~Chapitre 10~

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Cela faisait six longues années que Maïmouna n'avait pas revu ses parents, ses frères. Ceux-ci lui manquaient cruellement. La communication était au point mort entre eux du fait de l'inexistence de réseaux téléphonique et d'Internet dans leur village. Elle les contactait que par courrier de la poste, en général c'était pour les envoyer de l'argent. Quand il s'agissait de biens elle se servait des voyageurs, les transporteurs de la région qui lui livraient ses colis à destination de son village moyennant un paiement. Cela étant dit, les coûts du service étaient exorbitant tout de même. L'endroit étant très reculé, les infrastructures routières poreuses et piètres, les convoyeurs ne manquaient point de motifs de se dédouaner de leurs durs labeurs.

Il faut comprendre qu'à cette époque la technologie n'était aussi développée qu'aujourd'hui. Très peu de gens disposait de cellulaire d'ailleurs. Les défis structurels de la zone étaient au dessus des moyens de l'état, il faut le reconnaître vu l'immensité du territoire d'autan plus qu'il existe d'autres urgences qui interpellent les politiques publiques telles que l'alphabétisation, la pauvreté, la précarité des services et structures sociaux de bases notamment les abris provisoires qui servent d'école et ce jusqu'à présent surtout dans la région de Kolda, les centres de santé sont souvent peu équipés et non approvisionner suffisamment en médicaments mis à part les anti-inflammatoires les antibiotiques en l'occurrence paracétamol, bactrim entre autres. Qui plus est la région de Kédougou est considérée par certains comme l'épicentre de ce fléau qui touche et hante tant de jeunes filles qu'est l'excision. C'est un phénomène terrifiant certes qui porte atteinte à la santé de reproductrice des femmes selon l'organisation mondiale de la santé (OMS) mais il faut savoir que cette pratique culturelle vise à restreindre les désirs charnels de la gente féminines car elle est le socle de l'équilibre d'une société.

Ainsi elle était décidée après le bac d'aller passer les vacances en campagne auprès de sa famille d'origine. Sa tante n'y voyait aucun inconvénient et d'ailleurs avait suggéré que ses cousins l'accompagnent comme ça ils auront connaissance de leurs racines mais ceux-ci semblaient réticent à l'idée de vaquer en brousse. Ils étaient trop habitués au confort, au luxe qu'ils avaient hérité. L'endroit leur paraissait hostile et ce malgré l'assurance de leur cousine qui tentait de les convaincre par tous les moyens. Mais finalement ils ont catégoriquement refusé de la suivre dans cette aventure prétextant qu'ils ne connaissaient personne là-bas qui plus est il y avait des moustiques, l'eau n'est pas bonne, illustrations n'y a pas d'électricité, que leur adaptation et leur intégration seraient très difficiles voire impossible.

En vérité ce qui les motivait à vouloir rester n'était pas la précarité des lieux mais plutôt c'est leur fierté démesurée qui les décourageait. Ce sentiment de supériorité dont ils se vantaient en l'absence de Maïmouna était la raison pour laquelle ils préféraient ne pas y aller. Au fond elle le savait, elle est plus intelligente qu'eux, elle avait deviné leur désaccord dès le départ. L'arrogance dont ils se servaient pour exprimer leur refus trahissait le fond de leurs regards, leurs pensées un peu hypocrites et mensongères.

Il faut reconnaître que c'est tout de même gênant de voir des gens que tu considères comme ta propre famille, tes proches manifester certaines attitudes déplaisantes et quelques peu discriminatoires à ton encontre. Elle s'est senti blessée dans son amour propre mais elle a fait comme si leurs excuses tenaient la route. Elle a joué le jeu juste pour sauver les apparences, elle a fait semblant de comprendre juste par respect à leurs parents.
En réalité ils n'ont pas entièrement tout à fait tort de refuser de partir dans ce coin reculé du pays. Depuis le bas âge leur parents auriaient dû les amener visiter ces lieux afin de les familiariser avec leurs ancêtres, hélas cela n'a pas été le cas. Sans doute c'est parce que leur père n'est du même village que leur mère, il est originaire de Kébémer dans la région de Louga.

Souffle de l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant