~Chapitre 03~

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Après l'obtention du certificat de fin d'étude élémentaire (CFEE) ses parents décidèrent de l'amener en ville, à Dakar continuer ses études car jugeant de la précarité des conditions en milieu rural. Maïmouna rejoignit ainsi une de ses tantes, Sarata qui vivait dans la capitale avec son mari et ses enfants. Elle n'avait que quinze ans à l'époque mais se comportait comme une vraie femme déjà. Elle avait le sens du devoir, elle participait à l'entretien de sa nouvelle famille en s'acquittant de nombreuses tâches domestiques quotidiennement avant d'aller au collège. Elle était bien éduquée et très dynamique. Son leadership reposait tant sur son charisme que sur son dévouement au travail. C'était une personne qui était très réservée, peu bavarde mais très utile qui plus est très sociale.
Peu de temps après son arrivée, elle s'accommoda aussitôt à cette nouvelle donne. Très disciplinée elle marqua ses empreintes dans l'esprit de tous les membres des siens.
Habitant du quartier populaire Gueule Tapée 2 dans la commune de Sam-notaire elle étudiait au collège Joseph Félix Correa sis dans la même municipalité, dans le quartier Notaire Est.

Une fois de plus elle retrouva encore les rouages de la gloire. Elle ne s'est pas fait prier encore une fois pour manifester sa supériorité intellectuelle dans sa nouvelle école.

Ses résultats scolaires furent spectaculaires, ceux-ci reflétaient sa personnalité persévérante, efficace et brillante. Elle s'est toujours classée parmi les meilleurs élèves de l'établissement ce qui engendrait peu à peu de la jalousie de la part non seulement de ses camarades mais également de ses cousins chez qui elle séjournait. Ces derniers comme n'arrivaient pas à son niveau tentaient de temps à autre de la discréditer par tous les moyens possibles en dénonçant son âge un peu avancer pour une collégienne mais elle ne répliquait jamais face à ces provocations qu'elle jugeait insignifiantes de par sa sagesse et sa maturité.

L'histoire nous a enseigné par le passé l'importance d'accepter les individus tels qu'ils sont selon leurs spécificités, leurs origines raciales, culturelles ou religieuses. Certaines personnes sont plus endurantes que d'autres car au milieu du chao, elles réussissent à se frayer un chemin malgré les obstacles, elles bravent les dangers et parviennent quoi qu'il advienne à atteindre leur but en toute intégrité sans jamais faillir à leur mission. Maïmouna était l'une d'elles, elle était dévouée à une quête supérieure, une sorte de révélation qu'elle donnait vie, une mission qu'elle entendait mener à bien comme si sa survie en dépendait.

Par ailleurs en dépit de toutes les qualités qu'elle avait, sa personne faisait l'objet de critiques acerbes relatives à son caractère inoffensif qui donnait l'impression qu'elle était faible. Sa gentillesse la rendait vulnérable, car elle avait l'habitude d'accorder facilement sa confiance à ses semblables. La bonté dont elle faisait part était sans nul doute sa plus grande force. Insensible à la turpitude elle restait sereine et concentrée sur ses objectifs. Sa capacité de tolérance était hors du commun cela dit, les moqueries, les dénigrements et commérages des citadins n'avaient guère effet sur elle. Dotée d'une grande humilité, elle prenait son mal en patience et observait intelligemment les réalités qui régnaient en milieu urbain afin d'apprendre. Cet endroit ne lui était pas familier mais elle s'efforçait tant soit possible de s'adapter à son nouveau environnement.

Malgré qu'elle venait de la campagne Maïmouna avait des valeurs inaliénables qui faisaient d'elle le fer de lance, la battante venue de loin pour échapper aux griffes de l'ignorance et de la servitude. Son ambition était surtout de réussir dans les études afin de sortir de la pauvreté. Elle ne se lassait jamais de s'améliorer de jour en jour, ce qui forgeait sa personnalité encrée dans la vertu et la foi. Perfectionniste et modeste, son idéalisme laissait croire qu'elle vivait comme si elle n'avait pas droit à l'erreur.

Une année venait de passer elle était en classe supérieure. La réussite semblait être à sa portée car elle était très habile et talentueuse, elle venait à bout de tout ce qu'elle entreprenait. Sa motivation était inépuisable du fait qu'elle n'avait pas oublié là d'où elle venait, son vieux père et sa fervente battante de mère qui sans elle, elle n'aurait peut-être pas eut la chance de mettre les pieds à l'école quitte à déménager en ville poursuivre ses études.

Son tonton, le mari de sa tante, s'appelait Amadou Mbaye, était comptable pour une société de transfert d'argent en ville. Il vouait un grand respect et un profond estime pour elle et la défendait en toutes circonstances contre ses propres enfants lorsqu'ils se querellaient. Ce qui causait souvent des tentions au sein de la famille et des fois au sein du couple même.

Il y a des êtres qui naturellement sont dotés d'un immense pouvoir charismatique. Ils plaisent facilement aux gens de par leurs apparences, leur savoir-être, leur savoir-vivre. Quoi qu'ils advienne de leurs manquements l'on trouve toujours la nécessité de leur accorder notre confiance et notre affection. Aussi déraisonnable que paraît-il cela n'en est guère le cas. En tant qu'humain nous avons tous nos failles, nos faiblesses et nos vices mais plus encore nous avons la capacité discerner le vrai du faux, le bien du mal mais parfois on s'autorise le luxe du laisser-faire et du laisser-aller en âme et conscience. Tout cela voudrait dire que les personnes dont on ne peut s'en passer dans la vie en général ne sont pas aussi parfaites qu'elles laisseraient paraître mais seulement c'est notre façon de les percevoir qui font d'elles des êtres exceptionnels, des anges à nos yeux.

Paradoxalement il existe des individus dont leurs apparences restent à désirer et pourtant qui sont doués de valeurs sûres. Ils sont le plus souvent rabaissés et hués non pas pour ce qu'ils sont mais pour ce qu'ils représentent. Le système dans le quel nous évoluons est corrompu et souillé par des aléas, ces modes de pensées, qui glorifient les uns et endiguent les autres en se basant sur ces critères de perception de nature subjectif, qui s'adonne au jeu dangereux qui est de juger son prochain.
De toute évidence l'injustice est si répandue dans les sociétés qu'il serait utopique, voir abusé de prétendre à l'équité sur toutes ses formes mais chacun devrait apprendre à contrôler ses ressentiments vis-à-vis d'autrui afin de faire appel à la prudence et à la retenue.

Souffle de l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant