Runaway || Han Jisung [Abandonné]

Chapitre 7 - Nabi

Leur course se finit après avoir quitté le pâté de maisons toutes plus luxueuses les unes que les autres. Ils étaient à bout de souffle. Nabi sentait sa respiration se déplacer difficilement dans son corps mais ce n’était rien à côté de Jisung dont les mains reposaient sur ses joues en crachant l’entièreté de ses poumons. Ses joues étaient si rouges qu’elle avait peur qu’il clamse d’un moment à l’autre. Reprenant doucement son souffle, elle le redressa, ses mains sur ses épaules avant de plonger son regard dans le sien. Il n’avait vraiment en rien l’air bien et elle l’avait laissé porter le sac en plus de ça ; contrairement à elle, ça ne devait pas être un habitué de sport.

_Jisung, dit-elle une première fois sans recevoir de réponse.

Jisung respirait toujours aussi fort, toussant encore fréquemment. Nabi fit passer le sac par-dessus sa tête, le laissant tomber de ses épaules sur le sol avant de les saisir fermement. Elle l’appelait, mais il ne semblait pas réagir, son souffle se coinçant dans sa gorge. Elle avait vraiment peur qu’il ne s’en remette pas.

_Jisung !
_Ça va... dit-il doucement. Je- je n’ai juste pas l’habitude de courir comme ça, du tout…

Formuler une phrase avait paru si compliqué qu’elle était toujours inquiète. Tout le monde les regardait dans la rue, et ils n’avaient clairement pas besoin de ça. Nabi récupéra le sac sur son épaule et prit sa main. Ils devaient rejoindre Chan. Ils marchèrent jusqu’à un arrêt de bus et attendirent le prochain. Elle ne voulait plus le presser.

_Tu fais si peu de sport ? Demanda-t-elle tout de même curieuse.
_Je n’en fais pas du tout, j’avais toujours des problèmes là-bas, répondit-il le souffle maintenant régulier.

Il allait mieux, c’était tout ce qui importait, mais c’était toujours dur pour elle d’entendre ce genre de propos. Cela expliquait la maigreur de son corps. Jisung ne semblait pas être un gros mangeur, et maintenant qu’elle y pensait, ils n’avaient pas avalé grand-chose depuis hier. Ils mangeraient une fois chez Chan. Le bus arriva bientôt, ils montèrent pour payer leurs billets sous le regard étrange du conducteur. C’était elle qui portait un sac qui semblait aussi gros et lourd qu’il l’était en tenant initialement sa main. Cela pouvait attirer les regards et faire parler les gens. Ils prirent finalement place dans le fond du bus, Nabi avec le sac sur les genoux, Jisung à côté d’elle.

_On va où ? Demanda le garçon doucement, les yeux rivés sur ses mains.
_Voir un ami, dit-elle simplement, les yeux posés sur le paysage urbain qui défilait.

Jisung ne répondit rien. Nabi était penseuse. Elle était sûre qu’ils seraient en sécurité là-bas, et ils pourraient bien s’amuser avant de partir. Elle avait tant voulu revoir Chan depuis cette première et unique fois où elle avait fui sa maison. Elle était partie sur un coup de tête cette fois-ci, et il l’avait accueillie à bras ouverts avant de garder contact avec elle. Il l’avait beaucoup aidée depuis, et elle savait qu’il voudrait la voir autant qu’elle si elle partait pour une durée aussi indéterminée. Elle avait juste hâte de revoir ce garçon blond qu’elle considérait comme son meilleur ami.

Vingt bonnes minutes plus tard, elle tapota l’épaule de Jisung, lui faisant signe de sortir de ses pensées qui semblaient bien profondes pour se préparer à descendre. Il jeta un coup d’œil à l’extérieur et fronça les sourcils avant de la regarder avec un air incertain. Elle hocha simplement la tête pour lui dire que tout était OK. Il devait se dire qu’elle le traînait dans des endroits plus louches les uns que les autres. Et elle comprenait très bien. Les rues de l’autre côté de la fenêtre de bus couverte de traces de doigts étaient plutôt sombres, un peu sales et plutôt douteuses. Les personnes que Jisung avait pu voir ne semblaient pas lui inspirer confiance et il devait maintenant même douter d’elle. Mais Nabi savait ce qu’elle faisait et elle était sûre d’où elle les emmenait. Elle posa le sac sur les genoux de Jisung avant de se lever pour sortir du bus, Jisung rapidement sur ses talons. Elle salua le conducteur en sortant comme elle le faisait toujours quand elle prenait les transports en commun. C’était assez rare qu’elle les prenne et elle respectait les gens qui faisaient ce genre de métier.

_Tes amis habitent dans des endroits bizarres, fit remarquer Jisung qui serrait la lanière du sac.
_Tu es un de mes amis, répondit-elle simplement.

Elle avançait, sûre d’elle, en direction de cette ruelle dont elle avait un souvenir très précis. Elle n’était jamais revenue depuis cette fois-ci mais elle le savait juste. C’était ancré en elle comme un des plus beaux jours de sa vie. Longeant de grands bâtiments aux airs délabrés, aux murs sales laissant croire qu’ils n’étaient même plus habités depuis des années alors que beaucoup de gens logeaient encore dedans, ils passaient devant de nombreuses ruelles coincées entre des bâtiments, toutes plus douteuses les unes que les autres, laissant imaginer tout ce qu’il pouvait se passer dans ce genre de quartiers.

Un grand croisement se trouvait face à eux, et Nabi s’arrêta juste au bord du trottoir, regardant furtivement de chaque côté de la rue, vérifiant qu’ils n’aient pas tant attiré l’attention avec leur venue soudaine avant de prendre la main libre de Jisung et de tourner à droite, suivant le trottoir. C’était à ce fameux croisement que Chan l’avait trouvée quelques mois plus tôt, épuisée, en larmes et mourant de froid dans la nuit. Marchant toujours, les mêmes engouffrements entre les bâtiments se trouvant à leur droite, sauf qu’ils allaient entrer dans l’un d’eux cette fois-ci.

Alors qu’ils y arrivaient, Nabi accéléra sa marche avant de voir un homme blond marcher vers eux ; un énorme sourire s’étira sur son visage. Elle lâcha la main de Jisung qui ne dit rien avant de courir dans les bras de Chan en face d’elle. Elle était si heureuse de le revoir depuis tout ce temps. Le garçon l’attrapa rapidement avant de la serrer dans ses bras ; elle sentit enfin un soupçon de sécurité autour d’elle. Son cœur était comme gonflé de joie d’enfin revoir ce garçon avec qui elle avait gardé contact si longtemps.

_Alors c’est lui ? Demanda Chan en concluant ce long câlin de retrouvailles. Il m’a l’air un peu fébrile.

Nabi se retourna vers Jisung qui se noyait dans les vêtements de son frère. Il est vrai qu’il était plutôt gringalet et qu’il semblait sans défense, mais elle était persuadée que c’était lui qu’il lui fallait à ses cotés pour ce voyage.

_Oui, mais il est parfait, dit-elle en souriant.
_Si tu le dis.

Elle trouvait vraiment Jisung adorable. Il avait toujours cet air perdu dans les yeux et ses cheveux n’étaient jamais coiffés. Il ressemblait à un petit enfant à tenir la lanière du sac en la regardant avec de grands yeux comme s’il ne savait plus quoi faire sans elle. Cette sensation d’être tout pour quelqu’un la faisait se sentir entière, comme si elle retrouvait une moitié d’elle. Elle aimait bien Jisung pour ça. Nabi lui fit signe de la suivre quand Chan reprit sa marche vers son espèce de quartier général. Passant d’abord entre deux bâtiments, ils descendirent finalement des marches sur la gauche pour passer une porte à la peinture abîmée. Jisung ne semblait pas vraiment rassuré et restait collé aux talons de Nabi. Plusieurs personnes se trouvaient dans la grande pièce aux airs vieillots et à l’odeur de vieux livres et de poussière ; le ménage ne devait pas être leur priorité. Certains des amis de Chan jouaient entre eux à un jeu de société quand un autre était couché sur le plus grand des canapés en train de lire, une haute pile reposant derrière l’accoudoir où était posée sa tête. Un autre était sur son téléphone en face d’un sac de box rouge et abîmé, des coutures s’étant cassées avec le temps et les coups.

_Les gars, regardez qui est de passage ce soir ! Hurla Chan en attirant leur attention à tous.

Quand ils la virent enfin, de grands sourires apparurent sur leurs visages avant qu’ils ne saluent tous leur camarade d’une soirée. Nabi les reconnus tous malgré les mois qui les avaient séparés et les changements qu’ils avaient effectués sur leurs personnes. Ils restaient les mêmes personnes qui l’avaient aidée pour elle. Elle les salua alors, se posant avec eux et parlant de tout ce qui avait pu se passer depuis qu’elle était rentrée chez elle, laissant Jisung seul près de l’entrée.