Morrigane s'était réveillée très tôt le lendemain matin. Ayant pleuré une grande partie de la nuit, elle n'avait pas vraiment dormi. Le Deucalion lui manquait terriblement. Elle avait été perdue ce matin en se réveillant seule, sans bruit, dans une chambre vide. Elle s'était tellement habituée ces dernières années à se réveiller avec de la vie autour d'elle. Les clients marchant dans les couloirs, le rire de Jupiter et Jack faisant encore des bêtises, ce qui rendait folle de rage Fen...Mais pas cette fois. Elle s'était réveillé dans une maison sale, silencieuse, sans vie. C'était un véritable crève-coeur. Mais ne voulant pas se laisser abattre, elle s'était très rapidement reprise en main. Après avoir pris une douche dans la salle de bain miteuse ( la douche avait au moins eu le mérite d'avoir de l'eau chaude ), elle était descendue prendre son petit-déjeuner. Après toutes les émotions de la veille, elle avait besoin de force, et elle était affamée.
Buvant d'une traite son jus d'orange, elle observait distraitement le paysage par la petite fenêtre poussiéreuse de la cuisine. Le soleil venait tout juste de se lever. Il y avait encore la rosé du matin sur l'herbe de la petite cour.
Morrigane soupira très fort. Elle était... maussade. Cette maison était déprimante, elle était loin des personnes qu'elle aimait, elle était terrorisée de ce qu'Ezra allait lui apprendre pendant leur petite leçon, et elle était toute seule.
Mais, il y avait au moins une chose sur quatre qu'elle pouvait arranger. Elle n'avait peut-être pas la possibilité de retourner à Nevermoor, mais elle pouvait néanmoins nettoyer cette maison. Et puis après tout, ce n'était pas comme si elle avait quelque chose d'autre à faire en attendant l'arrivée de Squall.
Avec une nouvelle énergie, Morrigane se leva rapidement de sa chaise, et nettoya de fond en comble cette maison. Elle ouvrit et nettoya d'abord toutes les fenêtres. Elle dépoussiéra et désinfecta absolument tous les meubles présents, et également tous les sols.
Il était deux heures de l'après-midi lorsque Morrigane termina son travail. La maison n'était toujours pas très accueillante, mais au moins, il y avait plus de lumière, et tout était propre. Il suffirait d'allumer la cheminée du salon pour rendre l'endroit plus chaleureux, mais elle doutait que Squall n'apprécie l'idée.
Elle ne dû pas attendre très longtemps avant d'avoir une réponse. Squall apparu de nul part au milieu du salon alors que Morrigane était confortablement installée dans le canap, feuilletant plusieurs livres qu'elle avait trouvés dans la petite bibliothèque.
Il l'observa quelques secondes, surpris, puis scruta de son regard perçant les alentours. Morrigane ne savait pas s'il était en colère, ou simplement amusé. Il était juste... calme. Extrêmement calme.
-Vous avez fait un peu de ménage, observe-t-il.
Morrginane hocha la tête, gênée, mais surtout terrifiée.
-Je vois que vous avez trouvé de quoi vous occuper pendant mon absence, dit-il d'un mouvement de tête vers le livre que Morrigane tenait.
-Ou...oui, murmure-t-elle.
-Bien ! S'exclame-t-il en frappant dans ses mains, ce qui la fit sursauter. Il est temps de passer à notre petite leçon.
Voyant que Morrigane ne réagissait pas, qu'elle restait bouche bée, Squall haussa un sourcil.
-Maintenant, ajoute-t-il, l'air agacé. Bougez-moi ce canapé de place. Le salon fera l'affaire pour notre première leçon.
Se levant sans rien dire, Morrigane usa de toutes ses forces pour pousser le canapé contre le mur, mais tribucha à plusieurs reprises. Squall levait les yeux au ciel approximativement toutes les trois secondes.
Une fois l'espace du salon libéré, sa première leçon commença.
-Il était temps, grommelle-t-il, visiblement énervé d'avoir patienté plus de cinq minutes. Bien, dit-il en commençant à se balader dans la pièce tel un loup autour de Morrigane. Cette leçon consiste à vous apprendre à faire bouger la matière. À utiliser votre Wunder pour manipuler les objets sans les toucher.
Surprise, Morrigane l'observa, hébété.
-Mais en quoi savoir faire bouger la matière pourrait me servir pour plus tard ?
-Oh, ne vous en faites pas pour ça, Mademoiselle Crow. Vous le saurez bien assez tôt.
Morrigane frissonna. Elle détestait lorsque Squall parlait comme ça, et avait ce visage. Mais, elle l'écouta, malgré tout trop curieuse à l'idée d'apprendre de nouvelles choses sur son mystérieux pouvoir.
Morrigane passa l'après-midi entière à invoquer encore et encore son Wunder. Squall la poussait dans ses limites et dans ses retranchements de Wundereur. Jamais elle n'aurait pu imaginer à quel point elle devait user de son énergie pour faire bouger d'à peine quelques centimètres un simple livre. Lorsque pour la énième fois de la journée, Morrigane s'écroula sur le canapé, à bout de forces, Squall perdit patiente et éclata dans une rage folle.
Il hurlait, et jurait à tout va. Sachant très bien qu'il ne pouvait pas lui faire de mal physiquement, et étant extrêmement nerveuse psychologiquement, Morrigane se laissa à rire l'espace d'une microseconde. Mais, c'était la microseconde de trop pour Squall. Elle arrêta de rire instantanément, regardant son visage déformé par la haine qu'il semblait avoir envers elle.
-Vous trouvez ça drôle, Mademoiselle Crow ? Demande-t-il, un sourire féroce aux lèvres.
Maintenant terrifiée, Morrigane se ratatina sur le canapé en secouant la tête énergiquement.
-Dites-moi, est-ce que vous voulez que j'appelle la Cavalerie pour vérifier qu'eux aussi trouvent la situation comique ?
Elle secoua la tête cette fois-ci avec l'énergie du désespoir. Squall la regardait avec un air de profond dégoût.
-Pauvre idiote, crache-t-il avec amertume. Vous gâchez votre potentiel. Vous êtes en plein milieu de quelque chose de tellement grand, et vous ne le remarquez même pas. Je vous laisse une seconde chance, étant donné que c'était votre première leçon, et que vous venez tout juste d'arriver. Mais croyez-moi, vous n'en aurez pas une deuxième. Reprenez-vous en mains, ou je vous jure que le vous le regretterez. Ne m'obligez pas à retourner à Nevermoor pour m'occuper de votre imbecile de mécène, est-ce que c'est clair ?
Tétanisée, Morrigane hocha simplement la tête. Squall observa quelques secondes tous les livres au sol.
-Et rangez-moi ce bazar, ajoute-t-il en disparaissant à nouveau.
Le silence écrasant était de retour. Même si elle n'aimait vraiment pas lorsque la maison était si calme, elle était rassurée de savoir Squall loin d'elle pour le moment. Il l'avait vidée de toute son énergie. Elle n'avait déjà pas dormi beaucoup cette nuit, mais il l'avait emmené au bout de ses limites.
Alors, épuisée, toute anchiulosée, Morrigane remit en ordre le salon, avant de tomber de fatigue sur le canapé. Emmitouflée sous une vieille couette qui traînait par là, elle s'endormit en pleurant, sans même avoir eu le temps de le remarquer.
Mais, ce que Morrigane ne savait pas, c'était qu'au Deucalion, Jupiter Nord, son mécène, n'était pas dans un meilleur état. Lorsque sa candidate l'avait abandonné dans le jardin, il était si choqué qu'elle ait pu utiliser son pouvoir contre lui qu'il était resté dehors plus de vingt minutes avant que Fen ne vienne enfin le chercher, inquiète de le voir dans un tel état. Il n'avait pas mangé, n'avait pas prévenu les Anciens, ni le Sowun, ni les amis de Morrigane, ni même Jack. Il était tout simplement parti se coucher. Mais, évidemment, il était resté éveillé toute la nuit.
Il c'était mis à la recherche de Morrigane dès l'aurore. Il s'était enfermé dans son bureau et n'avait parlé à personne de journée. Il ignorait complètement l'ordre qu'elle lui avait donné, mais pour être totalement honnête, Jupiter s'en fichait complètement. Il devait la retrouver. Il avait déjà perdu trop de personnes. Morrigane était celle de trop. Il ne vivra pas à nouveau tant qu'elle ne sera pas rentré saine et sauve à la maison. Quoiqu'il en coûtera, Jupiter la retrouvera. Quoiqu'il en coûtera, il ne l'abandonnera jamais.
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Morrigane et l'appel du mal
FanfictionMorrigane Crow n'était peut-être pas maudite, mais elle aurait tout aussi bien pu l'être. Alors que ses proches et ceux de son Mécène semblaient mourir un à un, il ne lui restait plus qu'une seule solution. Même si c'était la plus douloureuse et la...