La Maison : Orphelinat, où vivent une soixantaine d'enfants. Il est composé de 5 niveaux, avec un rez-de-chaussé comprenant un salon, des cuisines et une grande salle à manger commune. Le premier étage est le lieu de vie de Nicolaï, celui qui s'occupe de tout. Le second étage concerne les filles, le troisième : les garçons, et le dernier étage, celui qui est interdit aux enfants, souvent appelé grenier, sert d'entrepôt, de bibliothèque et autres.Mes yeux s'ouvrent difficilement face à la lumière qui caresse mes pupilles et réchauffe mes joues. Un matin de plus où l'obscurité cède sa place à la lumière qui survit malgré tout.
Malgré toutes ces catastrophes, tous ces morts... elle ne nous quitte pas. Elle est là pour nous et chaque matin, elle nous encourage à nous lever et à continuer de vivre.
Une fois habituée à la luminosité résidante dans la petite pièce qui me sers de chambre, je lève les bras pour m'étirer et profiter du sommeil de ma colocataire, et meilleure amie, Lila, pour lui préparer une petite farce.
Sans prendre le temps d'observer le paysage de l'extérieur que je sais déjà caché par l'air bien trop pollué pour être clair, je prends la courte échelle pour descendre de mon lit superposé. Prenant toutes mes précautions pour ne faire aucun bruit, une latte de bois me résiste et se décide à craquer. Heureusement, j'ai affaire à la plus grande marmotte que je connaisse, car Lila n'a pas une seule réaction, ce qui aurait dû m'inquiéter davantage.
En marchant jusqu'à la salle de bain commune de cet étage de l'orphelinat je repasse quelques instants assez épiques que j'ai vécu avec Miss marmotte depuis que je la connais. Je me souviens que le jour de son arrivée dans l'établissement j'avais alors 7 ans, soit il y a 10 ans environ, on devait être en 5959 je crois, mon arrivée à moi et à mon frère datant de 5952. A ce moment, La Communauté Des Anciens n'était pas encore au pouvoir donc il n'y avait pas de mesures extrêmes qui avaient été prises, c'est pour ça qu'elle avait pu arriver en voiture. La dernière voiture que j'ai vu c'était sûrement celle-là d'ailleurs...
Elle était arrivée avec un visage neutre, ne dévoilant aucun sentiment, et malgré sa tenue fleurie et ses cheveux noirs en deux petits chignons brillants accompagnés de ses grands yeux noisettes qui la faisaient passer pour une enfant pleine de vie, elle ne souriait pas. Jamais. En même temps je pense que cela peut se comprendre, elle venait de perdre ses parents à cause du Grand Feu. Comment sourire quand on a plus personne avec qui partager sa joie ? C'est la question que la majorité d'entre nous se posent. Ou, en tout cas, se posaient parce qu'ici il n'y pas de place pour ce genre de déprime, nous devons tous nous soutenir et nous entraider quoiqu'il advienne. Malheureusement pour la petite Lila de 5 ans, c'était impossible d'oublier. Et ça je ne le supportais pas, elle rendait nos repas tristes à ne pas manger et à fondre en larmes. Et puis, à cet âge là je n'avais pas encore acquis la notion d'empathie... ni de patience d'ailleurs. Cela m'a conduite à une violente dispute avec elle alors qu'elle n'était arrivée que depuis deux semaines. Une violente dispute où j'étais la seule actrice, Lila adoptant le rôle de la figurante silencieuse.
Je m'en souviendrais toujours, c'est ce jour-là que mon animosité a éclaté, ou plutôt que notre amitié est née.
Je me souviendrais toujours de ce que je lui ai dis, de ces mots durs et froids que j'ai prononcé sans sourciller. Ils étaient tranchants de vérité. Une vérité que je connaissais en dépit de mon jeune âge, la vie d'une orpheline force le cerveau à évoluer plus vite que le corps et que le temps :
— Tu sais quoi Lila, je ne t'aime pas, tu pleures tout le temps parce que tes parents sont morts mais, il faut que tu saches une chose, ici il n'y a que des enfants qui ont perdu leurs parents. Il n'y a que des enfants qui sont tristes mais ce n'est pas pour autant que nous on se laisse abattre, parce qu'on est ensemble. Nous sommes une famille dans laquelle tu es entrée, et maintenant que tu en fais partie tu dois arrêter toutes ces larmes, parce que tu rappelles aux autres que eux aussi ont des raisons d'être tristes. Tu es triste c'est normal. Mais arrête de ne penser qu'à toi, parce que tous les jours que tu passes ici j'ai l'impression de respirer l'air extérieur puisque tu m'étouffes. Ouvres les yeux et vois les sourires quotidiens que ta nouvelle famille te fait, rends leurs ces sourires qui te sont donnés et ne les garde pas que pour toi. Sinon cela voudrait dire que tu ne serais qu'une égoiste égocentrique.
Oui, c'est sûr, je me souviendrais toujours de ces mots que je lui ai dit. Ils étaient durs mais sincères et surtout porteurs d'un message.
Quelques heures après lui avoir dit ces mots, elle était venue me voir dans ma chambre où, à l'époque j'habitais seule, et avait timidement toqué à la porte. Je crois qu'elle a eu la seule réaction à laquelle je ne m'attendais pas, elle m'a proposé d'aller jouer au loup dans la forêt. Quand elle me l'a dit j'ai d'abord rit, pas par moquerie mais juste parce que j'étais heureuse. Heureuse qu'elle décide finalement de changer et de devenir ma nouvelle sœur.
Et, alors que je pense au vent frais qui me soutenait quand nous jouions, je sens quelque chose d'autre de frais, courir de mon crâne jusqu'au sol.
Le verre d'eau que Lila vient de me verser sur la tête me sors brusquement de mes souvenirs. Une subite envie de meurtre passe dans mes pauvres synapses qui n'avaient pas envie d'être complices d'un meurtre, et je me retourne pour mieux contempler la fausse marmotte. Elle tente d'étouffer du mieux qu'elle peut son hilarité, mais je pense qu'avoir vu mon visage du matin avec des cheveux trempés, collés sur celui-ci ne l'aide pas, car elle explose laissant chanter son rire dans tout l'étage. Bien que je n'oublie pas mon idée de vengeance, je souris et pars dans un rire, qui se transforme vite en réveil pour l'ensemble de notre étage.
De petites bouilles passent les portes nous regardant avec des yeux ronds encore engourdis par le sommeil. En voyant cela, Lila pince ses lèvres pour faire moins de bruit mais rien à faire, nous rions de plus belle.
Mais c'était sans compter sur Nicolaï, notre seul parent, qui monte pour constater l'origine du bruit qui l'a visiblement réveillé lui aussi. Grâce aux horribles craquements que produit le bois des escaliers mais aussi à la lenteur incontestable de notre nonno (mot italien désignant un grand-père) tout le monde a le temps de retourner dans son lit pour se cacher sous les épaisses couvertures.
Malheureusement Lila et moi étant bien trop concentrées à imiter des poules, nous ne percevons pas le bruit des escaliers, c'est l'ombre qui nous cache la lumière extérieure qui nous informe de la présence de notre nonno.
Alors que les yeux de ma meilleure amie s'écarquillent laissant une lueur de peur passer dans son regard, je me redresse tout en me retournant doucement. Ainsi je me tiens à quelques centimètres de mon nonno, faisant face à un bloc de glace russe d'1,90 mètre qui nous montre, à son expression, que nos prochaines heures vont être longues... très longues. Malgré ses 63 années, Nicolaï a gardé son imposante carrure musclée, montrant à tous que certains stéréotypes sur les russes peuvent s'avérer vrais. Ses cheveux noirs tranchés par des mèches blanches ,qui s'agrandissent chaque jour, semblent n'avoir vieillit que de couleur, car ils ont gardé toute la brillance et la fougue de la jeunesse. Quelques rides, qui ornent son front et ses yeux ainsi que les coins de sa bouche, trahissent son âge et malgré l'apparence sévère qu'il tente d'exposer, c'est en fait une personne très tendre et vraiment attentionnée envers nous tous.
Sauf quand on le réveille, on a tous déjà vécu ça.
Quand nous avions eu l'audace de faire trop de bruit et de le réveiller il y a un peu plus d'un an, il nous avait forcés à nettoyer les quatre étages avec, pour unique outil de ménage, une serviette de table. Et, quand nous avons fini, nous avons, finalement, eu le droit de manger et d'aller aux toilettes.
Aujourd'hui nous appelons tous ce jour, « le jour du tyran ». C'est pour ça que, quand Li et moi constatons la ride de mécontentement s'installant entre ses deux sourcils, la peur ne s'installe pas juste dans notre regard mais dans tout notre corps. Alors que l'appréhension atteint son paroxysme, nous entendons quelqu'un taper à la porte.
Boum Boum Boum. Ce bruit résonne dans l'ensemble du bâtiment silencieux, calant son rythme sur celui de notre coeur.
Boum Boum Boum. Les murs tremblent, maintenant, plus que nos mains.
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J'espères que cette première partie de mon histoire vous aura plu ! Elle est plutôt courte puisque je voulais principalement introduire la protagoniste.
Sachez que les chapitres d'origines sont longs, c'est pour cela que je les ai partagés en quelques parties.
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Lynaria ~ EN PAUSE ~
FantasyAn 5968, cela fait désormais six ans que la Communauté gouverne le petit pourcentage de la population mondiale, que le Grand Feu a épargné. Seulement, cette année, une Secte, armée d'immenses secrets dont les révélations pourraient bouleverser le q...