Chapitre 6 - Jisung

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La veille, Jisung avait rapidement rejoint Nabi dans les bras de Morphée et avait été le premier à se réveiller. Le soleil semblait déjà haut dans le ciel et, quand il se retourna pour regarder l’heure sur son téléphone, il découvrit avec surprise qu’il était déjà midi passé. Nabi dormait encore, toujours sa main dans la sienne, mais ils ne pouvaient pas rester ici indéfiniment. Il n’avait aucune idée d’à quelle heure ils devaient rendre la chambre mais le vieux monsieur devait sûrement avoir l’habitude des clients qui prenaient leur temps et partaient tard dans la journée.
Jisung se tourna alors face à elle, pensant à ce qu’ils feraient après. Elle voulait partir pour Incheon, mais partiraient-ils aujourd’hui ? Ils n’en auraient pas pour long, mais plus vite ils y étaient et mieux cela serait, pensa-t-il ; bien que le choix lui revienne à elle. Dans tous les cas, il avait cru comprendre qu’elle n’avait pas beaucoup d’argent sur elle puisqu’elle avait dû en retirer la veille. De plus, ni l’un ni l’autre n’avait de vêtements de rechange et il devait avouer que cela n’était pas pratique. Certes, une fugue se faisait souvent sur un coup de tête après avoir subi la chose ou la remarque de trop, ce qui n’entraînait aucune préparation, mais cela n’avait pas l’air d’être son cas. Si elle gardait tout son argent chez elle, avec elle et surtout près d’elle, cela signifiait qu’elle y avait peut-être déjà pensé depuis longtemps.

Il fut coupé de son fil de pensées par la main de Nabi se resserrant contre la sienne avant qu’il ne remarque ses yeux se plisser. La belle endormie à ses côtés se réveillait doucement, gémissant contre l’envie de se lever maintenant. Nabi lâcha sa main. Jisung la regardait se tourner sur le dos, observant ses grands membres s’étirer au-dessus de sa tête ou sous les draps. Elle ouvrit finalement les yeux, se retournant encore une fois face à lui pour lui sourire et reprendre sa main. Il eut un nouveau mouvement de recul et voulut, l’espace d’un instant, retirer sa main de la sienne. Mais ce simple geste semblait lui faire si plaisir, la rassurer ou encore la mettre à l’aise qu’il n’osa pas et lui rendit simplement son sourire.

Elle le considérait peut-être comme timide, mais il ne l’était pas tant, il était simplement calme et ne parlait qu’avec les personnes qu’il appréciait. Félix était très tactile, mais il n’y avait aucun problème entre eux. Et Jisung en venait presque à considérer Nabi comme son amie : ils voulaient tous les deux fuir un quotidien devenu invivable, et bien qu’ils ne se connaissent pas, ils semblaient en bonne entente, comme si une chose quelconque les liait.

_Il est déjà midi, l’informa-t-il.

Ses yeux s’ouvrirent subitement en grand et elle se redressa immédiatement avant de le regarder.

_Faut qu’on aille chez moi, dit-elle précipitamment. J’ai tout l’argent là-bas, et puis il faut que je prenne des affaires.
_Je ne peux pas rentrer au foyer pour ça…
_On va trouver une solution, lui dit Nabi en lui souriant tendrement. Mais il faut qu’on parte maintenant.

Sur ces mots, les deux compagnons se levèrent pour s’habiller de leurs uniformes, chacun de leur côté du lit, leurs dos respectifs en face à face. Une fois habillés et le peu de leurs affaires récupéré, ils partirent en direction de l’arrêt de bus.

_Pourquoi on n’a pas fait ça hier soir ? Demanda Jisung sur un ton un peu plaintif.
_Je n’étais pas sûre du prix de l’hôtel, alors je préférais être sûre qu’on dorme plutôt que d’arriver plus vite, expliqua la jeune fille.

Cela prenait son sens.
Bientôt, le bus arriva et ils montèrent en direction du quartier riche où vivait Nabi.

Le trajet fut plus long que Jisung ne s’y était attendu puisque bien trente-cinq minutes plus tard, ils s’arrêtèrent au seul arrêt de toute la rue. Nabi cacha ses longs cheveux dans la capuche du sweat qu’elle mettait toujours par-dessus son uniforme avant de sortir en saluant le chauffeur. Jisung, lui, sortit aussi silencieusement que d’habitude en suivant sa guide dans ces quartiers qu’il ne connaissait que de nom. Une allée épurée, de belles et grandes maisons ayant chacune leur petit jardin ; Jisung aurait adoré vivre dans ce genre d’endroits ; mais à voir comment Nabi se cachait, cela ne semblait pas être si parfait. Il y avait toujours un revers à la médaille, et Nabi était le plus bel exemple qui soit. Elle semblait avoir peur d’être ici, comme si des souvenirs qu’elle ne voulait plus refaisaient surface. Ce monde était ce qu’elle voulait fuir après tout.

Runaway || Han Jisung [Abandonné]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant