𝙸𝚇 - 𝙿𝚞𝚕𝚕, 𝚜𝚘𝚏𝚊 𝚎𝚝 𝚏𝚛𝚊𝚒𝚜𝚎

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Lorsque Morrigane ouvrit les yeux, c'était le lendemain matin. Sa première leçon l'avait tellement épuisée qu'elle ne s'était pas réveillé de la nuit. Seulement, elle avait des courbatures absolument partout. Utiliser son pouvoir avec autant d'intensité éprouvait énormément son corps. Elle n'osait même pas imaginer dans quel état elle serait si un jour elle devait utiliser son pouvoir dans toute sa totalité. Elle en eut des frissons de terreur.

Il pleuvait lorsque Morrigane s'essaya sur la table de cuisine pour prendre son petit-déjeuner. Emmitouflée dans un gros pull noir qu'elle avait volé à son mécène ( c'était d'ailleurs le seul habit noir que Jupiter avait dans son armoire ), elle avait l'esprit perdu ailleurs, quelque part loin dans les champs entourant cette vieille maison. Il faisait si froid. Peut-être s'aventurera-t-elle à allumer un feu dans le salon.

Puis, Squall, très matinal comme à son habitude, apparut à ses côtés. Morrigane en laissa tomber sa pomme au sol, la bouche pleine.

-Vous n'avez pas fait correctement votre travail, Mademoiselle Crow.

Elle avala de travers, et manqua de s'étouffer.

-Mais de quoi est-ce que vous parlez encore ? Demande-t-elle, essayant de boire dans son chocolat chaud afin de calmer sa toux.

-Je pensais vous avoir très clairement ordonné d'empêcher notre cher Capitaine de partir à votre recherche. Mais voilà que cet imbécile retourne Nevermoor tout entier avec l'aide des Furtifs pour vous retrouver !

Il avait haussé la voix, l'air furieux. Morrigane était tellement surprise qu'elle avait la bouche grande ouverte. Alors comme ça, Jupiter était tout de même à sa recherche... même si elle était en colère qu'il ne l'ai pas écouté, elle était secrètement rassurée. Il la sauvera de cet endroit très bientôt. Et plus jamais elle ne le quittera.

Morrigane devait avoir l'air idiote dans cette tenue, du chocolat chaud partout autour de la bouche. Squall en souffla d'énervement, et ferma les yeux quelques secondes, avant de les rouvrir.

-Montez vous changer. Notre deuxième leçon commence dans dix minutes.

-Quoi ? Déjà ? Mais... il n'est que huit heures du matin !

-Je crois que vous n'avez pas très bien saisi la situation, Mademoiselle Crow. Vous n'êtes pas ici dans un club de vacances. Vous allez monter vous changer, et redescendre dans les dix minutes qui vont suivre. MAINTENANT, hurle-t-il.

Ne se faisant pas prier plus longtemps, Morrigane reposa son bol de chocolat chaud sur la table et courra à l'étage pour s'habiller et débarbouiller le visage. Heureusement, elle n'eut pas à déplacer à nouveau le canapé, étant donné qu'elle s'était endormie dessus la nuit dernière.

-Vous avez failli me faire attendre, réplique Squall en la voyant arriver dans la pièce.

-Il ne fallait pas choisir d'habiter une maison à deux étages si vous êtes si impatient que ça, vous savez, rétorque-t-elle.

Squall avait son sourire cruel aux lèvres.

-Oh, vous voulez jouer à la plus maligne ? Pas de problème, Mademoiselle Crow. Maintenant, en place. Hier n'était qu'un échauffement. Vous allez faire la même chose, mais cette fois-ci vous ne vous contenterait pas de bouger un pauvre livre. Je veux que vous bougiez ce canapé.

Alors que pendant plus de deux heures, Morrigane s'épuisa sans relâche et essaya par tous les moyens de bouger le sofa du salon, Jupiter était lui sur les routes de Nevermoor à la recherche de sa candidate. Quand le soir même il rentra sans aucune nouvelle piste, il était épuisé et affamé. Mais il n'avait ni envie de dormir, ni envie de manger. Jack, son neveu, l'attendait de pied ferme dans le hall de l'hôtel.

-Alors ? S'empresse-t-il de demander. Des nouvelles ?

Jupiter secoua la tête, l'air maussade. Jack était dérouté. Si ni les Furtifs, et ni son oncle ne pouvait trouver ne serait-ce qu'une piste pour retrouver Morrigane... cela voulait dire... cela voulait dire...

-Je t'interdis de penser à une chose pareille, John.

La voix de Jupiter était grondante de colère. Il regardait son neveu avec des éclairs dans les yeux. Jamais il ne l'avait appelé par son vrai prénom.

-Morrigane n'est pas... elle n'est... elle n'est pas mo... elle va bien. J'en suis certain. Je vais la retrouver. Je te le promets.

Il planta ses yeux océans dans ceux de Jack, les mains sur ses épaules.

-Tu me crois, pas vrai ? Lui demande-t-il, l'air suppliant. Pitié Jack, dis-moi que tu me crois. Je t'en prie. Sinon, si tu ne me crois pas, je... je ne sais pas si... je ne pourrais pas...

-Hé, Oncle Jove... arrête. Évidemment que je te crois. On va la retrouver. J'en suis sûr. Je te fais confiance pour ça.

Rassuré, Jupiter prit une grande respiration tremblante. Il avait été difficile pour lui de respirer correctement ces dernières semaines. Il emmena Jack avec lui dans la cuisine, et tous deux mangèrent maussadement dans les cuisines de l'hôtel.

-Tu te souviens quand Morrigane et moi on ne s'entendait pas du tout ? Demande soudainement Jack.

Sa voix résonnait un peu entre les plans de travail en inox. Un sourire amusé s'épanouissait sur les lèvres de Jupiter.

-Oh que oui.. vous vous disputiez sans arrêt ! C'était tellement fatiguant, ajoute-t-il en levant les yeux au ciel. J'avais presque l'impression d'être un adulte, tu te rend comptes ?

-Je dois t'avouer que c'était bizarre de te voir endosser un rôle autoritaire, oncle Jove. Normalement, c'est plutôt le rôle de Kedgeree ou de Fen !

-Hé ! S'exclame celui-ci. Je me suis quand même toujours très bien occupé de toi !

-Bien sûr que oui, répond Jack en levant les yeux au ciel, amusé. Mais tu dois quand même avouer que tu n'es pas... disons... le mieux placé pour parler de parent strict.

-Ouais, t'as peut-être raison, lui répond Jupiter pensif, la bouche pleine de gâteau à la fraise.

Et ils rigolèrent tous les deux durant un long moment en se remémorant tous les souvenirs passés avec Morrigane et eux, sans imaginer que plus loin, en pleine campagne, dans une vieille maison, une petite fille était étendue au sol, presque inconsciente et épuisée à force d'avoir utilisé son pouvoir si intensément.

Morrigane et l'appel du mal Où les histoires vivent. Découvrez maintenant