Ailes Mortelles

Prologue

J'entendis ses pas monter les escaliers jusqu'à sa chambre. La lumière du couloir qui filtrait sous ma porte disparut. L'attente me semblait interminable. Je serrais les dents en jetant un coup d'œil aux chiffres de mon réveil toutes les dix secondes. Jamais une simple minute ne m'avait paru s'écouler si lentement.

Lorsqu'enfin le cadran afficha vingt heures, je rejetai ma couette et me levai sans faire de bruit. Mon cœur commençait déjà à tambouriner dans ma poitrine et mon ventre faisait des nœuds. Je contemplai rapidement ma tenue dans le reflet que me renvoyait mon miroir sur pied. Jean souple noir, débardeur de la même couleur, et ce n'était pas la peine de prendre une veste, je n'allais de toute manière pas la retrouver. Je relevai mes longs cheveux sombres en une queue de cheval haute avant d'enfiler mes baskets. Un premier flash m'apparut alors, me figeant sur place.

Des nuages gris et épais, je pouvais voir l'éclat argenté les traverser. Ces nuages n'allaient plus cacher la pleine lune très longtemps.

Mon souffle s'accéléra. J'étais prête, je devais sortir d'ici au plus vite. Mes mains étaient parcourues de tremblements lorsque j'ouvris rapidement le battant de la fenêtre en faisant le moins de bruit possible. Je me glissai dans l'ouverture et la refermai derrière moi. Arrivée sur le petit toit, un vent frais m'entoura. Je m'avançai sur le rebord et jetai un regard circulaire. Les rues étaient vides et sombres, personne ne me verrait.

Je sautai et atterris avec souplesse trois mètres plus bas. Je parcourus le jardin en quelques enjambées et me mis à courir. Je devais absolument trouver un endroit désert où me cacher. Malheureusement pour moi, je ne savais ni où aller ni quelle direction prendre. Mon déménagement avait eu lieu trois jours auparavant, m'enlevant tous repères. Je savais juste que je devais me diriger vers les quartiers les plus pauvres en bordure de ville. Prendre le bon chemin était une autre histoire.

Une nouvelle image m'aveugla. Je trébuchai et fis plusieurs roulades le long de la route. Chaque choc du béton contre mon corps m'arracha des gémissements. Mais j'avais pu voir la vision qui s'était imposée à moi. Les nuages s'espaçaient, la lune allait arriver.

Je me relevai en hâte, refoulant la douleur. Je ne pouvais pas m'arrêter à cause de ça, je n'avais pas le droit. Je repris ma course folle. Mes pieds martelaient le bitume à une vitesse normalement impossible pour tout être humain. Les halos jaunâtres des lampadaires défilaient à toute allure sous mes yeux. Le vent me fouettait à présent les joues, faisant voler mes cheveux dans mon dos. Les rues autour de moi semblaient devenir de plus en plus sombres et inhabitées. De multiples tags et graffitis parcouraient les murs sans interruption.

Une ruelle entre deux immeubles qui tombaient en ruine attira mon attention. Je pourrais peut-être y trouver une cachette. J'effectuai un dérapage qui dut sûrement laisser une trace sur le béton avant de m'aventurer dans cette direction. Je courais toujours lorsque je vis le mur de brique d'au moins quatre mètres se dresser devant moi. Je freinai sec, mais le percutai malgré moi. Le choc se répercuta dans tout mon corps, heureusement l'effet se dissipa rapidement. Simplement étourdie, je m'apprêtais à sauter ce mur lorsqu'une autre image me coupa dans mon élan. La lune, pleine et argentée, elle était là.

Ses rayons lunaires me touchèrent, me faisant tomber à genoux. Je la sentis remuer et enfler en moi, prenant du terrain. Elle voulait sortir. La sueur perlait sur mon front, je me repliais sur moi-même. Je fermais les poings lorsque tout mon corps se mit à trembler. La première onde de douleur explosa dans mon dos. Je ravalai mon cri en serrant tellement fort les dents que je les entendis crisser. Tous mes muscles étaient tendus, mon cœur semblait battre contre mes tempes.

J'essayais de résister à son pouvoir, mais il était trop fort. Il m'envahissait peu à peu, elle allait sortir. Je n'avais jamais pu la contrôler. Des larmes de souffrance et de désespoir dévalèrent mes joues.

— Trop tard... résonna une voix dans ma tête.

La deuxième vague de douleur arriva. Cette fois-ci, mon cri m'échappa, me déchirant les cordes vocales, se répercutant dans la nuit d'encre. Mes os craquèrent, je gémis sans rien pouvoir faire. Ma tête se renversa en arrière lorsqu'elles se déployèrent. D'immenses ailes au plumage aussi noir que la nuit qui nous entourait jaillirent d'entre mes omoplates. Mon débardeur fut réduit en lambeaux, ne restant que ma brassière de sport. Mes yeux virèrent au noir et ma vision s'éclaircit. La Chose me repoussa alors au fond de ma tête, prenant entièrement le contrôle.

— Enfin un peu de liberté !

Sa voix était du même timbre que la mienne, mais plus grave, plus... arrogante.

J'étais maintenant réduite à une simple spectatrice dans mon propre corps. La Chose se releva et bougea ses ailes, ce qui fit voler les débris qui jonchaient la ruelle.

— Je t'en prie, si tu voles quelqu'un risque de te voir ! l'implorai-je au fond de mon esprit.

— Ce n'est pas mon problème ! rétorqua-t-elle.

La Chose fléchit les genoux et se propulsa dans les airs avec un saut de plusieurs mètres. Ses ailes se mirent à battre avec force tandis qu'elle prenait de la hauteur.

— Arrête !

Mais elle me repoussa complètement, me plongeant dans le noir. 

Saluuuut :D

Alors je fait juste une présentation rapide parce que je sais que c'est un peu chiant.

Pour ceux qui me connaissent déjà et qui avait déjà lu ma fiction précédente, je voulais prévenir que celle-ci est une totale réécriture. Beaucoup d'éléments ont changé, tout est un peu plus "mature", mais la trame principale est la même, donc PAS DE SPOIL dans les commentaires, merci :)

Pour ceux qui la découvrent, et bien bonne lecture et j'espère que l'histoire vous plaira ^^

Un chapitre sortira tous les mercredi et dimanche à 20 heures (je m'excuse d'avance pour les possibles retards que j'aurais)

Voilà, bisouus <3