Chapitre 12.2 : Et les âmes se refroidissent

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Priscilla

Et tout tremblait aux alentours. Avait-elle un vertige, ou bien le monde était-il effectivement en train de s'effondrer ?

Face aux vagues d'élèves ayant cédé à la panique, trois demeuraient encore immobiles : Gul, à terre, figée, à peine si l'on percevait le tremblement de ses bras, ainsi qu'Estelle et Priscilla qui la secouaient de plus en plus fort pour la faire bouger. Estelle s'apprêtait même à la claquer.

« GUL ! BOUGE BORDEL ! »

Priscilla, tout en hochant son amie, demeurait silencieuse, mais ses yeux trahissaient sa peur. Balayant le stade de ses yeux, elle voyait les professeurs se placer au centre du terrain, baguettes en l'air, marmonnant un charme de protection.

Mais jamais il ne serait prêt à temps. Les masses fantomatiques noirâtres se faisaient de plus en plus grosses. Le gradin des Gryffondors était alors presque vide, Priscilla ne savait plus comment faire réagir Gul. Peut-être fallait-il effectivement la claquer ? La survenue du professeur Arnac lui sortit cette idée de la tête ; c'était un vrai choc pour Priscilla, son professeur préféré avait perdu toute sa joie habituelle, et était plus blanc qu'une statue de marbre. Elle aurait juré qu'il allait les pousser du haut des gradins. « MAIS PRIPRI, QU'EST-CE QUE VOUS FAITES ?! PARTEZ TOUT DE SUITE ! »

Pripri, cette appellation hypocoristique lui réchauffa le cœur. Même dans les moments difficiles, ce professeur continue de nous témoigner de l'affection...

Fort heureusement, de sa ferme poigne, le professeur avait soulevé d'une main la Gul apeurée, et c'est en la traînant par ses deux bras qu'Estelle et Priscilla l'embarquèrent en direction du château, M.Arnac repartant, quant à lui, au front.

Comme elles courraient, elles haletaient. Il était presque midi, il y a quelques minutes le soleil éblouissait les spectateurs du match. A présent, c'était sous des nimbostratus noirs que les filles cherchaient refuge, leurs souffles laissant échapper comme de petits spectres blancs.

Les véritables spectres, eux, tournoyaient à présent autour du stade. Priscilla les voyait, ne pouvant s'empêcher de jeter des coups d'œil derrière elle. On entendait els détonations magiques, les professeurs bataillaient. Mais qui nous défendra, à l'intérieur ?

Ils arrivèrent dans le parc, où ils avaient rejoint une rangée fébrile d'élèves qui tentaient tant bien que mal de se frayer un passage dans l'enceinte bondée. Gul ayant quelque peu retrouvé ses esprits, Priscilla l'avait alors lâchée pour pouvoir, à l'aide de ses deux mains, tenter d'écarter quelques élèves pour circuler, mais la tâche demeurait compliquée. Estelle n'avait pas la même patience.

« ORDONNEZ-VOUS ! », hurla-t-elle tout en poussant un juron. Priscilla la comprenait ; ils étaient en première année, mais semblaient beaucoup plus logiques et rationnels que leurs aînés.

Deux préfets - un de Serdaigle, une de Gryffondor - tentaient se faire passer les élèves dans le meilleur des calmes, mais cela ne s'avéra être qu'une utopie. C'est presque compressé par les uns de devants et les uns de derrière que le trio parvint à pénétrer au sein des murs du château. Les tableaux accrochés aux murs, et même les fantômes ne comprenaient pas ce boucan.

« Cornegidouille ! s'écria Vladimir de Bourbon. Quel diablotin a donc secoué ces bélîtres imberbes ?! »

Il était à présent temps de se séparer. Les consignes étaient nettes et coulaient de source : il fallait impérativement regagner sa salle commune au plus vite. Priscilla avait sept paliers qui l'attendaient, et elle devait s'y mettre maintenant.

Six loubards à PoudlardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant