𝙸𝙸𝙸 - 𝙱𝚛𝚞𝚖𝚎, 𝚌𝚛𝚒𝚖𝚎𝚜 𝚎𝚝 𝚏𝚛𝚘𝚒𝚍

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Une brume glaciale s'était répandue dans toute la chambre de Morrigane. Elle pouvait entendre les grognements des chiens de la Cavalerie d'Ombres et de Fumée, comme s'ils étaient à côté d'elle. Et pourtant, ils n'étaient pas là. « Ils sont cachés », pensa-t-elle.

-Ça faisait longtemps, jeune apprentie, lance alors Ezra Squall d'une voix douce.

-Qu... qu'est-ce que vous faites ici ? S'exclame Morrigane, essayant de ne pas paraître effrayée, même si au plus profond d'elle, elle était terrorisée.

-Allons, ne soyez pas si timide Mademoiselle Crow. Après tout, nous avons vécu beaucoup de choses tous les deux, non ?

La voix faussement calme et mesurée du Wundereur se répercuta entre les murs de la chambre. Morrigane se demandait si...

-Ça ne servirait à rien, réplique-t-il d'une voix suave.

Mais comment avait-il pu lire dans ses pensées... en effet, peut-être aurait-elle pu crier ? Peut-être que Jupiter aurait accouru pour la sauver ? Ou même Martha, Kedgeree, Charlie... qui que ce soit... Morrigane pourrait se prosterner devant n'importe qui ouvrirait cette porte et la sortirait de là. Malheureusement, aucun son ne sortit de sa bouche.


-Personne ne peut vous entendre, susurre Squall. Ce soir, vous êtes tout à moi, ajoute-t-il dans un sourire cruel.


Morrigane serrait tellement fort sa couverture, qu'elle pouvait sentir tout son corps souffrir le martyre à force de se tendre autant. Mais rien à faire. Comme une biche à l'affût d'un chasseur, la fillette était sur le qui-vive, prête à bondir hors de son lit, hurler à plein poumon, frapper de toutes ses forces sur la porte de sa chambre, et même sortir par sa fenêtre s'il le fallait.

-Je suis heureux de vous revoir, Mademoiselle Crow. Cependant, ce n'est pas pour mon plaisir personnel que je vous rends cette petite visite, vous vous en doutez bien. Voyez-vous, le temps presse, et il semblerait que vous ne l'ayez toujours pas saisie malgré mes signaux d'alertes.

-Je...

Morrigane dû s'humidier la bouche avant de reprendre la parole, tellement sa gorge était sèche.

-Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.

-Donc, vous n'avez réellement pas remarqué les petits indices que je vous ai laissé ? Votre mécène ne vous a-t-il donc pas amené sur le lieu des crimes ?

Le lieu des crimes...

-Qui avez-vous tuez ? Demande-t-elle, la voix éteinte, sourde.

-Oh, vous savez ! S'exclame-t-il en levant les yeux au ciel, l'air ennuyé et nonchalant. Quelques appâts qui normalement, auraient dû vous attirer, ou du moins vous mettre la puce à l'oreille.

-Squall, gronde Morrigane. Maintenant, arrêtez de tourner autour du pot, et dites-moi quel est votre plan.

Sa voix n'était plus du tout tremblante désormais. Mais déterminée. Déterminée à faire sortir ce démon de sa chambre.

-Mon plan ?

Sa voix n'était qu'un murmure. Un murmure terrifiant et annonciateur de chaos.

-Ce que je veux, chère Morrigane Crow, c'est vous. Je veux que vous vous joigniez à moi. Pour que je puisse enfin faire quelque chose de vous. Et si par la même occasion je pourrais faire tomber cette vermine de Jupiter Nord... ça ne sera pas du luxe.

Morrigane eut du mal à respirer tellement la peur prit soudain possession de son système respiratoire. Squall pencha sa tête sur le côté.

-Vous avez peur.

Morrigane ne répondit rien. De toute façon, elle n'y arriverait pas.

-C'est très bien, vraiment fantastique ! S'écrie-t-il, maintenant l'air dément. C'est exactement ce que je veux. Votre peur. Avec elle, je vais pouvoir accomplir de grandes choses ! Et ça sans même un effort. Tout ça grâce à vous, Mademoiselle Crow, rendez-vous compte !

La lumière s'alluma dans le cerveau de Morrigane. C'était lui. C'était lui qui avait tué les amis d'enfance de Jupiter, et son mécène. Il les avait tué. De sang-froid. Avec une cruauté inimaginable.

-Pourquoi... pourquoi est-ce que vous avez fait ça ? JUPITER NE MÉRITAIT PAS ÇA ! Hurle-t-elle, se levant d'un bond de son lit, les poings serrés, tremblante.

-Bien. C'est très bien, mon petit oisillon. Laisse donc ta colère te guider !

Ses paroles eurent au moins le don de la calmer instantanément. Il était hors de question qu'elle réagisse de la façon dont il le souhaitait.

-Pourquoi est-ce que vous avez tué ces pauvre gens ? Ils étaient innocents, Squall !

-Peut-être, dit-il en haussant les épaules, l'air indifférent. Je suppose que vous voulez que ça s'arrête ? Que je stop de faire souffrir votre insignifiant mécène, et par la même occasion, de tuer de pauvres gens innocents ?

-C'est tout ce que je veux, murmure-t-elle.

-Alors vous savez ce qu'il vous reste à faire, Mademoiselle Crow. Je serais là quand vous me demanderez. Mais ne tardez pas, ou je risque de m'impatienter. Ne faisons pas souffrir notre Capitaine pour aucune raison.

Et en un battement de cils, Ezra Squall venait de disparaître. Plus aucune fumée, de bruits étranges. Juste sa chambre. Les bruits habituels du Deucalion. Pompée de son énergie, Morrigane tituba à moitié jusqu'à son lit, et se recouvra de sa couverture, frigorifiée.

Elle ne ferma pas l'œil, cette nuit-là. Elle se demanda pendant des heures si Squall avait été sérieux. Mais après tout, c'était un homme qui s'était transformé en monstre, n'est-ce pas ?

Morrigane et l'appel du mal Où les histoires vivent. Découvrez maintenant