« " L'enfer finira par vieillir, puis un jour par mourir " , c'est à ce moment que la vérité décida de naître...»
Recueil des Discours Historiques , extrait du quinzième.Les brindilles qui craquent sous mes pieds sont le seul indice qui me permet de savoir que des arbres m'entourent toujours. Cela fait de nombreuses heures que je marche sans vraiment savoir vers où, et mes cheveux blancs sont ma seule source de lumière.
Je longe la forêt, cachée par ses arbres. Je ne sais pas où cela va me mener. Je n'ai aucune idée de quoi faire.
Vivre autre part ? Mais ne vais-je pas m'ennuyer ? Et puis, je crois que je devrais me contenter de survivre et de fuir. Quel euphémisme de parler de vivre.
Un peu plus tôt, j'ai entendu de légers bruits de pas, dénonçant une évidente tentative de discrétion, dans la forêt. Je sais que ce sont des agents. Aucun des membres de notre si belle – et si faible – population n'oserait rôder à l'extérieur après le discours plus qu'explicite qui nous a été diffusé. Pourtant, je garde l'espoir de croiser quelques individus assez fous pour avoir eu le même idée que mon frère, ainsi je me sentirai moins seule, abandonnée.
L'idée de ne plus jamais croiser d'êtres humains, normaux, me vrille l'estomac dans un sentiment affreux. Un sentiment que je ne connaissais pas, qui se dévoile si soudainement, ce qui le rend bien plus complexe à accepter.
Il me pousse vers la folie.
Il me pousse vers la fatigue.
Il me dit : dors et tout ira mieux.
Je le repousse sans me mentir, consciente que j'aimerais voir quelqu'un s'exclamer que tout cela n'était qu'une vaste blague. Un semblant de raison surgirait alors, et je découvrirais que Zahr voulait juste me taquiner, sauf qu'il n'avait pas mesuré l'ampleur de son humour...
Mon avenir, empli de solitude, ne me répugne pas tant que ça mais l'incapacité à me trouver un objectif de vie me terrifie. Errer sans but, à la recherche d'un peu de mouvement dans une vie monotone. La seule action trépidente serait de quitter les brûmes du sommeil le matin pour gagner celles de la pollution ambiante... Tout cela ne me sied guère et je préfère que le gouvernement m'appréhende pour des raisons que je ne saurais sûrement jamais, plutôt que vivre de cette manière. Ainsi, mon existence sera juchée d'évènement un peu plus trépidants que ceux d'un nouveau né.
Mais à quel prix ? Si il me retrouve, je doute qu'il décide de me laisser tranquille, surtout avec les efforts monumentaux qu'il déploie. Il ne croira aucune de mes excuses et j'irais surement avec ces monstres nommés Sorcières malgré mon innocence. Enfin, je ne suis plus vraiment innocente.
J'ai arrêté de l'être quand le coeur de mon frère a arrêté de battre.
Ses yeux vident me reviennent, hantant mon esprit quelques brefs instants. Des instants suffisants pour que mes pieds soient immobilisés par l'incertitude qui déambule, trébuchant sur le peu de résolutions que j'ai su prendre ces dernieres heures.
Je secoue ma tête, fouettant mon visage avec mes cheveux emmelés. Ma divaguation m'a, encore une fois, fait perdre du temps, et mon instinct m'apprends que je devrais bientôt reprendre la course que j'avais délaissé. Mes cheveux et mon sac se mouvent dans le vent suivant son courant. Parfois, quelques cheveux décident de s'unir à des branches d'arbres que j'aurais voulu voir plus vite.
L'impression que les bruits s'estompent n'apparait pas et je m'aperçois que c'est l'inverse qui se produit. Bien essouflée et fatiguée par ma précédente épopée, je suis dans l'incapacité d'esquiver une rencontre avec ceux qui sont derrière moi. Je suffoque, mes muscles crient leur envie de repos. Je pose ma main sur un arbre et je courbe mon corps, ma tête se penchant en avant, pour trouver le souffle que j'ai perdu.
VOUS LISEZ
Lynaria ~ EN PAUSE ~
FantezieAn 5968, cela fait désormais six ans que la Communauté gouverne le petit pourcentage de la population mondiale, que le Grand Feu a épargné. Seulement, cette année, une Secte, armée d'immenses secrets dont les révélations pourraient bouleverser le q...