Chapitre 11

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J'ai l'impression que le temps s'étire à l'infini, et pourtant, Marc ne mets pas longtemps à me répondre. Il se fend d'un sourire réjoui qui remet mon cœur en marche et me rassure énormément. Et pourtant, j'attends encore qu'il veuille bien me répondre. Après tout, un sourire, ça ne veut rien dire. Mais le regard qu'il plonge dans le mien déborde de joie.

- Ce serait avec plaisir ! s'exclame-t-il. Il serait dommage de gâcher ce que le confinement a permis de créer, pas vrai ?

Je hoche la tête, incapable de répondre. Des papillons s'ébattent dans mon ventre tandis que nous échangeons un regard complice. Cette décision du gouvernement paraissait à la base me faire vivre un calvaire, mais il n'en est rien. Elle m'a permit de rencontrer mon voisin, et de me connecter avec ma famille plus que cela n'aurait été le cas autrement. Je pourrais presque en remercier nos dirigeants pour cela.

Marc ne dit rien de plus, et commence à gratter une nouvelle fois les cordes de sa guitare. Je le regarde faire, un instant, avant de me plonger dans ma lecture. La fin du confinement approche, et avec elle, de nouvelles possibilités s'offrent à moi. Je souris comme une idiote.

***

Tous les deux soirs, Pauline m'appelle. C'est une sorte de rituel parce que ma collègue est incapable de se passer de moi. Je souris toute seule en y pensant, avant de décrocher. Toujours pas de bébé en vu pour eux, mais je sais qu'ils finiront par y arriver. Sinon, à quoi cela sert-il d'espérer ? Avec une joie inhabituelle, la jeune femme ne me laisse même pas le temps de la saluer en décrochant :

- Alison, c'est juste génial ! s'exclame-t-elle.

- Quoi ? Que se passe-t-il ?

- Il se passe la chose la plus fantastique qui puisse arriver à un couple !

Mon cœur rate un battement alors que je l'entends sourire à l'autre bout du fil. Ma collègue n'a pas besoin d'en dire plus que j'ai compris ce qu'il se passe. Et cela me ravi pour elle. Comme quoi, l'espoir, ça marche. Je ne peux pas m'empêcher de lui demander si elle ne se moque pas de moi, juste au cas où, mais non.

- Je suis enceinte !

- Fantastique ! Félicitations ! Oh, je suis tellement heureuse pour toi !

Ma gorge se noue, et les larmes pourraient affluer. Cette femme a tant fait pour moi. Plus que quiconque, elle mérite le bonheur. Je l'entends renifler. Sous le coup de l'émotion, elle en pleure également. C'est ridicule. Deux femmes qui pleurent chacune de leur côté. Au moins, ce sont des larmes de joie. Elle éclate de rire, et mon cœur s'envole pour elle. Cette journée fantastique se finit de façon magistrale.

- Avec le confinement qui finit bientôt, je n'ai pas à angoisser pour l'accouchement, mais tu te rends compte ? Après tout ce temps à espérer, et à voir des spécialistes et à attendre, c'est enfin là ! Il y a une petite vie qui grandit en moi, et je ne compte pas la laisser m'échapper !

- Ah ça, je me doute que vous allez bien vous en occuper, tous les deux ! C'est une merveilleuse nouvelle, Pauline. Vous le méritez tellement.

- Merci. C'est grâce à toi ! Avec ta positivité et ton espoir à toute épreuve qui nous a empêché de lâcher l'affaire. Sans toi...

Je secoue la tête, oubliant un instant qu'elle ne peut pas me voir. Je la coupe avant qu'elle ne prononce une bêtise de plus :

- Arrête, je n'ai rien fait du tout ! Vous êtes les parents de cet enfant, pas moi ! En tout cas, félicitations Pauline, je suis heureuse pour toi.

- Merci.

Je suis certaine que nous sourions de concert, complices malgré la distance. Une nouvelle fois, ce confinement aura été bénéfique.

Le balcon d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant