𝚅𝙸𝙸 - 𝙱𝚊𝚗𝚌, 𝚌𝚊𝚖𝚙𝚊𝚐𝚗𝚎 𝚎𝚝 𝚜𝚘𝚕𝚒𝚝𝚞𝚍𝚎

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Morrigane marchait depuis maintenant une heure. Elle avait pris le Pébroc Express ( ce qui n'était pas pratique avec son sac à dos ) et s'était promené du côté de la Vieille Ville. Elle ne savait pas vraiment où elle allait, ni quand Squall allait venir la retrouver. Mais elle s'en fichait. S'essayant sur un banc gelé d'un parc alentour, elle avait l'impression qu'on lui avait retiré son âme. Elle était... démunie, vide ?

Elle souffrait tellement, s'en était insupportable. En quittant Jupiter, assis sur le sol comme un moins que rien et criant son nom avec l'énergie du désespoir, elle avait senti quelque chose au fond d'elle se casser. Quelque chose d'irréparable. Jamais, même au plus profond d'elle-même, Morrigane aurait penser pouvoir laisser Jupiter, son unité et sa vie au Deucalion derrière elle. C'était si invraisemblable... et pourtant, elle était bel et bien seule et frigorifiée dans un parc où très peu de personnes, voir aucunes, ne se promenaient.

Qu'allait-elle devenir ? Elle n'avait même pas réfléchi à la question, mais qu'est-ce que Squall voulait concrètement faire d'elle ? Tout ce qui importait jusqu'à maintenant, c'était de protéger Jupiter et leurs proches, mais comme instrument entre les mains du plus cruel des monstres, qu'était-il capable de lui faire faire ?

Elle n'eut pas le temps de se poser plus de question. Squall, comme par magie, venait d'apparaître à ses côtés sur le banc. Il paraissait rayonnant. Et pour cette raison, Morrigane eut envie de lui sauter à la gorge. Ou de lui arracher son sourire complaisant.

-J'ai adoré votre petite prestation, Mademoiselle Crow. Pleine de tristesse, d'adieux déchirants...

Morrigane ne répondit pas à sa petite provocation. Elle n'allait pas lui accorder sa colère. C'était trop facile.

-Je suis très fier de vous.

Un sourire carnassier assombrissait son visage. Il faisait tellement peur... rien à voir avec la petite tête rouquine et pleine de lumière de Jupiter. Mais Morrigane se secoua la tête. Il fallait qu'elle arrête de penser à son mécène. Ça ne ferait que lui faire encore plus de mal, et ce n'était pas la peine d'en rajouter.

-Bien, soupire-t-il, faussement agacé. Puisque vous ne semblez pas vouloir parler, je pense qu'il est temps pour nous de partir, chère petite apprentie.

-Quoi ? S'exclame-t-elle. Dé... déjà ? Mais où ça ?

Au moins, ça avait eu le don de la faire réagir.

-C'est une surprise.

Squall siffla, et à peine une minute plus tard, Morrigane entendit des bruits de sabots frapper le sol. Un grondement intense qui se rapprochait dangereusement d'eux. Puis, elle arriva. La Cavalerie d'Ombres et de Fumée. Elle les attendait, tranquillement.

-Laissez mes Cavaliers et leurs montures vous emmenez quelque part, Mademoiselle Crow. Je vous promets qu'ils ne vous feront aucun mal.

-Vous m'avez déjà menti... grommelle-t-elle. 

-Oui, très certainement. Mais... pas cette fois-ci. Faite-moi confiance, enfin...

Une pointe d'ironie perçait dans sa voix. Elle eut encore une fois l'envie d'en finir avec lui. Mais ça aurait été idiot. Sa satanée Cavalerie d'Ombres et de Fumée était là, et il était bien plus fort qu'elle. Et même s'il ne pouvait pas être physiquement présent à Nevermoor, Morrigane savait très bien de quoi le Wundereur était capable. Ça n'en valait pas la peine.

Alors à la place de lui donner le plaisir de réagir à sang chaud, elle garda son calme, et attrapa d'air un dégoûté la main que l'un des Chevaliers lui offrit. Comme cette fois-là au Marché Noir.

Morrigane et l'appel du mal Où les histoires vivent. Découvrez maintenant