay dooyé. Gneup yow lagni wakhtaané, tay mom yaay deff buzz (Dis donc jeune fille racontes nous depuis ce matin on t'attendait, la patronne te veut quoi au juste. Tout le monde ne parle que ça, aujourd'hui c'est toi qui fais le buzz)
Étant de nature très prudente elle préféra rester sur la défensive et répliqua:
-Sokhna tamitt yeksé gouma sax ngamay téro ak ay wakh. Bayil mou sedd. Louma thi diaakhal moy yen sax kann molen wakh ni degn ma convoqué? (Sokhna toi aussi je n'ai même pas encore pris le temps de m'annoncer et tu m'accueilles avec des dires. Laisse tomber. Ce qui m'étonne c'est qui vous a dit que je suis convoquée?
-Ay way (rire) hé dimbalima kat dara mounoufi réré. Mané gawégnou rek sonou nagn yewi gnou ((Rire) toi aussi rien ne passe inaperçu par ici. J'ai dit déballe vite).